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« Nous n’aiderons les nouvelles autorités que si elles s’aident elles-mêmes », déclare le président français Chirac : « La nouvelle majorité parlementaire libanaise a un devoir de résultat »

Le président de la République française, Jacques Chirac, a lancé jeudi un message clair à l’adresse de la nouvelle majorité parlementaire libanaise. À partir de Gleneagles en Écosse, où se réunissait le G8, il a sommé les leaders de cette majorité d’engager rapidement le processus des réformes, excluant la possibilité qu’ils n’atteignent pas leurs objectifs, pour quelque raison que ce soit. « Ils ont un devoir de résultat. Nous les jugerons à leurs actions », a-t-il ajouté, tout en laissant espérer l’organisation d’une conférence internationale pour aider le Liban, une aide qui ne se concrétisera cependant que si les Libanais eux-mêmes assurent toutes « les conditions indispensables au succès ». Le président français a également souligné la nécessité de désarmer le Hezbollah pour une application intégrale de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. M. Chirac, qui a tenu ces propos, rendus public hier, lors d’un dîner qui l’a réuni jeudi soir aux autres chefs du G8, a d’abord voulu « dresser un premier bilan de la mise en œuvre de la résolution 1559 ». « Grâce à une mobilisation populaire sans précédent, relayée par une action internationale et régionale exemplaire, la Syrie a retiré ses troupes du Liban, ce qui a permis l’organisation d’élections législatives transparentes. Le peuple libanais, enfin, a pu s’exprimer librement », a-t-il déclaré. Mais il a tout de suite dépassé le cadre de l’application de la résolution onusienne pour commenter les développements politiques internes au Liban. « De fait, ces élections ont produit un véritable renouveau. Si le scrutin a confirmé l’urgence d’une réforme de la loi électorale, dont la mission d’observation de l’Union européenne a souligné les imperfections, le Liban n’en dispose pas moins aujourd’hui d’un Parlement représentatif de la plupart des sensibilités politiques », a-t-il ainsi déclaré, avant de poursuivre : « Désormais, l’ancienne opposition possède la majorité absolue. Ses dirigeants ont donc les moyens nécessaires, politiques et parlementaires, pour engager un programme urgent de réformes (…). Si les conditions indispensables au succès sont réunies, la communauté internationale fera écho à leurs demandes. Elle a accompagné le Liban dans son combat pour la liberté. Elle doit être à ses côtés, demain, sur la voie du renouveau. Pour arrêter les modalités de son concours, une conférence internationale est envisageable dans les délais raisonnables. » Et d’ajouter fermement : « Mais ne nous y trompons pas : il ne nous revient pas de prendre à la place du Liban les décisions qui s’imposent. Nous n’aiderons les nouvelles autorités que si elles s’aident elles-mêmes. Nous n’accompagnerons leurs réformes que si elles s’inscrivent dans un scénario crédible et raisonnable, conçu par les Libanais, mis en œuvre par des dirigeants pratiquant la bonne gouvernance et marquant leur volonté de lutter contre la corruption . » Les assassinats, des « actes odieux » M. Chirac s’est ensuite arrêté aux « comptes du passé » qui « n’ont pas été totalement apurés ». « La lumière n’est toujours pas faite sur l’assassinat de Rafic Hariri. Les commanditaires du meurtre ne sont toujours pas connus. Nous faisons confiance à la commission Mehlis pour mener à son terme l’enquête dont elle a été chargée. De même, la tentative d’assassinat contre Marwan Hamadé, et les meurtres de Samir Kassir et de Georges Haoui n’ont pas été élucidés », a-t-il expliqué, dénonçant des actes « odieux et dignes d’une époque qu’on croyait révolue », des actes qui « cherchent à intimider, à convaincre la population et ses gouvernants que leur intérêt est d’accepter un protecteur étranger ». Le président français a alors souligné le fait que la résolution 1559 n’a toujours pas été complètement mise en œuvre. « Des doutes subsistent quant au départ réel du Liban de tous les éléments syriens. C’est pourquoi l’équipe internationale chargée de la vérification du retrait reste opérationnelle. C’est pourquoi, également, la mission de M. Roed-Larsen est loin d’être terminée et doit se poursuivre », a-t-il dit, rappelant que « le Hezbollah n’a pas encore déposé les armes », bien que « la communauté internationale le demande dans la résolution 1559 qui doit être intégralement appliquée ». Et c’est dans ce cadre qu’il a proposé une vision d’avenir pour le Hezbollah et pour toute la communauté chiite, qui doit « participer entièrement à la vie politique, économique et sociale du pays », ce qui ne sera possible qu’« au terme d’un processus de dialogue entre les forces vives du Liban », un processus qui doit être immédiatement lancé, en prenant en compte « les besoins de développements économique et social du sud du pays ». Enfin, le président de la République française a abordé la question syrienne, une Syrie qui doit « s’ouvrir à son environnement régional et s’adapter aux évolutions en cours dans le monde », et qui devrait également établir « avec le Liban une relation égalitaire et respectueuse de sa souveraineté », et ce « dans l’intérêt des deux pays ». Il l’a en même temps invitée à « revenir dans le jeu normal des relations internationales », notamment en « cessant dès à présent d’apporter son soutien aux forces qui recherchent la déstabilisation du Liban comme de la région ». Appelant Damas à faire le choix de la démocratie et à ne pas « lasser » par sa « réticence » la communauté internationale, il lui a adressé une sorte d’ultimatum final. « Le temps presse », a-t-il solennellement dit, sans oublier cependant de souligner l’existence, pour la Syrie, « d’intérêts sécuritaires légitimes », rappelant ainsi « qu’une partie du territoire syrien reste occupée ». « Le règlement de paix entre Israël et ses voisins arabes concerne donc au premier chef la Syrie, et il lui revient d’y contribuer », a-t-il conclu.
Le président de la République française, Jacques Chirac, a lancé jeudi un message clair à l’adresse de la nouvelle majorité parlementaire libanaise. À partir de Gleneagles en Écosse, où se réunissait le G8, il a sommé les leaders de cette majorité d’engager rapidement le processus des réformes, excluant la possibilité qu’ils n’atteignent pas leurs objectifs, pour quelque...