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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Festival In d’Avignon, 59e édition Déferlante flamande sur les planches de la cour d’honneur du Palais des Papes «L’histoire des larmes», de Yan Fabre (photo)

«You Made Me A Monster», de William Forsythe Donner des frissons aux spectateurs, c’est le pari que semble avoir tenu William Forsythe. Pari réussi avec You Made Me A Monster, la dernière mise en espace du chorégraphe américain présentée au Gymnase Vincent de Paul, sur l’Île Piot. Une installation habitée par le souvenir de la mort de sa femme… L’espace est ouvert, pas de gradins, pas de scène. Le public est invité à entrer dans cet espace tendu de toiles noires, occupé par des tables couvertes d’un enchevêtrement d’os... en carton. Ces constructions accrochées les unes aux autres ont aussi bien été exécutées par les spectateurs que par les trois danseurs-acteurs. Alors que chacun s’attele au pliage, qui d’un tibia, qui d’un cerveau, un texte défile en toile de fond. «My wife had been bleeding for quite a while...» (Ma femme saignait depuis un certain temps...). Emplissant l’espace, des gémissements, des cris, des plaintes se répercutent tout alentour. Comme une douleur qui s’amplifie, saisissant les spectateurs, qui, pour la plupart, arrêtent les pliages et accrochages. Trois danseurs-acteurs déploient alors leurs corps, circulant entre les tables. Les sons qu’ils émettent donnent le tempo à leurs gestes saccadés. Leurs corps se distordent au rythme d’un chagrin et d’une douleur allant crescendo... Le texte qui déroule son récit égrène les mots, avec une précision médicale, clinique. «Ses organes productifs furent enlevés. Elle entreprit une chimiothérapie et, peu après, commença à se courber…» Forsythe fait le parallèle entre le cancer, maladie qui gangrène aujourd’hui le corps humain, et la xénophobie, maladie qui s’attaque insidieusement à nos sociétés contemporaines. «La xénophobie est une crainte selon laquelle la semence de la destruction interne provient d’un corps étranger, un corps qui a pénétré votre propre territoire physique…» Avec cette manifestation de danse dans un espace public, William Forsythe essaye, explique-t-il dans un entretien réalisé par Gerald Sigmund, «de créer un contexte chorégraphique qui oblige les participants à se confronter à une idée qui change leur perception du corps en mouvement». Dans cette même interview, Forsythe estime que «les spectateurs s’attendent à un échange de sensualité et d’intellect. La question pour l’artiste est de savoir s’il ignore ou s’il se confronte à cette attente inhérente au théâtre depuis le siècle des Lumières». William Forsythe va à la rencontre de cette attente. Il invite le spectateur à vivre une expérience artistique forte, puisant dans son vécu, aussi douloureux soit-il, matière à réflexion et à partage.

«You Made Me A Monster», de William Forsythe

Donner des frissons aux spectateurs, c’est le pari que semble avoir tenu William Forsythe. Pari réussi avec You Made Me A Monster, la dernière mise en espace du chorégraphe américain présentée au Gymnase Vincent de Paul, sur l’Île Piot. Une installation habitée par le souvenir de la mort de sa femme…
L’espace est ouvert, pas de...