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Amnistie - Les familles de Rachid Karamé et Milad Naddaf outrées Entre Geagea et la liberté, il ne reste plus que la publication de la loi au « JO »

Le chef de l’État, le président Émile Lahoud, a signé hier l’amnistie votée lundi par le Parlement, englobant le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea, détenu depuis 11 ans, et une trentaine d’islamistes soupçonnés d’attentats, a-t-on annoncé de source officielle. Le président Lahoud « a signé les deux lois qui lui sont parvenues aujourd’hui du Parlement, bien qu’il ait des remarques à leur sujet, car l’amnistie devrait, pour être juste et équitable, englober d’autres catégories similaires », précise un communiqué de la présidence. M. Lahoud a « exprimé l’espoir que le nouveau Parlement », issu des élections de mai-juin, « fixe dans un futur proche de nouvelles normes pour une loi d’amnistie globale et équilibrée », ajoute le communiqué. Les deux lois avaient auparavant été signées par le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. La loi est effective dès sa publication dans le Journal officiel, qui paraît habituellement le jeudi. Un numéro spécial pourrait cependant être publié avant cette date. Le Parlement avait voté lundi à main levée, à la majorité des députés présents, une loi amnistiant Samir Geagea, le seul chef de guerre à avoir été emprisonné, et une autre disculpant une trentaine de fondamentalistes sunnites détenus, originaires de Denniyé (Nord) et de Majdel Anjar (Est). Les premiers étaient accusés d’implication dans des heurts en 2000 à Denniyé avec l’armée – dont 12 membres ont été tués – et les seconds soupçonnés dans des attentats terroristes antioccidentaux déjoués en 2004. M. Geagea avait été arrêté en mars 1994 après avoir été soupçonné d’un attentat à l’explosif dans l’église Notre-Dame de la Délivrance, à Zouk Mikaël, qui avait fait onze morts. Innocenté de ce crime, qui a servi de prétexte pour lever l’amnistie sur les crimes passés, il a été condamné à quatre peines de mort, toutes commuées en prison à vie pour des crimes perpétrés pendant la guerre (1975-1990). Hoss : Un acte de « scélératesse caractérisée » Le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, a remercié MM. Mikati et Berry pour la loi d’amnistie. Le Parti démocrate de Talal Arslane, le parti Solidarité d’Émile Rahmé et M. Simon Karam ont fait de même. Toutefois, la plupart des réactions au vote de cette loi sont allées dans le sens de la condamnation. Exemplaire dans sa réaction hostile, l’ancien chef de gouvernement, Sélim Hoss, a qualifié la loi d’amnistie de « scélérate », mais a limité sa réaction au cas de M. Samir Geagea. « Ainsi, en toute simplicité, on fait comme si le jugement rendu n’a jamais existé et comme si le crime de l’assassinat de Rachid Karamé n’a pas eu lieu », a lancé M. Hoss dans une déclaration à la presse. « Si Samir Geagea est innocent, le Parlement peut voter une loi autorisant une révision de son procès afin qu’il puisse être innocenté. Mais l’innocenter d’un jugement rendu par le biais d’une loi est un acte de scélératesse caractérisée », a-t-il ajouté. « Dans notre système, la logique du bazar est plus forte que celle du droit et de la justice », a-t-il dit. La même réaction scandalisée a été enregistrée par les proches du Premier ministre assassiné, Rachid Karamé. Pour eux, la réconciliation « se fait au détriment du sang de la victime, au mépris des sentiments de ses proches, entre des parties étrangères à la cause et pour des intérêts politiques et électoraux (…) Samir Geagea est l’assassin de Rachid Karamé (…) et l’amnistie ne modifiera pas cette constante historique ». La famille de l’officier de l’armée Milad Naddaf, tué dans les affrontements de Denniyé (décembre 1999-janvier 2000), a annoncé son attachement à ses droits, comme partie civile, de poursuivre le procès engagé contre les auteurs de l’insurrection islamiste de Denniyé, dont certains des combattants, a-t-elle rappelé, s’étaient entraînés au Pakistan et dans les camps d’Oussama Ben Laden. La loi d’amnistie porte sur des événements antérieurs à la date de sa parution en 1991, mais les incidents de Denniyé datent de 2000, a-t-elle fait valoir. « Ce n’est pas ainsi que l’on récompense les héros de la patrie », a conclu un communiqué de la famille. On rappelle que la loi d’amnistie votée efface le caractère criminel de l’acte commis, mais l’acte reste dommageable et réparation est due à celui qui en a subi le préjudice. Pour le PSNS, « la loi d’amnistie, sans réouverture du procès, sans le pardon des proches de la victime, est assimilable à une justice sélective ». Et le parti de réclamer la formulation d’une nouvelle loi plus exhaustive qui assure « l’égalité de tous les Libanais devant la loi ».
Le chef de l’État, le président Émile Lahoud, a signé hier l’amnistie votée lundi par le Parlement, englobant le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea, détenu depuis 11 ans, et une trentaine d’islamistes soupçonnés d’attentats, a-t-on annoncé de source officielle.
Le président Lahoud « a signé les deux lois qui lui sont parvenues aujourd’hui du Parlement, bien...