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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - Les Libanais continuent de tabler sur un marché prometteur Le gouverneur de la Banque centrale syrienne promet la libéralisation des changes et des taux d’intérêt

Damas, de notre envoyée spéciale Sibylle RIZK Depuis quelques mois, la Syrie donne une impulsion nouvelle au rythme des réformes économiques et financières. Le secteur bancaire est l’un des domaines où les changements sont les plus importants, même s’ils ne sont jamais assez rapides au gré des professionnels. C’est pour confirmer le nouvel élan qu’une conférence bancaire était organisée ce week-end à Damas par la revue al-Bank wal-Moustasmer, sous le parrainage du nouveau gouverneur de la Banque centrale de Syrie, Adib Mayaleh, qui a notamment promis la libéralisation des changes, des mouvements de capitaux et des taux d’intérêt. Invités à partager leur expérience et leur expertise, plusieurs pays arabes participaient à l’événement qui s’est déroulé pendant deux journées à l’hôtel Méridien. Les gouverneurs des Banques centrales libanaise et jordanienne, Riad Salamé et Oumayya Toukan, étaient à l’honneur, les premières banques privées autorisées à opérer en Syrie, après quarante ans de monopole public, étant libanaises pour deux d’entre elles et jordanienne pour la troisième. Les deux gouverneurs ont insisté, chacun à son tour, sur le rôle-clé des Banques centrales pour le développement d’un système bancaire et financier stable et solide. Riad Salamé a surtout insisté sur la nécessité, dans un secteur mondialisé, de s’adapter aux normes internationales, tandis qu’Oumayya Toukan soulignait l’importance de l’indépendance d’une Banque centrale à l’égard du pouvoir politique. L’absence du ministre syrien des Finances lors de la cérémonie d’ouverture a été interprétée comme un premier pas en direction de l’indépendance de la Banque de Syrie. Nouveau gouverneur La Syrie est engagée depuis le début des années 1990 dans un processus d’ouverture progressive de son économie, car « nous sommes un petit pays et nous devons entrer dans la mondialisation », a déclaré le gouverneur, Adib Mayaleh. Malgré de nombreuses initiatives en ce sens, le doute a continué de prévaloir auprès des investisseurs, mais selon lui, ce scepticisme a été levé lors du 10e congrès du parti Baas, au début de ce mois. À cette occasion, le parti a insisté sur la nécessité de développer le secteur bancaire, de garantir l’indépendance de la Banque centrale et d’œuvrer à la libéralisation des mouvements de capitaux, a rappelé le gouverneur. « Nous y travaillons », a dit Adib Mayaleh selon qui la Banque centrale, en coopération avec le ministère des Finances, étudie les moyens de forger de nouveaux instruments de politique monétaire, comme les bons du Trésor, afin notamment de gérer la liquidité sur le marché. La légalisation des agents de change est aussi à l’étude, afin de mieux organiser et contrôler un marché aujourd’hui informel. « La libéralisation des taux de change pour les opérations courantes est prévue d’ici à six mois », a-t-il annoncé, celle des flux de capitaux devant suivre. Lors de l’inauguration de la conférence, samedi, le président de l’Union des chambres libanaises, Adnane Kassar, qui préside par ailleurs le Comité des hommes d’affaires libano-syriens, a relevé pour sa part la nécessité de rapprocher les secteurs bancaires libanais et syrien, afin de renforcer les relations économiques entre les deux pays et de faciliter les projets d’investissements communs. « Après l’accumulation de nuages dans le ciel des relations libano-syriennes, le temps de l’éclaircie est revenu », a-t-il dit. La Fransabank, dont l’ancien ministre est l’un des actionnaires principaux, a demandé une licence pour opérer en Syrie, à l’instar de nombre de ses concurrentes libanaises, comme la Banque Audi ou la Banque Byblos, qui ont obtenu les leurs et devraient ouvrir bientôt leur première agence, ou la Bank of Beirut, par exemple. Pesanteurs Bons connaisseurs du marché syrien, les banquiers libanais sont les premiers à avoir saisi l’occasion d’y entrer, lorsque les autorités de Damas ont autorisé, en 2001, l’ouverture du secteur aux investisseurs privés. Ils sont aussi parmi les mieux placés pour comprendre les limites actuelles de l’exercice tout en saisissant le potentiel de développement d’un pays de 18 millions d’habitants où tout reste à faire en matière bancaire. « Le cadre réglementaire est encore contraignant, mais il est en constante évolution », témoigne Bassel Hamwi, conseiller du PDG du groupe Audi-Saradar. « Nous savons d’expérience que la libéralisation des mouvements de capitaux a tendance à inciter les émigrés à rapatrier leurs capitaux, mais tout le système syrien, forgé depuis la crise des années 80, est fondé sur la crainte d’une fuite des capitaux. Pour traiter des opérations en devises, il faut maîtriser l’équivalent d’un gros livre de lois et réglementations », dit-il pour expliquer la lenteur du processus de réformes. Pourtant, « en quatre mois, on a vu davantage de changements qu’en 15 ans », dit-il. « Cela fait quarante ans qu’ils ne savent plus traiter avec une banque privée, il faut un peu de temps pour qu’ils s’y remettent », déclare dans le même sens Georges Sayegh, directeur général de la Bank of Syria and Overseas, filiale de la Blom libanaise. Le dialogue entre les nouveaux entrants et les autorités monétaires permet en effet de lever certains obstacles. Ils sont surtout dus aux coûts élevés de certaines opérations, alors que leur cadre juridique est parfaitement établi. Par exemple, jusqu’à il y a peu de temps, pour enregistrer et lever une hypothèque, il fallait payer d’avance l’équivalent de 5,5 % du montant de la transaction. Ces frais ont été réduits à 1,5 %. De même, sur chaque effet, il fallait s’acquitter d’un droit de timbre de six pour mille. Celui-ci a été ramené à deux pour mille. « De tels coûts rendaient les instruments inopérants », explique un banquier libanais. Rémunérer les liquidités Malgré certaines avancées, un problème urgent et imprévu se pose aux nouvelles banques privées : l’impossibilité de se faire rémunérer leurs liquidités. Il s’agit d’un problème structurel qui a entraîné des pertes en 2004 pour la Bemo Saoudi Faransi, comme pour la Bank of Syria and Overseas. « Nous sommes poussés à un choix impossible, soit nous sortons du marché, car nous devons refuser des dépôts rémunérés en fonction des taux indicatifs de la Banque centrale, entre 2 et 6 % suivant les échéances, soit nous prenons des risques excessifs en octroyant des prêts à des taux très élevés », précise un banquier. Ce problème n’était pas prévu, car les banques avaient auparavant la possibilité d’ouvrir des comptes rémunérés auprès de la Banque commerciale de Syrie, la plus importante banque du pays, qui appartient à l’État. « La solution la plus rapide serait que la Banque centrale accepte de rémunérer les placements des banques auprès d’elle, en attendant qu’elle mette au point des mécanismes pour l’émission de bons du Trésor ou de certificats de dépôts. »

Damas, de notre envoyée spéciale Sibylle RIZK

Depuis quelques mois, la Syrie donne une impulsion nouvelle au rythme des réformes économiques et financières. Le secteur bancaire est l’un des domaines où les changements sont les plus importants, même s’ils ne sont jamais assez rapides au gré des professionnels. C’est pour confirmer le nouvel élan qu’une conférence bancaire...