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Actualités - CHRONOLOGIE

Gouvernement - Le Premier ministre désigné a rencontré Lahoud et Berry et s’apprête à voir Joumblatt et Nasrallah Fouad Siniora invite toutes les parties à faire preuve de coopération

Dans l’attente d’un assouplissement des positions des uns et des autres, le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, a continué à faire du surplace, hier, les difficultés qu’il rencontre à former un nouveau gouvernement étant inversement proportionnelles à la facilité avec laquelle il a obtenu la confiance de la Chambre. Pour la première fois depuis sa désignation, M. Siniora a rencontré hier le chef de l’État, le général Émile Lahoud, cinquante minutes durant. Comme on s’y attendait, aucun progrès substantiel n’est intervenu à l’issue de cette rencontre qui a quand même permis aux deux hommes de mesurer le chemin qui reste à parcourir, pour rapprocher les points de vue contradictoires des uns et des autres, dans le cadre d’une formule de compromis. À l’issue de la réunion, M. Siniora a redit ce qui, selon lui, constitue la priorité des priorités : une réforme des institutions, qui rendrait le Liban éligible à un surcroît d’aide internationale. Dans les milieux proches de Baabda, on ne trouvait pas de trop que M. Siniora ait rencontré le président Lahoud, une semaine après sa désignation, sans qu’il ait pris la peine d’appeler le chef de l’État au téléphone, pour lui faire part de ses démarches et contacts. Toutefois, en quittant Baabda, M. Siniora s’est voulu rassurant et n’a rien laissé paraître d’une possible crise dans les rapports entre lui et le chef de l’État. La réunion était « bonne », a-t-il dit, affirmant qu’il existe « un désir commun d’avancer pour parvenir à la formation d’un gouvernement capable de régler les problèmes économiques, politiques et sociaux, et adopter une politique de réformes », qui a été définie par M. Siniora comme étant « la cause des causes ». Par ailleurs, M. Siniora a diplomatiquement invité les différents groupes à faire preuve « de la coopération dont on s’attend de leur part et dont ils sont capables », de manière à éliminer tout ce qui « met de la distance entre eux ». Pour être mesurés, les propos sont clairs : il n’y aura pas de gouvernement tant que les différentes parties campent sur leurs positions, tant que des veto seront posés à la représentation de certains groupes par d’autres groupes et que l’on voudra positionner le ministère des Affaires étrangères contre la communauté internationale. En outre, notent les observateurs, les formules proposées par le président du Conseil désigné ne comprennent aucun ministre représentatif du chef de l’État, ce qui constitue un handicap supplémentaire à la formation d’un gouvernement. En effet, selon certains milieux politiques, sans réclamer des ministres pour lui-même, le chef de l’État cherche à corriger, à travers la composition du gouvernement, la représentativité insuffisante de la Chambre due à une loi électorale injuste. Au demeurant, le président Lahoud, ainsi d’ailleurs que l’assemblée des évêques maronites, insiste ouvertement pour un gouvernement d’union nationale regroupant toutes les parties (dans une allusion, sans doute, au bloc du général Aoun). L’impasse semble si claire que certains commencent à parier sur un consensus externe américano-saoudo-français analogue à celui qui a précédé la formation du gouvernement de M. Nagib Mikati, pour en sortir. Après Baabda, M. Siniora s’est rendu place de l’Étoile où il a rendu compte au président de la Chambre de ses divers contacts. Au scepticisme des journalistes qui écartaient devant lui la possibilité de voir formé le nouveau gouvernement cette semaine, le Premier ministre désigné a répondu par une interjection des plus évasives : « Dites Allah. » L’horizon se dégage Cet horizon bouché commençait, pourtant, à se dégager hier soir. « De nouvelles initiatives apparaîtront dans les 48 heures », affirmait-on hier, de source proche du bloc de Walid Joumblatt, sans en dire plus. Plus explicite, le député Waël Bou Faour a admis hier soir qu’entre son bloc et celui du Courant du futur, un désaccord fondamental existe au sujet de l’attribution du portefeuille des Affaires étrangères à un ministre membre du Hezbollah ou même apparenté au parti de Dieu, et que quelque chose doit être fait pour régler ce désaccord. M. Bou Faour a affirmé que des contacts vont être engagés pour « régler ce problème » et pour « améliorer la représentativité des chrétiens au sein du gouvernement ». Par « chrétiens », le député veut dire les députés chrétiens membres du Rassemblement de Kornet Chehwane ou alliés au PSP, par opposition aux « chrétiens » du Courant patriotique libre du général Aoun. Toutefois, M. Bou Faour crâne, estiment les observateurs, et le PSP se serait rendu compte qu’en cherchant à écarter le général Aoun, il n’a fait que renforcer le président Lahoud – et le général Aoun aussi –, sans compter qu’il affaiblit son principal allié, le Courant du futur, et qu’il se met à dos la communauté internationale. En termes plus combatifs, le PSP aurait réalisé qu’il doit soutenir plus activement le Premier ministre désigné et ne pas lui mettre des bâtons dans les roues, afin d’en faire un « rempart » contre un retour en puissance de l’État sécuritaire. Sautant aux conclusions, certains en ont déduit que l’idée d’une participation du général Michel Aoun au gouvernement est de nouveau dans l’air. En tout état de cause, il faudra s’attendre dans les prochains jours, et avec la rentrée de M. Saad Hariri d’Arabie saoudite, à un surcroît de contacts entre le Premier ministre désigné et les différents blocs parlementaires, notamment le bloc Joumblatt et celui du Hezbollah. Une nouvelle formule Voici l’une des formules gouvernementales, qui circulait hier. Elle comprenait 22 ministres. Sunnites : Fouad Siniora (Premier ministre), Bahige Tabbarah (Justice), Khaled Kabbani (Affaires sociales), Ahmed Fatfat (Information), Mohammed Safadi (TP). Maronites : Nayla Moawad (Économie), Joe Sarkis (Tourisme), Pierre Gemayel (Jeunesse et Sports), Ghattas Khoury (Éducation), Jihad Kazour (Finances). Chiites : Trad Hamadé (Travail), Mohammed Khalifé (Santé), Ghazi Youssef (Énergie) ; Agriculture et Défense, deux ministres désignés par le Hezbollah. Grecs-orthodoxes : Fouad Boutros (Affaires étrangères), Tarek Mitri (ministre d’État chargé des Affaires étrangères), Georges Esseily (ministre d’État chargé de la Réforme administrative). Druzes : Marwan Hamadé (Intérieur), Ghazi Aridi (Culture). Arméniens et minorités : Hagop Demerjian (Environnement), Sami Haddad (Télécommunications).
Dans l’attente d’un assouplissement des positions des uns et des autres, le Premier ministre désigné, Fouad Siniora, a continué à faire du surplace, hier, les difficultés qu’il rencontre à former un nouveau gouvernement étant inversement proportionnelles à la facilité avec laquelle il a obtenu la confiance de la Chambre.
Pour la première fois depuis sa désignation, M. Siniora a...