Rechercher
Rechercher

Actualités

Indonésie - Des analystes mettent en garde contre les obstacles qui restent à franchir Les Acehens veulent croire à la paix après 30 ans de conflit et le tsunami

Après trente ans de conflit et le tsunami de décembre dernier, les habitants de la province d’Aceh veulent croire à la paix promise par le gouvernement indonésien et la rébellion séparatiste. Mais au lendemain de l’accord de Helsinki marquant la volonté des deux parties de ramener la paix une fois pour toutes dans la province, des analystes ont mis en garde hier contre les obstacles qui restent à franchir d’ici à la signature définitive de l’accord prévue à la mi-aout. Et de leur côté, les Acehens supplient Djakarta comme les guérilleros du mouvement Aceh libre (GAM) de leur permettre d’oublier un conflit qui a fait 15 000 morts en trente ans et de reconstruire cette région du nord de Sumatra ravagée par le raz-de-marée de décembre, avec 131 000 morts au bas mot. « Les négociations ne doivent pas tourner à la foire d’empoigne politique. Ayez pitié des gens d’Aceh qui ont déjà tant souffert », déclare Jamal, un photographe de 23 ans. Sur le marché de Banda Aceh, la capitale rasée par les vagues il y a à peine six mois, on se prend à espérer que les violences et atrocités imputées aux deux camps vont cesser. « Il ne doit plus y avoir de meurtres, extorsions et enlèvements. Ils doivent être sérieux et appliquer l’accord », déclare Auzir Fahlevi. « Je ne connais rien à la politique. Qu’Aceh devienne indépendant ou continue à faire partie de l’Indonésie, ça m’est égal. Ce que je veux, c’est qu’on puisse vivre en paix et ne plus avoir peur », renchérit Udin, un vendeur. Mais si les analystes s’accordent pour penser que le double fléau de la guerre et du tsunami a fait pencher la balance en faveur de la paix, ils restent prudents. « C’est un succès dans le sens qu’on s’est mis d’accord pour résoudre le conflit par des moyens pacifiques, non par les armes et la violence », déclare Theo Sambuaga, président de la commission parlementaire de la Sécurité, de la Défense et et des Affaires étrangères. Rosita Noer, secrétaire générale de la commission indépendante sur Aceh, relativise la portée de l’entente conclue dimanche après des négociations à Helsinki. « C’est un progrès, mais pas si grand que ça », dit-elle. Elle souligne que la Constitution indonésienne doit être amendée pour permettre l’existence de partis propres à Aceh, une exigence clé des rebelles qui ont renoncé à l’indépendance mais veulent une large autonomie. Peu avant l’annonce de l’accord, le président Susilo Bambang Yudhoyono y avait exprimé son opposition. Hier, un législateur influent du second parti du Parlement, Permadi, avertit déjà que sa formation ne votera jamais cette concession. La conclusion de la paix devrait aussi entraîner la présence d’équipes étrangères, des observateurs de l’Union européenne et de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est, chargés de veiller au respect de l’accord. « Si tout va bien, nous serons prêts à envoyer des observateurs dès que l’accord sera signé », a déclaré Cristina Gallach, porte-parole du haut représentant pour la politique étrangère de l’UE, Javier Solana. Ce dernier devrait se rendre en Indonésie la semaine prochaine, a-t-elle ajouté. Mme Noer craint toutefois que l’armée indonésienne, bien qu’elle ait promis d’obéir au gouvernement, ait du mal à l’accepter. Des questions concernent également l’autre camp. Hasballah Saad, ancien ministre des Droits de l’homme et originaire de la province, estime que l’autorité des dirigeants du GAM, qui vivent en exil à l’étranger, est en jeu. « S’ils ne sont pas capables de contrôler leurs gens sur le terrain, ils vont perdre leur crédibilité pour de bon », dit-il. Une trêve signée en 2002 n’avait pas duré longtemps, les rebelles et les militaires s’accusant mutuellement de la violer. Il estime cependant que cette fois, les choses sont différentes. « Le tsunami venu après trois décennies de souffrances et de destruction a réveillé les consciences des deux côtés. Le moment est venu de penser à la paix », dit-il.

Après trente ans de conflit et le tsunami de décembre dernier, les habitants de la province d’Aceh veulent croire à la paix promise par le gouvernement indonésien et la rébellion séparatiste. Mais au lendemain de l’accord de Helsinki marquant la volonté des deux parties de ramener la paix une fois pour toutes dans la province, des analystes ont mis en garde hier contre les obstacles...