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Actualités - CHRONOLOGIE

MUSÉE Dubout, un dessinateur perdu dans la foule (photo)

Il avait immortalisé les hordes de touristes débarquant, tout dépenaillés, du petit train de Palavas-les-Flots (Hérault - France), à l’assaut de la plage. Pourtant, Albert Dubout a toujours fui cette foule qu’il adorait croquer. Pour le centenaire de la naissance du dessinateur (1905-1976), la station balnéaire, devenue par la grâce de ses dessins le symbole des vacances de masse et des congés payés, jette un éclairage intime sur ce clown solitaire dans le seul musée de France à lui être exclusivement dédié. « C’était un original né. Quelqu’un d’assez sauvage, retiré sur lui-même, qui ne vivait que pour son œuvre », témoigne son fils unique, Jean Dubout, retraité de la photographie, qui a prêté pour l’exposition des clichés personnels de l’artiste qu’on découvre, replié sur une immense table de travail en bois, sa fameuse pipe rafistolée près de lui. Dans les diverses demeures familiales qu’il occupa dans le Sud de la France, ce natif de Marseille, qui fit ses beaux-arts à Montpellier avant de s’installer à Paris, aimait, à l’image de sa signature d’artiste entièrement enveloppée d’un trait de plume, s’entourer de ronces et d’orties, dont il achetait les graines. Son fils n’a lui-même pas le droit de rester dans la maison l’après-midi, réservé à son inspiration. Seuls ses chats, source d’albums fameux, y sont tolérés. « Eux seuls avaient droit à un sapin de Noël, avec des souris en plastique », se rappelle-t-il. « Monsieur Anatole » Propriétaire après la guerre d’une baraque au cap d’Agde, le dessinateur n’hésite pas à la brader pour décamper lorsqu’un promoteur, croyant lui annoncer une bonne affaire, lui prédit la future explosion démographique du littoral héraultais. « Il avait peur de la foule. Mais il n’avait pas son pareil pour y déceler le moindre contraste, le petit détail grotesque que personne ne remarquait », confie son fils, gardant aussi l’image attendrie d’un «homme hors du commun» qui «cachait souvent sa timidité derrière des déguisements.» Besicles sur le nez et barbe postiche, ce petit homme frisé et basané, à l’accent du Midi, se grimait souvent chez lui en «Monsieur Anatole», son personnage fétiche si souvent dessiné, frêle godelureau toujours entiché d’une imposante mégère. Passionné des films de Charlot, dont il possédait toutes les copies, il avait aménagé son grenier en salle de projection, où il prenait plaisir à déambuler, à la manière d’un ouvreur, affublé d’un panier de friandises. Le musée de Palavas, inauguré en 1992 dans une petite tour douanière, révèle aussi des peintures méconnues du dessinateur, souvent consacrées aux scènes de corrida dans les arènes, dont le style pointilliste lui permet encore, mais d’une autre manière, de représenter la foule. Les vacances, la tauromachie, la photographie ou même le Kamasutra : son œuvre, riche de plusieurs milliers de dessins, reflète cette exubérance intérieure, qui se traduit, outre ses albums, dans les affiches des films de Pagnol, les couvertures des romans de San-Antonio ou des réclames publicitaires. Pour en montrer la portée à travers le temps, la famille de l’humoriste vient d’ouvrir un site Internet à sa mémoire (www.dubout.fr), avec le pari d’illustrer régulièrement par ses dessins les thèmes d’actualité.
Il avait immortalisé les hordes de touristes débarquant, tout dépenaillés, du petit train de Palavas-les-Flots (Hérault - France), à l’assaut de la plage. Pourtant, Albert Dubout a toujours fui cette foule qu’il adorait croquer.
Pour le centenaire de la naissance du dessinateur (1905-1976), la station balnéaire, devenue par la grâce de ses dessins le symbole des vacances de masse et...