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Actualités - OPINION

Eclairage - Quel sera l’impact du vide laissé par Aoun sur les rapports Baabda-Koraytem ?

Loin de faciliter les choses, la sortie de Michel Aoun du processus de formation du gouvernement risque au contraire de les compliquer. C’est en tout cas le climat général qui ressortait hier, moins de vingt-quatre heures après la décision de l’ancien Premier ministre de jeter l’éponge, après avoir fait l’objet d’une quasi-guerre d’usure, disent les aounistes, de la part des proches du PSP, en deçà de l’ouverture politique prônée par Saad Hariri. Le général Aoun semble s’être fait un point d’honneur de ne plus participer au cabinet, d’autant que le ministère de la Justice, sur lequel il avait cristallisé toute la portée symbolique de son partenariat avec le Courant du futur, lui a finalement été refusé. Et il a exclu de revenir sur sa décision dans le cadre de sa conférence de presse, d’autant que, souligne le général, il ne sert à rien que le CPL participe au cabinet si ses représentants risquent d’être à couteaux tirés avec les ministres PSP. L’efficacité de l’équipe ministérielle, qui dépend largement de son homogénéité, se retrouverait aussitôt immanquablement émoussée, sinon ébranlée, estime le député élu du Kesrouan-Jbeil. Cette guerre d’usure qui continue apparemment à opposer Michel Aoun à Walid Joumblatt depuis quelques mois est-elle la seule raison expliquant la volonté de Aoun de rester hors du nouveau cabinet ? La question se pose, d’autant que la présence du général à l’extérieur du gouvernement lui permettrait de jouer pleinement le rôle de l’opposant, c’est-à-dire de contrepoids démocratique à la Chambre pour surveiller l’action ministérielle. Sans oublier la popularité qu’il pourrait gagner du fait de l’impopularité des gouvernants, surtout que plusieurs échéances cruciales sont à venir dans les prochains mois, que plusieurs dossiers épineux vont bientôt se poser de par eux-mêmes, et que la majorité gouvernante, si hétérogène sous son homogénéité apparente, pourrait bien se crêper bientôt le chignon. Pourtant, le général Aoun aura réellement fait preuve d’ouverture durant ces dix derniers jours vis-à-vis de la majorité au pouvoir, comme l’a si bien souligné Fouad Siniora dans le communiqué qu’il a publié hier à l’issue de son entretien téléphonique avec l’ancien Premier ministre. La première conséquence du retrait de Aoun aura été, hier, le regain (relatif) de puissance d’Émile Lahoud. Le chef de l’État a rapidement laissé entendre qu’il exigeait que toutes les parties ayant obtenu des victoires aux élections soient représentées au sein du cabinet. Ce qui signifie clairement qu’il désirerait voir Aoun faire partie du nouveau gouvernement. Comment le vide laissé par Aoun dans l’équipe ministérielle se traduira-t-il dans les rapports entre Koraytem et Baabda ? Tel sera l’un des points essentiels à suivre dans les jours qui viennent. D’autant que Lahoud pourrait retarder la formation du cabinet, en refusant de signer le décret, tant qu’il juge que la formule ne le satisfait guère. Toutefois, des sources bien informées minimisent l’impact que Baabda pourrait avoir sur le processus de naissance du cabinet, arguant des efforts intenses que continue de déployer la diplomatie occidentale pour concilier et réconcilier tout le monde, et surtout éviter l’émergence d’une crise. Dans ce cadre, des efforts seraient menés à partir d’aujourd’hui pour convaincre Michel Aoun de revenir sur sa décision. Le député Georges Adwan d’ordinaire habile médiateur, et qui s’est longuement entretenu avec Samir Geagea à Yarzé, devrait lui aussi se rendre aujourd’hui à Rabieh pour transmettre un message important à Aoun, probablement le souhait de Geagea de le voir participer au cabinet. En attendant, le gouvernement n’est pas prêt de voir le jour, et pourrait attendre le retour de Saad Hariri d’Arabie saoudite. Il faudra encore démêler les problèmes de quotas confessionnels et consulter Baabda et Bkerké pour décider qui seront les remplaçants des aounistes. La formule ministérielle qui circulait hier soir était la suivante : Jihad Kazzour (Finances), Mahmoud Hammoud (Affaires étrangères) – mais le nom de Boutros Harb et la possibilité de rendre ce portefeuille aux maronites sont à l’étude – Marwan Hamadé (Intérieur), Élias Murr (Défense), Charles Rizk (Information, après que le nom de Gebrane Tuéni eut circulé), Joe Sarkis (Tourisme), Nayla Moawad (Environnement), Pierre Gemayel (Réforme administrative), Mohammed Safadi (Travaux publics), Ghattas Khoury (Éducation), Mohammed Khalifé (Santé), Ali Abdallah (Affaires sociales), le Dr Hassan Khalil (Télécommunications) et Khaled Kabbani (Justice). L’Industrie devrait aller à un proche d’Élias Skaff et l’Agriculture au Hezbollah. Mais, une fois n’est pas coutume, tout pourrait encore changer d’ici à ce soir. Michel HAJJI GEORGIOU
Loin de faciliter les choses, la sortie de Michel Aoun du processus de formation du gouvernement risque au contraire de les compliquer. C’est en tout cas le climat général qui ressortait hier, moins de vingt-quatre heures après la décision de l’ancien Premier ministre de jeter l’éponge, après avoir fait l’objet d’une quasi-guerre d’usure, disent les aounistes, de la...