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Actualités - interview

Interview - « Il est nécessaire de revitaliser les FL sur des bases démocratiques », souligne le député du Chouf Adwan explique la double dynamique de Geagea : un rapprochement avec Aoun, mais aussi avec Hariri et Joumblatt (Photo)

Le profil du médiateur convient parfaitement à Georges Adwan. L’ancien secrétaire général et membre fondateur des Forces libanaises (FL) et du Front libanais menait ainsi des missions (impossibles) de conciliation, durant les dernières années de la guerre, au sein de son camp politique – notamment entre Michel Aoun et Samir Geagea – lorsque ce dernier était en proie aux pires déchirements, sans faire de compromis sur l’essentiel. L’actuel député FL du Chouf, qui souhaite par-dessus tout que jamais ne reviennent les terribles expériences des combats fratricides, n’a pas changé, tout en se modernisant. Aussi déploie-t-il aujourd’hui tous ses efforts pour garantir les conditions objectives du vrai dialogue et de la vraie réconciliation à l’échelle nationale : avec les composantes druze, sunnite et chiite, dans le cadre d’un partenariat national, mais aussi au sein même de la communauté chrétienne, et tout particulièrement avec le Courant patriotique libre. « C’est l’essentiel. Nous avons œuvré trente ans durant, en tant que Résistance libanaise, pour l’indépendance du pays. Nous n’avons pu obtenir cette dernière que lorsque tous les Libanais se sont unis. Et nous ne pourrons jamais reconstruire le pays sans cette coopération », indique-t-il. Ce qui passe nécessairement, dit-il, par un « rééquilibrage sur le plan national », dans l’intérêt des différentes parties, pour l’établissement d’un vrai partenariat, loin de tout suivisme. Samir Geagea est totalement favorable à cette double dynamique de rapprochement menée actuellement par les FL, insiste-t-il. La première dynamique s’est traduite par l’alliance électorale au Chouf et au Metn-Sud avec Walid Joumblatt et au Liban-Nord avec Saad Hariri. La seconde a été initiée après les élections par les différentes rencontres entre le député de Deir el-Qamar et le général Aoun. M. Adwan insiste d’ailleurs sur la grande réceptivité et la conscience aiguë dont fait preuve Michel Aoun, un ami de longue date, en vue de coordonner entre les FL et le CPL. Une coordination qu’il juge capitale à l’heure actuelle, pour éviter surtout de reproduire toutes les erreurs du passé qui ont fini par catapulter le Liban dans les bras de la tutelle syrienne, et construire ensemble l’avenir. Dans ce même esprit de réconciliation et de rééquilibrage sur le plan national, le député souligne que Samir Geagea, avec qui il tient des réunions périodiques, insiste pour que Michel Aoun soit représenté au sein du nouveau cabinet, qui doit être d’union nationale. « Il ne faut pas que ce soit un cabinet de majorité. Nous avons besoin, dans cette période délicate, à toutes les échelles d’un gouvernement d’entente, avec un accord préalable entre toutes les parties. Sinon, il faudra dialoguer au sein du cabinet pour résoudre les différents problèmes qui se posent. La démocratie consensuelle doit prévaloir, sinon le Liban perdra son âme et l’une des parties se sentira lésée », dit-il. Et le député de mettre en exergue la nécessité de développer un véritable calendrier-programme dans le cadre de la déclaration ministérielle pour crédibiliser l’action du cabinet. Georges Adwan fait état de développements positifs, durant les dernières heures, dans les rapports entre Walid Joumblatt et Michel Aoun, qui possèdent selon lui une lecture des événements et des priorités différentes. Le député rend hommage aux efforts entrepris par Marwan Hamadé dans sa médiation de rapprochement entre les deux hommes. Il estime que MM. Joumblatt et Aoun ont tous les deux révisé leur position en faveur de l’option du cabinet d’union nationale, d’autant qu’il existe actuellement une « double opportunité unique pour le Liban ». « Pour la première fois, les Libanais sont libres de leur décision. Vont-ils prouver au monde qu’ils sont capables de se gouverner et que leur dynamisme peut être constructif sur le plan interne ? La question du Liban se repose dans