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La campagne pour le départ du chef de l’État a l’air de tourner court

Ces derniers jours, on entend moins réclamer l’éviction du régime. Une campagne naguère virulente, mais dont la majorité a elle-même émoussé les arguments. D’abord, en réélisant Berry. Ce qui n’entre pas dans la logique du changement. Et qui amène, naturellement, à se poser la question : pourquoi Lahoud devrait-il partir, alors que Berry reste ? Ensuite, en se rendant aux consultations parlementaires, et en rencontrant Lahoud. Une façon de le reconnaître en tant que chef de l’État. Car, on le sait, lors du pic de l’offensive contre le président, beaucoup avaient proposé de boycotter les consultations. Pour bien marquer que la personne en place n’occupe pas légitimement ses fonctions, mais en base d’une prorogation anticonstitutionnelle. Cette bouderie éventuelle aurait signifié le refus de participer au gouvernement. Entraînant une crise de pouvoir aiguë, destinée à pousser l’homme vers la sortie. La reprise, en quelque sorte, de l’expérience tentée jadis avec Béchara el-Khoury : ne trouvant aucune personnalité sunnite pour former le gouvernement, il s’était résigné à démissionner. Maintenant, il y a donc reflux. Et, encore une fois, c’est le patriarche Sfeir qui semble avoir eu raison. Au plus fort de la crise, il avait déclaré : « Nous avions rejeté la prorogation pour le président Lahoud comme, antérieurement, pour le président Hraoui. En soulignant que la Constitution ne se retouche pas comme les lois ordinaires. Mais l’amendement a eu lieu et nous avions admis le fait accompli. Quand la question a été soulevée, nous avions répété que la Constitution ne se modifie pas. D’autant que la plupart de ceux qui veulent renverser le président de la République ont voté en sa faveur, tant pour son élection que pour légaliser la prorogation. Si la Constitution permet un amendement destiné à renverser le chef de l’État, qu’ils le fassent. Mais le renverser de force par des manifestations aurait des conséquences néfastes. Et pourrait même provoquer des tueries dont nous n’avons que faire. » Cette position du patriarche, raisonnable et saine, est adoptée par tous ceux qui placent au-dessus de tout l’intérêt bien compris du Liban. Certes, le patriarche n’a pas d’objection à ce que l’on abrège la durée de l’actuel mandat présidentiel. À condition que cela se fasse dans les règles. Or, en pratique, la procédure légale est impossible. Pour la simple raison qu’un décret éventuel doit être signé de la propre main du chef de l’État. Il faudrait donc recourir à la rue. Et le patriarche le déconseille fortement. Car les manifestations seraient confrontées à des contre-manifestations, avec risques de heurts violents, entraînant des drames sanglants et une faillite économique, socialement insupportable. La pression de la rue n’aurait été admissible, et envisageable, que si les Libanais étaient fortement unis. Comme cela avait été le cas pour évincer Béchara el-Khoury. De plus, le patriarche Sfeir a fait valoir qu’il ne suffit pas d’obtenir le départ du régime, même par des moyens pacifiques et démocratiques. Il faut encore s’entendre auparavant sur son successeur. Sans quoi le pays se trouverait confronté à un dangereux vide institutionnel. Dans la phase de mutation présente, on ne sait pas trop quelles pourraient être les tendances des blocs. Les présidentiables plausibles sont nombreux. Ce qui rend le choix difficile. Alors que jadis, leur nombre se réduisait à deux ou trois au maximum. Et que les forces politiques avaient d’avance leur candidat. En outre, il est évident que dans la passe difficile présente, tout nouveau chef de l’État devrait être à la hauteur. Être une forte personnalité. Inspirer confiance à l’intérieur comme à l’extérieur. On ne peut pas se contenter d’un figurant. Or, en général, quand plusieurs parties plus ou moins opposées doivent parvenir à un compromis, le plus facile pour elles est de s’accorder sur une personnalité neutre, sans éclat et sans attaches politiques prononcées. La crainte d’une crise explique donc, en partie, le reflux de la campagne antirégime. Cela signifie-t-il pour autant qu’on laisserait le président Lahoud aller au bout de son mandat prorogé ? Selon les professionnels, la réponse tient dans la manière qu’il aura de traiter avec le nouveau pouvoir, le prochain gouvernement. S’il se montre coopératif, il n’y aurait pas de raisons de le tarabuster. Mais si, sous prétexte de préserver des avantages déterminés, il devait faire de l’obstruction, alors on reparlerait d’abréger son mandat. Émile KHOURY

Ces derniers jours, on entend moins réclamer l’éviction du régime. Une campagne naguère virulente, mais dont la majorité a elle-même émoussé les arguments. D’abord, en réélisant Berry. Ce qui n’entre pas dans la logique du changement. Et qui amène, naturellement, à se poser la question : pourquoi Lahoud devrait-il partir, alors que Berry reste ? Ensuite, en se rendant aux...