Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Eclairage - Rumeurs sur un scénario catastrophe évoquant un désistement de Siniora Un cabinet de réconciliation nationale au plus vite pour endiguer l’influence syrienne

On croyait la Syrie momentanément lasse de son aventure libanaise, enfin sur la touche depuis le 26 avril dernier, date du retrait officiel de ses troupes du pays du Cèdre. C’est peut-être mal connaître l’étouffant attachement, bien difficile à délier, que Damas a toujours eu pour le Liban, bien servi par des appuis locaux, et par des alliés motivés par des intérêts tantôt personnels et tantôt stratégiques. Et les complications qui se déroulent actuellement à la frontière nord du pays pourraient en être la preuve éclatante. Ainsi, certaines sources bien informées n’hésitent pas à évoquer une volonté syrienne de rentrer par la fenêtre après avoir été (é)conduite à la porte par l’intifada de l’indépendance et la 1559. L’instrument de cette « réinsertion » étant, selon ces théoriciens du pire scénario, l’incapacité du Premier ministre désigné Fouad Siniora, à nouveau sous pression syrienne, à former un cabinet d’unité nationale. En fait, le nœud gordien qui pourrait conduire M. Siniora à se désister, serait, selon la théorie, l’obstination inébranlable du Hezbollah, exprimée une fois de plus hier par le député Hussein Hajj Hassan et le mufti Kabalan, de garder pour lui le ministère des Affaires étrangères. Une condition peut-être légitime pour le Parti de Dieu, qui se sent menacé par la 1559, mais qui ne ferait probablement qu’envenimer la situation, dans la mesure où la nomination d’un hezbollahi au palais Bustros aurait pour conséquence directe une confrontation avec la communauté internationale qui précipiterait probablement le cours des événements et condamnerait peut-être le Hezbollah à la politique du pire. Ayant mis en échec la majorité parlementaire antisyrienne victorieuse aux élections, le Hezbollah permettrait ainsi à la Syrie de ramener une figure plus positive que celle de Siniora à son égard, en l’occurrence Nagib Mikati, à la tête d’un gouvernement formé de figures extraparlementaires. Ainsi avec le président de la République reconduit, Émile Lahoud, et le président de la Chambre réélu, Nabih Berry, le pouvoir libanais serait ainsi livré à l’influence de Damas. En anglais, on appellerait cela un worst case scenario (scénario catastrophe). Il ne fait aucun doute qu’il déboucherait sur une crise entre une majorité parlementaire écrasante hostile à la Syrie et ceux, notamment au sein d’Amal et du Hezbollah, qui pourraient appuyer la candidature de Mikati. Et, comble de l’absurde, même s’il a été nommé, fait totalement exceptionnel dans l’histoire du pays, par 126 députés sur 128, Fouad Siniora se retrouverait incapable de former un cabinet, alors même que Damas est hors du pays. Cela se déroulerait sous le regard de la communauté internationale, alors même que le président français Jacques Chirac a lancé hier un véritable rappel à l’ordre à toutes les parties libanaises, qui ont « désormais un devoir de résultat ». Mais les cauchemars ne sont pas fatalement voués à devenir réalité. Et la théorie n’est pas toujours facile à être mise en pratique. C’est pourquoi il est plus que jamais nécessaire d’adopter, dès aujourd’hui, une stratégie d’endiguement à l’encontre de l’influence persistante de Damas au Liban. Comment ? En resserrant les rangs pour former un cabinet de réconciliation nationale sur base d’un vrai partenariat légitimé par tous, et en coupant court à toute velléité syrienne, virtuelle, potentielle ou réelle, de se livrer à son ancien jeu favori : perforer le tissu social libanais. À cet égard, le réchauffement qui se poursuivait hier soir sur l’axe Rabieh-Koraytem-Moukhtara pour la formation d’un cabinet de réconciliation était positif. Émissaire du général Michel Aoun, le député Nabil Nicolas s’est entretenu hier avec le député Saad Hariri. Les deux hommes se sont entendus sur un accord de principe, qui doit encore être entériné et proclamé officiellement dans les 48 heures, pour que les ministères de la Justice et de l’Environnement soient confiés au CPL. Le bloc Aoun et alliés obtiendrait également, selon cet accord, deux autres ministères, l’un pour le parti Tachnag, et l’autre pour le bloc Skaff. En résumé, un accord sur ce qui constituait il y a quelques jours encore le différend entre Michel Aoun et le tandem Hariri-Joumblatt. La dynamique constructive serait consacrée, dans les prochains jours, par une série de visites à Rabieh de Fouad Siniora, Marwan Hamadé, Saad Hariri, et peut-être même Walid Joumblatt, qui pourra enfin avoir sa première explication en tête à tête avec Michel Aoun depuis le retour de ce dernier à Beyrouth. Il en était grand temps. Il reste à souhaiter que, pour résoudre le problème des Affaires étrangères, des symboles de sagesse, de droiture et d’intransigeance comme Fouad Boutros reprennent du service. Pour raison d’État. M.H.G.
On croyait la Syrie momentanément lasse de son aventure libanaise, enfin sur la touche depuis le 26 avril dernier, date du retrait officiel de ses troupes du pays du Cèdre. C’est peut-être mal connaître l’étouffant attachement, bien difficile à délier, que Damas a toujours eu pour le Liban, bien servi par des appuis locaux, et par des alliés motivés par des intérêts tantôt...