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Arrestation de pêcheurs, blocage de camions dans les deux sens aux frontières syriennes Damas durcit son blocus et l’élargit aux eaux territoriales

La guerre économique contre le Liban est bel et bien déclarée par son voisin syrien. Après un blocus de plus de trois semaines aux postes-frontières, qui a entraîné des pertes de plusieurs dizaines de millions de dollars dans les secteurs industriel et agricole, c’est au tour du secteur de la pêche de subir les conséquences de la crispation politique qui caractérise depuis plusieurs mois les relations libano-syriennes. Hier, les autorités syriennes ont arrêté cinq pêcheurs libanais qui avaient pénétré dans les eaux territoriales de la Syrie, selon une source sécuritaire libanaise. Mercredi, quatre pêcheurs avaient déjà été arrêtés dans les mêmes circonstances. « Il s’agit d’une première », affirme le syndicat des pêcheurs, qui indique que cela fait plus de 20 ans que les pêcheurs libanais et syriens se hasardent d’un côté comme de l’autre des eaux territoriales sans pour autant subir les foudres des autorités syriennes. Réagissant à l’arrestation de plusieurs de ses affiliés, le syndicat des pêcheurs du Liban-Nord a appelé à une grève « symbolique » lundi pour protester « contre cette nouvelle mesure non fraternelle ». « Il s’agit d’une mesure judiciaire. Les barques de pêcheurs qui ont été saisies n’avaient pas d’autorisation préalable. C’est une contravention », a de son côté déclaré le ministre syrien des Transports, Makram Obeid, au quotidien al-Baas. « L’affaire est portée devant un tribunal compétent qui prendra la décision adéquate. C’est une mesure judiciaire qui n’a pas d’autre portée », a-t-il ajouté. Le syndicat libanais réclame la libération « immédiate » des pêcheurs en invoquant le traité « de fraternité, de coordination et de coopération » ratifié en 1991 entre le Liban et la Syrie. Le caractère politique de cette crise, qui a achevé d’envenimer le climat entre les deux pays, n’est plus contestable. Alors que la Syrie a argué à plusieurs reprises de son souci de sécurité puis d’une réorganisation des douanes, de nouveaux développements survenus sur le terrain confirment qu’il s’agit indiscutablement d’une guerre économique et psychologique lancée contre le Liban. Outre le problème des pêcheurs arrêtés en Syrie, une preuve supplémentaire a été donnée hier par les syndicats agricoles qui affirment que plusieurs camions qui ont déchargé leurs marchandises dans les pays arabes sont bloqués depuis 24 heures à la frontière jordano-syrienne. « Une mesure d’autant plus injustifiée qu’elle n’a aucun caractère sécuritaire », affirme un responsable syndical. Des milliers d’emplois menacés Si la Syrie justifie par des raisons de sécurité le renforcement de ses contrôles routiers, le Libanais Nasri Khoury, secrétaire général du Conseil supérieur libano-syrien, évoque un climat politique malsain entre les deux pays. Sur place, les mesures draconiennes prises depuis trois semaines par les autorités syriennes aux principaux postes-frontières se sont renforcées, en dépit des accords existants ayant pour objectif de faciliter le déplacement des marchandises dans le cadre des « relations privilégiées entre les deux pays ». Hier, seuls dix camions ont pu traverser du côté syrien, un taux qui régresse chaque jour un peu plus. Selon le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, la valeur des marchandises transitant par la Syrie dépasse les 60 millions de dollars par mois. Devant la menace de milliers de licenciements et de faillites faute d’exportations, Nasri Khoury a été sollicité. « L’État libanais doit prendre une initiative quelconque afin d’insuffler une atmosphère de confiance (...) la poursuite des campagnes médiatiques antisyriennes a offensé l’opinion publique syrienne qui exerce une pression sur l’État syrien », a dit M. Khoury, justifiant curieusement l’attitude de Damas. Des sources américaines citées par le quotidien an-Nahar accusent « la Syrie d’imposer un blocus économique au Liban ». De son côté, le ministre des Travaux publics sortant, Adel Hamiyé, a contacté le Premier ministre Nagib Mikati pour lui proposer d’exempter les exportations à partir du port de Beyrouth et de Tripoli des taxes douanières afin de réduire les frais encourus par les exportateurs. M. Hamiyé a affirmé que M. Mikati a donné son accord. Le ministre a par ailleurs appelé la direction des deux ports à se réunir aujourd’hui pour prendre les mesures nécessaires à ce propos. Pour sa part, le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, a indiqué avoir pris contact avec le Premier ministre syrien, Naji al-Otari, depuis une semaine. Ce dernier a promis qu’« il fera de son mieux pour trouver une solution à ce problème ». « J’ai également pris contact à deux reprises avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui se trouve actuellement à Damas. Nous œuvrons ensemble à trouver une solution », a-t-il dit. « Nous comprenons parfaitement les obsessions sécuritaires des Syriens, mais je suis certain qu’il existe des mesures qui pourraient faciliter le mouvement des personnes et des marchandises », a ajouté le Premier ministre qui a espéré la levée des obstacles au plus tôt. Pour M. Siniora, la situation qui prévaut aux frontières « n’est pas à l’avantage des relations bilatérales et des intérêts des deux peuples ».
La guerre économique contre le Liban est bel et bien déclarée par son voisin syrien. Après un blocus de plus de trois semaines aux postes-frontières, qui a entraîné des pertes de plusieurs dizaines de millions de dollars dans les secteurs industriel et agricole, c’est au tour du secteur de la pêche de subir les conséquences de la crispation politique qui caractérise depuis plusieurs...