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Cérémonie - Le 14 juillet célébré hier à la Résidence des Pins Émié : Entre le Liban et la France, un « destin partagé » et des « relations fraternelles » (Photo)

La traditionnelle cérémonie du 14 juillet à la Résidence des Pins est chaque année l’occasion d’un rappel de l’ancienneté et de la solidité des relations entre le Liban et la France. Hier, cependant, ce rituel a revêtu une dimension plus grande encore, plus profonde. La raison en est évidente : la France a accompagné de très près le Liban au cours des six derniers mois, une période particulièrement mouvementée qui a apporté tant de drames et de bouleversements dans ce pays et qui a vu l’influence française y revenir en force. Prenant acte des nouvelles données, l’ambassadeur de France à Beyrouth, Bernard Émié, en poste depuis six mois, a souligné dans son discours que son pays ne s’est « jamais senti aussi proche du Liban » et qualifié les relations franco-libanaises de « fraternelles ». M. Émié a redit combien la France continuait à placer de l’espoir et de la confiance dans l’avenir du Liban. Il a appelé les Libanais à « relever les défis » qui se posent à eux, en dépit des difficultés. Et il a rendu un vibrant hommage au Liban « libre, souverain et indépendant ». Voici le texte intégral du discours prononcé par l’ambassadeur à l’occasion de la fête nationale française : « C’est un grand honneur pour mon épouse et pour moi, six mois après notre arrivée à Beyrouth, de réunir à la Résidence des Pins tant d’amis de la France au Liban, tant de personnalités qui, par leur action quotidienne, nourrissent cette relation pareille à nulle autre entre nos pays. « Je remercie toutes les éminentes personnalités libanaises qui nous honorent aujourd’hui de leur présence. C’est une immense joie de vous accueillir pour la première fois, afin de célébrer ensemble notre fête nationale. Cette fête nationale, commémoration de notre révolution, de notre accession à la pleine liberté, de cette adhésion aux valeurs de la République : la liberté, l’égalité et la fraternité. Ces valeurs, portées haut et fort, chers amis libanais, par votre engagement et votre détermination au cours de ce printemps. « Que de bouleversements au cours de ces six derniers mois ! « C’est bien une année majeure, une période charnière qui a marqué une accélération de l’histoire contemporaine de votre pays que nous avons vécue ensemble. Le Liban, dans le cadre d’une véritable renaissance, recouvre sa pleine indépendance et sa pleine souveraineté, libre de toute occupation étrangère. Au lendemain d’élections libres, un nouveau gouvernement va bientôt s’installer, produit d’un processus démocratique et autonome qui explique sans doute la longueur de sa formation. Mais réjouissons-nous de l’ardente obligation de la démocratie et des contraintes qu’elle impose. Soyons pleins d’espoir pour la vitalité, la force et la capacité du Liban à profiter pleinement de ces nouvelles données, quels que soient les obstacles devant lui. « Nous n’oublions pas la souffrance de ces derniers mois. Nous n’oublions pas qu’en ce 14 juillet, cinq mois jour pour jour après l’assassinat de Rafic Hariri, de Bassel Fleihane et de leurs compagnons, de nombreuses autres vies ont été menacées ou arrachées depuis le lâche attentat contre Marwan Hamadé en octobre 2004, jusqu’aux crimes contre Samir Kassir et Georges Haoui et, il y a quelques jours encore, cet indigne attentat contre Élias Murr. Nous n’oublions pas cette politique d’intimidation et de terreur qui vise à vous faire douter de vos capacités à vous gouverner vous-mêmes ; à vous faire plonger dans le questionnement que crée la pleine indépendance, mais aussi à vous fragiliser psychologiquement au moment où vous êtes, au contraire, sur la voie du redressement et de la pleine intégration dans votre région comme dans la mondialisation. « Et sur ce chemin, chers amis, la France, avec l’Union européenne, vous accompagnera. Une France qui continue à faire entendre fortement sa voix sur la scène internationale pour le respect de la justice, la lutte contre la pauvreté, la réduction de la dette des pays les plus pauvres. Pour lutter ensemble contre le terrorisme, partout avec la même détermination. De Londres à Beyrouth. De Madrid à Bagdad. « Une France qui, dans cette région du monde, en appelle à une paix juste, globale et durable. Qui veut que l’on avance dans le règlement de ce