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Italie - L’affaire remonte à février 2003, mais le gouvernement assure n’en avoir rien su L’imam enlevé par la CIA : Berlusconi, embarrassé, convoque l’ambassadeur US

L’enlèvement en Italie en 2003 d’un imam égyptien par un commando de la CIA a mis le gouvernement de Silvio Berlusconi dans l’embarras, l’obligeant à avouer son ignorance totale des faits et à convoquer l’ambassadeur américain pour obtenir des explications. « Le président du Conseil Silvio Berlusconi a convoqué l’ambassadeur américain en Italie pour clarifier l’affaire de l’imam Abou Omar », a déclaré Carlo Giovanardi, ministre pour les Relations avec le Parlement, devant les sénateurs italiens, ajoutant que le diplomate se rendra vraisemblablement aujourd’hui chez le chef du gouvernement. M. Giovanardi a « exclu qu’une opération de ce genre ait été autorisée » par le gouvernement italien « et que les services italiens y aient participé ». Osama Mustafa Hassan, connu sous le nom d’Abou Omar, avait été enlevé dans une rue de Milan le 17 février 2003 par un commando de la CIA. Il était l’ancien imam d’une importante mosquée de la ville, située Viale Jenner, dont la surveillance par la police italienne a été renforcée depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. La justice italienne a émis la semaine dernière 13 mandats d’arrêt contre autant de membres de la CIA, accusés d’avoir participé à l’enlèvement puis au transfert de l’imam en Égypte, où celui-ci aurait été torturé. Depuis que la presse italienne s’est fait l’écho de l’affaire, en février pour la première fois, puis en juin à la suite du lancement des mandats d’arrêt, le gouvernement n’avait pas réagi car placé devant « l’alternative du diable », écrivait hier le quotidien La Repubblica. Soit il disait être au courant, devenant ainsi complice d’un acte illégal, soit il affirmait, comme il vient de le faire, tout ignorer « mettant ainsi sous pression les qualités professionnelles des services de renseignements et de la police » italiens, a écrit le journal. « Admettons que Rome n’ait rien su de l’enlèvement. Dans ce cas, il serait vraiment étrange que le gouvernement n’ait pas demandé aux services de renseignements un rapport sur une affaire aussi embarrassante », estimait pour sa part le principal quotidien italien, Corriere della Sera. Le Washington Post écrivait en revanche hier que la CIA avait averti les services de renseignements italiens avant d’enlever l’imam égyptien. Selon le quotidien, qui a cité un ex-collaborateur de l’agence, la CIA « avait informé un certain nombre de personnes » de son projet, mais « certainement pas les magistrats ni la police de Milan ». L’affaire de l’imam égyptien constitue un deuxième sujet de tensions entre les États-Unis et l’Italie, après la mort de l’agent secret italien Nicola Calipari. Celui-ci avait été tué par des tirs américains à Bagdad le 4 mars, alors qu’il accompagnait à l’aéroport la journaliste italienne Giuliana Sgrena, prise en otage un mois auparavant et dont il venait d’obtenir la libération. Cette nouvelle affaire va contraindre Silvio Berlusconi à exprimer son mécontentement une semaine avant le sommet du G8, où il rencontrera le président américain George W. Bush dont il se vante d’être un des meilleurs alliés en Europe. Le gros problème pour M. Berlusconi, selon La Repubblica, est que ce genre d’opérations de la CIA est autorisé directement par le président américain. L’intervention de M. Giovanardi n’a pas convaincu les sénateurs. « Giovanardi est un menteur », a commenté sèchement Gigi Malabarba, chef des sénateurs communistes de Refondation. « Jamais, au grand jamais, les États-Unis ne seraient allés enlever une personne en Angleterre, en France ou en Allemagne sans en aviser d’abord Blair, Chirac ou Schröder », a jugé pour sa part l’ex-magistrat Antonio Di Pietro, président du parti Italie des Valeurs (Idv).
L’enlèvement en Italie en 2003 d’un imam égyptien par un commando de la CIA a mis le gouvernement de Silvio Berlusconi dans l’embarras, l’obligeant à avouer son ignorance totale des faits et à convoquer l’ambassadeur américain pour obtenir des explications.
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