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Actualités - CHRONOLOGIE

Cimaises - On lui connaît plus de 100 œuvres, mais on ne sait rien de lui À Cabestany, un centre dédié à un mystérieux sculpteur de l’époque romane (Photo)

Le centre de sculpture romane de Cabestany, dans la banlieue sud de Perpignan (France), récemment ouvert, propose les répliques d’une centaine d’œuvres réalisées au XIIe siècle par un artiste de génie qui a parsemé l’Espagne, la France et l’Italie de ses créations avant de disparaître en emportant son mystère. L’intérêt du centre est de pouvoir admirer, ensemble et de près, des répliques d’œuvres qui culminent normalement à 6 ou 9 mètres dans des constructions romanes et subissent l’assaut du temps et des pollutions. Les moulages en résine reproduisent à l’identique, y compris pour la texture et la couleur, les travaux originaux. «Le maître de Cabestany» est l’un des mystères de l’art médiéval: on lui connaît plus de 100 œuvres de la Navarre, en Espagne, à la Toscane, en Italie, en passant par les Catalogne et le Languedoc, mais on sait rien de lui. Ce mystère a démarré en 1930 à Cabestany: lors de la destruction d’un mur, l’abbé Maton sauve des gravats un tympan roman du XIIe siècle dont les caractéristiques intriguent immédiatement les érudits. La longueur des mains, dont la taille hiérarchise les protagonistes de l’histoire sainte, les visages particuliers, aux yeux proéminents et tirés vers les tempes, les thèmes favoris, Vierge, anges et lions, sont tous réunis dans le tympan: son créateur inconnu devient «le maître de Cabestany». On y décèle déjà une autre particularité: les frises sculptées se lisent de droite à gauche. Peu à peu émergent d’autres œuvres du maître sur le large arc «méditerranéen». Mais sans que l’on puisse déterminer un sens géographique ou artistique à ce «voyage». Les thèmes sont récurrents, les Vierges du maître souvent présentées dans une «mandorle», figure d’amande symbole de gloire spirituelle. Ainsi, le tympan marial de Cabestany illustre-t-il un «évangile apocryphe», l’envoi depuis le ciel de la ceinture de la Vierge à l’incrédule saint Thomas, comme preuve de l’Assomption. Un épisode dont des reliques étaient conservées à Prato, en Toscane, où l’on retrouve des œuvres du maître.... L’église Sainte-Marie-de-Rieux-Minervois doit-elle son architecture en rotonde au maître, devenu un temps architecte? Les spécialistes le pensent, d’autant que bien des sculptures sur les colonnes de pierre grise sont aussi de lui. Si le centre de sculpture romane de Cabestany ne répond pas à toutes les questions, il permet de les synthétiser en un seul lieu. Et entend prendre sa part des recherches sur le maître, menées jusqu’au Japon, où des thèses sont présentées sur cette œuvre si singulière de l’art médiéval. Un centre de ressources, qui doit être finalisé dès cet automne, permettra de réunir les documents disponibles sur le maître et son environnement artistique, historique et religieux. Ouverts aux spécialistes comme aux enfants des écoles, des ateliers permettront de se familiariser au modelage, pour mieux appréhender ce qu’était le travail de la pierre. Et des moulages pourront être touchés par les visiteurs, pour une sensation tactile plus complète. La plupart des répliques des œuvres du sculpteur sont désormais à Cabestany. Manque encore, notamment, une pièce qui se trouve au Metropolitan Museum, à New York. Le projet, monté dans le chai d’une ancienne cave vinicole, a demandé une collaboration financière de l’Europe (Intereg), de la région, du département et de la commune, pour un budget total de près de 2 millions d’euros. Et douze ans de travail.
Le centre de sculpture romane de Cabestany, dans la banlieue sud de Perpignan (France), récemment ouvert, propose les répliques d’une centaine d’œuvres réalisées au XIIe siècle par un artiste de génie qui a parsemé l’Espagne, la France et l’Italie de ses créations avant de disparaître en emportant son mystère.
L’intérêt du centre est de pouvoir admirer, ensemble et de...