Installation - Wyssem et Cécile Nochi aménagent leur univers au centre-ville Voyage au pays du luffa (Photo)

Luffa : «Liane d’Afrique ou d’Asie dont la pulpe desséchée est utilisée comme éponge végétale», comme le définit le dictionnaire. Il s’agit du traditionnel luffa, communément appelé «liffé», qui est la vedette incontestable de l’installation qui porte son nom et qui se tient à la galerie On-Off. Le logo de la galerie On-Off du couple Nochi est clair. Il s’agit d’un interrupteur qui, d’un simple geste, met en marche lumière et autres événements. Car c’est de cela, précisément, qu’il s’agit aujourd’hui pour inaugurer leur espace. D’une trentaine de créations de luminaires, avec pour tout matériau la luffa. « On-off » aussi, car « the show is on », le spectacle peut commencer, comme nous précisent nos deux hôtes, en nous invitant à entrer dans leur nouvelle salle d’exposition. Un spectacle baignant dans une lumière tamisée, où le luffa joue le rôle principal, à la fois inspirateur et acteur. En pénétrant les lieux qu’occupent Wyssem et Cécile Nochi depuis le 21 juin, la surprise et le plaisir sont grands. «Certaines personnes, des Libanais qui passent par là, croient que c’est une boutique qui vend des luffas!» Le luffa est bien là, sous toutes ses formes, et les plus beaux. Suspendu, accroché au mur, posé sur une table, sur le sol. Seul, en duo ou en groupe, amusant ou charmeur, chacune de ces compositions réussit à exprimer une personnalité qui lui est propre et à dégager une impression différente. La surprise est surtout très bonne. Il aura, en effet, fallu beaucoup d’imagination et de talent pour réussir à détourner le luffa ou «liffé», ce matériau très local et très populaire, généralement utilisé chez les Orientaux, et depuis la nuit des temps, pour le bain. Car il appartient à notre patrimoine culturel et affectif. Wyssem et Cécile en ont. À en revendre… Une déclinaison à l’infini Après avoir présenté une première œuvre, il y a plus de huit mois, une lampe exclusivement à base de luffa, et vu la réaction d’un public enthousiasmé, Cécile a eu envie d’encore plus. Les idées se bousculent, les possibilités sont infinies. Sous le label «c/wn_light_Luffa», cette collection de produits écologiques, faits main – «c’est un travail proche de la sculpture» – est donc constituée de trente pièces uniques. «Pour le moment, c’est moi qui les exécute, précise Cécile après les avoir imaginées. Je n’ai pas envie de me priver de ce plaisir. Mais quand la demande deviendra trop grande, je me ferai aider!» Aucune lampe, en effet, n’est la réplique exacte de l’autre. «Le luffa est à chaque fois différent, imprévisible; de même que la texture et la forme finale», précise Wyssem qui se qualifie également, dans ce projet, de designer et de directeur artistique. Où commence le travail de l’un, où finit celui de l’autre? «Nous sommes comme une équation», répond-il. Une belle équation qui a déposé ses marques dans cet espace conçu par eux deux, à la mesure de leurs ambitions. Dont celle d’exposer, dans un avenir proche, le travail des autres designers libanais. « Tous ceux qui ont quelque chose à dire doivent s’y mettre», pour arriver à former une collectivité de créateurs unis dans un même souci d’exporter le meilleur de leurs talents. Carla HENOUD * L’installation «c/wn_light _Luffa» va durer jusqu’au 21 août, du lundi au vendredi, de 11 heures à 19 heures. Petits repères Wyssem Nochi, qui a fait ses études à la Parsons School Design à New York et à la Architectural Association à Londres, est à la fois professeur à la LAU, architecte, consultant en design, designer et urbaniste. Il a créé de nombreux objets et meubles nés de sa réflexion et teintés de poésie et d’humour. Dont « D.N.A » et « Warmhole » présentés dans le cadre de « Switch on Lebanese Design » au dernier Salon du meuble à Paris. Son travail très remarqué a remporté de nombreux prix. Cécile Nochi, elle, a étudié à l’École des beaux-arts de Paris et à l’École supérieure d’art moderne. Elle a développé une gamme de meubles et d’objets pour la galerie Necker, a remporté le prix « Table rase » décerné par le Centre culturel français, pour sa chaise « C » et un prix du ministère de la Culture pour son « Hommage à Saint-Exupéry ».