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Actualités - OPINION

Il y a 40 jours disparaissait Samir Kassir La force des mots

Quarante jours déjà. Quarante jours depuis que Samir Kassir nous a tragiquement quittés. Lorsque nous sommes frappés de la sorte par la fatalité, les mots ne sont qu’une source de réconfort minime. En effet, les mots, quoi qu’on dise, ne sauront et ne pourront jamais ramener l’être perdu, arraché aussi brusquement à la vie. Parfois, mieux vaut observer le silence. Tel n’est pas le cas de Samir Kassir. Seuls les mots sauront et pourront continuer à faire vibrer son âme ainsi que la nôtre. Car les mots étaient sa force et continuent de l’être malgré son absence qui se fait lourde. Le silence, c’est ce qu’il combattait et, de là où il est, c’est ce qu’il continue de combattre. Il a réussi, malgré tout, à briser ce silence tabou. Lever le voile sur la vérité, dénoncer ceux qui exercent des dictatures d’esprit, qui dénigrent les libertés de pensée et d’expression, qui condamnent la liberté de presse, qui réduisent les esprits libres au silence. Afin que d’autres ne soient, comme lui, réduits au silence. Dans ce cas, les mots sont l’unique moyen de consolation. Ses mots sont l’unique moyen de consolation. Pourtant, quarante jours plus tard, elle n’est toujours pas évidente à éprouver, cette consolation. Nous, étudiants, avons perdu un professeur dévoué et passionné. Il nous a séduits avec ses mots inquisiteurs, son style provoquant, son humour cynique, ses remarques qui nous poussaient, et nous poussent encore plus aujourd’hui, à donner le meilleur de nous-mêmes ; avec aussi sa personnalité captivante, tout ce qui fait que ses cours étaient naturellement des rendez-vous hebdomadaires à ne pas manquer. Il nous invitait à lire, à nous cultiver, nous communiquant sa fascination pour tel auteur, tel lieu, tel événement. Il nous incitait également à apprécier l’art arabe, que ce soit la musique, la poésie ou le cinéma. Nous avons également perdu un journaliste engagé, il était l’incarnation parfaite d’un rêve que caressent plus d’un étudiant dans mon entourage. C’est dans ce contexte qu’il associait les mots à l’action, ses mots qui dégageaient une efficacité certaine sur le terrain, encourageant les jeunes à revendiquer leur droit à la vie. Car quel plaisir y aurait-il à vivre si ce n’est librement ? Voilà où réside le secret de son succès. Il s’agit de cette empreinte de liberté et de véracité dont il dotait habilement ses mots, et dont nous sommes si avides. Les mots de Samir Kassir sont éternels et atemporels. Il nous enseigne par son propre vécu, que l’homme a, sinon le devoir du moins le droit de protéger et d’exercer sa liberté d’expression quel que soit le cadre spatio-temporel. C’est ce qu’il a souhaité nous léguer et c’est sûrement de cette manière qu’il aurait aimé que l’on perpétue son souvenir. On ne reconnaît l’œuvre du maître qu’après sa disparition. Il aura donc fallu que Samir Kassir soit lâchement assassiné pour que les Libanais en particulier, et les Arabes en général prennent conscience qu’ils ont perdu un fervent défenseur de leur liberté à tous points de vue, un passionné de la civilisation arabe, un penseur hors normes qui était un des leurs. Ce sont des hommes de ce calibre qu’il faut honorer et protéger, des hommes de culture, et non des incultes. Mais combien de Samir Kassir, et Dieu sait s’ils sont rares, devront tomber pour que le Liban et les peuples arabes obtiennent leur indépendance intellectuelle ? Nouchka BOUSTANY Étudiante en sciences politiques – USJ
Quarante jours déjà. Quarante jours depuis que Samir Kassir nous a tragiquement quittés. Lorsque nous sommes frappés de la sorte par la fatalité, les mots ne sont qu’une source de réconfort minime. En effet, les mots, quoi qu’on dise, ne sauront et ne pourront jamais ramener l’être perdu, arraché aussi brusquement à la vie. Parfois, mieux vaut observer le silence.
Tel n’est pas...