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Actualités - OPINION

Première levée des boucliers contre les méthodes courantes La notion de pouvoir parlementaire commence à prendre corps, place de l’Étoile

On a voulu imposer à la Chambre une session de pure formalité, uniquement consacrée à la formation des commissions parlementaires. Elle s’est insurgée, boycottant la séance, exigeant de légiférer sur plusieurs sujets, dont l’amnistie concernant Geagea ainsi que les détenus de Denniyé et de Majdel Anjar. Nombre de députés de la majorité relèvent que le Parlement doit garder l’initiative en se méfiant des crocs-en-jambe, comme le décret initial de la session extraordinaire, qu’on peut lui tendre, pour détourner son pouvoir au profit de certains pôles faisant partie d’un pool d’autorité déterminé, et de leurs partisans. En d’autres termes, ces députés ne veulent pas d’un potentiel retour à un système de troïka plus ou moins camouflé. Ils reprochent donc leur laxisme à certains de leurs collègues en affirmant que la victoire remportée lors des élections risque de tourner à la défaite politique. Pourquoi ? Parce qu’à leur avis, on est en train de perdre de vue la nécessité d’un vrai changement qui doit commencer, selon eux, par le dessus du panier, en faisant pression, par tous les moyens légaux imaginables, afin de porter le président de la République à partir. Or, toujours selon eux, un premier revers a été enregistré par la réélection du même président de la Chambre. Ce pilier d’une autorité de captation, qui a dénaturé le système politique, est en mesure de contrer s’il le veut (et il l’a déjà prouvé pour la loi électorale) les visées de la majorité parlementaire. Toujours selon les mêmes professionnels, le président de la Chambre fraîchement réélu s’est également rendu tacitement complice de la bévue commise à travers le décret initial convoquant une session extraordinaire. En effet, notent-ils, il était de son devoir de rappeler tout de suite à l’Exécutif que ce décret n’a tout simplement pas lieu d’être. Car le troisième alinéa de l’article 69 C (Constitution) édicte en toutes lettres qu’à « la démission du gouvernement, ou d’une situation assimilable, l’Assemblée se trouve de plein droit en session extraordinaire, jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement et son obtention d’un vote de confiance. » Les mêmes reprochent à l’intéressé son comportement ambivalent dans les tractations ministérielles. À leur sens, un président de la Chambre ne peut pas courir deux lièvres à la fois, et, plutôt que de lutter pour des intérêts communautaires déterminés, son seul souci devrait être de défendre l’institution nationale qu’il dirige. Or, précisent-ils, le président Nabih Berry n’a voulu agir qu’en chef du mouvement Amal. Il s’est solidarisé avec le Hezbollah pour exiger que le ministère des Affaires étrangères soit considéré comme une chasse gardée réservée à la communauté chiite. Ce qui constitue une infraction au pacte de Taëf, que Berry prétend sacraliser. Et qui précise que la parité entre chrétiens et musulmans dans les postes de première catégorie ne signifie pas qu’une fonction déterminée peut être dévolue à tout jamais à une même communauté, instaurant ainsi un système de rotation. Cela pour que l’on puisse, lors des mutations ou des nominations, mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, la compétence passant avant tout. Sur le plan ministériel actuel, ces députés appréhendent une réédition de la chausse-trappe Karamé. Ils n’oublient pas que, lors de sa dernière désignation, l’ancien président du Conseil avait soutenu qu’il ne formerait qu’un cabinet d’union. Alors qu’il savait parfaitement que l’opposition d’alors ne voulait pas s’impliquer dans le gouvernement et le système perverti qui existait encore à ce moment. Karamé a continué, selon eux, à faire semblant de courir après la formule qu’il proposait. Le but, largement atteint, étant de gaspiller le temps jusqu’à ce qu’on ne puisse plus adopter la loi électorale dite 1960, fondée sur le caza, et que l’on se rabatte sur la loi inique 2000. Or, aujourd’hui, relèvent les parlementaires, on entend de même soutenir que Fouad Siniora doit impérativement former un cabinet d’union nationale. Ils craignent que l’objectif final ne soit qu’à la fin, il se récuse. Pour ouvrir alors la voie à un gouvernement extraparlementaire, mettant donc hors-jeu le pouvoir politique parlementaire. Sans compter, soulignent-ils, qu’un tel gouvernement, sans assises ni autorités politiques, n’aurait au fond pour tâche que de gérer tranquillement le temps mort, jusqu’à l’expiration du mandat prorogé du président Lahoud. Laissant le pays, qui en a tant besoin, sans décisions, sans réformes et sans redressement économique. Tandis qu’un gouvernement parlementaire, issu de la majorité, pourrait procéder au changement requis, et démanteler les restes du système militaro-sécuritaire. Émile KHOURY

On a voulu imposer à la Chambre une session de pure formalité, uniquement consacrée à la formation des commissions parlementaires. Elle s’est insurgée, boycottant la séance, exigeant de légiférer sur plusieurs sujets, dont l’amnistie concernant Geagea ainsi que les détenus de Denniyé et de Majdel Anjar. Nombre de députés de la majorité relèvent que le Parlement doit garder...