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DISPARITION Claude Simon, un écrivain d’images, pilier du Nouveau roman (photos)

L’écrivain Claude Simon, prix Nobel de littérature 1985, est décédé il y a quelques jours à Paris à l’âge de 91 ans. L’un des représentants majeurs du Nouveau roman, Simon laisse une œuvre marquée par le travail de mémoire, fondée sur des «images». Le Premier ministre Dominique de Villepin l’a salué comme «l’héritier de Marcel Proust» qui «restera comme l’un des grands romanciers de la mémoire intime et collective». Les thèmes de la guerre, du désordre absolu des choses ou des souvenirs forment la trame de la vingtaine de romans écrits par l’auteur, né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar) d’un père militaire décédé en août 1914, et qui sera lui-même fait prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale. Son premier roman, Le Tricheur, écrit en 1941, paraît après la Libération. Il est suivi de La Corde raide (1947), Gulliver (1952) et Le Sacre du printemps (1954), puis de L’Herbe (1958). Avec La Route des Flandres (prix de la Nouvelle vague, 1960), l’écrivain devient l’une des principales figures du Nouveau roman, mouvement littéraire dont les membres – Alain Robbe-Grillet, Michel Butor... – furent appelés «les bricoleurs du roman», d’après une formule de Ionesco. En 1967, Histoire (prix Médicis), contrepoint entre réalité, mémoire et rêverie, lui apporte la notoriété. Ce roman forme avec La Route des Flandres et Palace (1962), qui a pour toile de fond la guerre d’Espagne, une trilogie où l’auteur travaille sur ses propres souvenirs. Après La Bataille de Pharsale et Les Corps conducteurs, qui mènent l’un en Grèce, l’autre à New York, Claude Simon retourne à l’histoire avec un imposant roman, Les Géorgiques (1981). À la fois épopée, poème et roman, il offre trois images de la guerre sur deux siècles par la superposition de trois personnages. Dans l’écriture, il ne s’éloignera pas de ses premières amours artistiques: la photographie et la peinture – il fut élève du cubiste André Lhote. «Je suis avant tout un visuel. Ce que je veux montrer, ce sont des images, beaucoup plus qu’autre chose», avouait-il dans une interview. Pour lui, un roman, « c’est la tentative de la description de tout ce qui peut se passer en un instant, en fait de souvenirs, d’images et d’associations, dans un esprit». Pour écrire un livre, il partait ainsi «d’images», comme dans Le Tramway (2001), où il évoquera ses années d’enfance et de vieillesse. L’académie du prix Nobel, en lui décernant son prix, avait apprécié son sens du visuel en saluant sa description de la condition humaine «avec la veine créatrice d’un poète et d’un peintre associée à une conscience profonde du temps». Outre son œuvre, ses engagements montreront bien son ancrage dans son temps. En 1936, attiré par ses sympathies pour les républicains espagnols, il se rend en Espagne en pleine guerre civile. Il est mobilisé en 1939 et sert dans un régiment de cavalerie. En 1940, il s’évade d’un camp de prisonniers en Saxe et gagne Salses, près de Perpignan, alors en zone libre, où il rejoint la Résistance. En 1983, il signe avec des artistes et des écrivains une lettre pour exprimer leur préoccupation au sujet de la course aux armements. En 1996, avec 81 autres lauréats de prix Nobel, il lance un appel pour «mettre fin» à l’exploitation sexuelle des enfants. «Personne n’est obligé de se taire. À condition de dire les choses d’une manière tant soit peu sensible, harmonieuse ou spirituelle. Dans le cas contraire, mieux vaut évidemment garder le silence», estimait-il. Claude Simon, qui a publié l’essentiel de son œuvre aux éditions de Minuit alors dirigées par l’emblématique Jérôme Lindon, sera édité prochainement dans la prestigieuse collection de La Pléiade, de Gallimard.

L’écrivain Claude Simon, prix Nobel de littérature 1985, est décédé il y a quelques jours à Paris à l’âge de 91 ans. L’un des représentants majeurs du Nouveau roman, Simon laisse une œuvre marquée par le travail de mémoire, fondée sur des «images».
Le Premier ministre Dominique de Villepin l’a salué comme «l’héritier de Marcel Proust» qui «restera comme l’un...