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Actualités - ANALYSE

Analyse - Le « Londonistan », d’un ghetto urbain à une nébuleuse Internet

Les attentats de Londres vont accélérer la dématérialisation du « Londonistan », la nébuleuse islamiste concentrée dans la capitale britannique, et l’exode de la prédication radicale vers Internet, estiment des spécialistes. Les deux principaux courants du Londonistan, la mouvance jihadiste internationaliste et l’opposition en exil aux régimes arabes ou musulmans, ont dû s’adapter au renforcement de l’arsenal législatif antiterroriste et de la répression depuis les attentats du 11 septembre 2001. Dès les années 1990, les services britanniques « savaient parfaitement que Londres servait de plus en plus de base à des individus engagés dans la promotion, le financement et la préparation du terrorisme au Moyen-Orient et ailleurs », selon un rapport du prestigieux Royal Institute of International Affairs (Chatham House) rendu public hier. « Néanmoins, ces individus n’étaient pas considérés comme une menace pour la sécurité intérieure du Royaume-Uni et on les laissait donc poursuivre leurs activités avec une relative impunité », selon le texte. « Les activistes ont été très habiles à rester juste en deçà de la ligne de l’incitation à la violence », souligne le directeur du Centre d’études sur le terrorisme de l’université écossaise de St Andrews, Magnus Ranstorp. « Depuis que le Royaume-Uni s’en est pris à la mosquée de Finsbury Park, ils ont été repoussés vers des zones informelles, des groupes d’étude, des centres de jeunes », précise M. Ranstorp, en référence à une mosquée utilisée comme tribune par les salafistes jihadistes jusqu’en 2005. L’ex-imam borgne et manchot de Finsbury Park, Abou Hamza al-Masri, d’origine égyptienne, croupit dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en attendant son procès, prévu en janvier 2006, pour incitation à la haine raciale et au meurtre notamment. Une autre personnalité de cette mouvance, le Palestinien Abou Qatada, considéré comme le « chef spirituel » d’el-Qaëda en Europe, est assignée à résidence, après deux ans et demi de détention à Belmarsh. « Le peu de prédicateurs qui restent vont soit devoir adopter une attitude clandestine, soit prendre le risque d’être placés en résidence surveillée ou arrêtés », estime le chercheur français Dominique Thomas. Le Londonistan, né dans les années 1990 de la concentration dans la capitale britannique d’une place financière, des médias arabes et d’une législation très généreuse en terme de droit d’asile, « est plutôt en voie de disparition », explique Dominique Thomas. « On aura peut-être un Londonistan plus clandestin », poursuit-il. « Je pense qu’Internet est la seule solution. Il existe un certain nombre de sites qui sont gérés ou administrés depuis Londres. Avec Internet vous pouvez avoir des pavillons de complaisance, être hébergés en Thaïlande et parler depuis Londres de la mouvance salafiste algérienne », indique-t-il. Selon M. Ranstorp, « ils seront poussés de plus en plus dans la clandestinité et le cyberespace. » Certains idéologues ont pris quelques coups d’avance. Le Syrien Omar Bakri, fondateur du mouvement al-Mouhajiroun, a sabordé son organisation en octobre et prêche depuis dans des forums de discussion sur la Toile. Sélim SAHEB Ettaba/AFP

Les attentats de Londres vont accélérer la dématérialisation du « Londonistan », la nébuleuse islamiste concentrée dans la capitale britannique, et l’exode de la prédication radicale vers Internet, estiment des spécialistes.
Les deux principaux courants du Londonistan, la mouvance jihadiste internationaliste et l’opposition en exil aux régimes arabes ou musulmans, ont dû...