conflit israélo-palestinien, au-delà du retrait de Gaza qu’il faut bien sûr réussir. Conflit qui est au cœur des crises et des frustrations des peuples de la région. Une France qui souhaite que tout soit fait pour que le peuple irakien redevienne pleinement souverain et trouve en lui-même la force d’organiser et de gérer son pays. « Une France qui restera pleinement engagée dans cette région avec la puissance de l’Union européenne, quelles que soient les vicissitudes de l’adoption d’une nouvelle Constitution pour notre Union. Une France qui souhaite que le 10e anniversaire du lancement du processus euro-méditerranéen de Barcelone, en novembre prochain, se traduise par des avancées significatives en termes de solidarité et de destins liés et d’abord pour le Liban. » « Le printemps du peuple de Beyrouth » « Car c’est bien de destin partagé que je souhaite parler aujourd’hui. Plus que jamais, nous ressentons une relation fraternelle entre le Liban et la France. Un engagement pour votre liberté et votre souveraineté, un accompagnement de votre démarche. Une volonté de faire en sorte que cette transition démocratique, ce printemps du peuple de Beyrouth produisent des résultats positifs pour toute la population de ce pays. « Un Liban, dont nous ne nous sommes jamais sentis si proches, comme le rappelait Jacques Chirac, président de la République française, présent à Beyrouth le 16 février. Seul chef d’État occidental à venir alors s’incliner devant la mémoire de Rafic Hariri et la douleur de tous les Libanais. Il prononça cette phrase. Je le cite : “Je suis venu dire au peuple libanais combien, plus que jamais, je me sens solidaire de sa peine et de son destin”. « Fort de cette instruction, je m’efforcerai, avec toute mon équipe, de multiplier et de toujours développer les relations déjà denses et exceptionnelles entre nos pays, au plan politique avec la multiplication de nos échanges, au plan économique avec l’objectif d’être toujours davantage présents à mesure qu’une politique de réforme sera résolument engagée. Mais aussi au plan de la coopération, dans un pays qui est membre de l’Organisation internationale de la francophonie, qui organisa son premier sommet en terre arabe en 2002 et que nous souhaitons toujours davantage voir participer au sein de cette grande famille de pensée et de cœur. « Mes chers amis, malgré les difficultés, malgré le désenchantement de certains, malgré le sentiment que rien n’est possible, malgré peut-être la tentation du découragement pour d’autres, il vous faudra relever les défis qui s’ouvrent devant vous. Il vous faudra être forts et unis pour construire votre pays, pour le réformer, pour répondre aux aspirations exprimées par le peuple du Liban sur ces places de Beyrouth en ce printemps. Soyez solidaires pour mieux partager vos richesses, pour faire en sorte que personne ne soit laissé au bord du chemin d’une croissance retrouvée, pour que la nécessité d’assainir les finances de votre pays soit l’affaire de tous, pour que les mots de fraternité, d’équité prennent pleinement leur sens. Utilisez toutes les richesses de votre dialogue interne pour trouver vos propres réponses aux défis du Liban d’aujourd’hui. Dans cet espoir, à titre national, avec l’Union européenne et la communauté internationale, nous serons à vos côtés, si vous le souhaitez, si vous prenez les décisions les plus difficiles pour conduire ce pays sur le chemin de vraies réformes, de vrais changements, de vraies modifications des mentalités. « Dans cet effort de mobilisation générale et pacifique, la France sera comme toujours à vos côtés, avec la confiance qu’elle a en votre avenir, son estime pour la jeunesse et les forces vives de ce pays, sa conviction que le Liban de demain a tout pour réussir malgré les drames et les difficultés qu’il vient de traverser. « C’est sur ce message d’espoir que je voudrais conclure cette intervention, un message d’espoir pour ce Liban toujours plus cher à notre cœur. « Vive l’amitié franco-libanaise. « Vive le Liban libre, souverain et indépendant. « Vive la France. »
La traditionnelle cérémonie du 14 juillet à la Résidence des Pins est chaque année l’occasion d’un rappel de l’ancienneté et de la solidité des relations entre le Liban et la France. Hier, cependant, ce rituel a revêtu une dimension plus grande encore, plus profonde. La raison en est évidente : la France a accompagné de très près le Liban au cours des six derniers mois, une...