des conditions favorables. Par ailleurs, le Liban est face à une crise énorme sur le plan économique et financier. Si nous sommes unis, nous obtiendrons de l’aide. Sinon, on nous laissera à notre sort », dit-il. M. Adwan confirme qu’il existe effectivement un climat au niveau des chancelleries « pour la formation du cabinet au plus vite, et tout retard serait défavorable pour le pays ». « Tout le monde souhaite l’existence d’un cabinet représentatif, qui soit un gouvernement d’entente nationale », indique le député, précisant que les conditions d’une crise autour de la présidence de la République ne sont pas réunies à l’heure où le climat général est à l’apaisement. « Geagea est toujours le même » Georges Adwan est rassurant concernant Samir Geagea, qu’il a revu tout récemment, au terme d’une coupure de douze ans. « Il est toujours le même. Ce temps lui a permis de remettre en question beaucoup de choses. Mais son pouvoir d’analyse est le même. Il voit la situation avec clarté. Il ressort mieux équipé pour faire face à la situation », indique-t-il. « Rien ne peut justifier le maintien de Samir Geagea en prison, et chaque heure supplémentaire qu’il passe en prison est une injustice inacceptable. Son incarcération était liée à la présence syrienne et à la volonté de Damas de ne jamais appliquer Taëf, contrairement aux FL. Quelques personnes ont voulu entraîner ce problème politique dans de petites considérations, mais ce n’est plus possible », dit-il, confirmant les tentatives d’exercer un chantage sur les FL via l’affaire Geagea. Selon lui, la libération du leader FL doit avoir lieu « dans les jours qui viennent, certainement en juillet », avec l’appui d’une vaste majorité parlementaire et des promesses du président de la République de signer la loi « immédiatement ». Dans la même optique de réconciliation, le député évoque le climat d’insécurité qui règne dans le pays, évoquant, outre les assassinats politiques, l’affaire de Dahr el-Aïn ou encore les tirs de joie lors de la réélection de Nabih Berry. Aussi appelle-t-il l’État à assumer la sécurité face à ce relâchement, à cette permissivité inadmissible sur le plan de la sécurité nationale. Il affirme ne pas comprendre comment des démarches n’ont pas été prises, une semaine après l’incident de Dahr el-Aïn, pour empêcher une répétition de ce genre d’événements, mettant en évidence les efforts déployés par les FL et Sleimane Frangié pour éviter les débordements. « Malgré le départ des Syriens, il y a un laisser-aller inacceptable. Il faut se réveiller et assumer ses responsabilités, quitte à demander des comptes aux responsables. Si de tels événements restent impunis, cela incitera les coupables à récidiver et les victimes à faire eux-mêmes leur propre justice », souligne-t-il. M. Adwan évoque également la distribution de faux tracts à caractère militaire au nom des FL pour tenter de créer des dissensions interchrétiennes et interlibanaises et, si possible, inter FL. « Le projet qui se cache derrière ces tracts est très grave, il faut en être conscient », met-il en garde. Après avoir défini ses priorités à venir, parmi lesquelles le retour définitif des déplacés, l’élaboration d’une loi électorale équitable et la nécessité d’enrayer l’émigration des jeunes, véritable fléau, Georges Adwan évoque enfin l’institutionnalisation des FL, avec l’entrée prochainement d’un ministre, Joe Sarkis, au gouvernement, et l’accession de six députés à la Chambre. Le député possède une véritable vision pour l’institution qu’il a contribué à créer en 1976, et met en évidence la nécessité de revitaliser le parti sur des bases démocratiques. C’est à un repositionnement moderne des FL qu’il aspire, dans le contexte national et sur la base d’un partenariat, pour propulser définitivement cette institution vers l’avenir. Michel HAJJI GEORGIOU
Le profil du médiateur convient parfaitement à Georges Adwan. L’ancien secrétaire général et membre fondateur des Forces libanaises (FL) et du Front libanais menait ainsi des missions (impossibles) de conciliation, durant les dernières années de la guerre, au sein de son camp politique – notamment entre Michel Aoun et Samir Geagea – lorsque ce dernier était en proie aux pires...