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Actualités - OPINION

Le Liban m’a appris…

Par Nagib MIKATI, président du Conseil Les sociologues et les politologues sont unanimes. Toutes les nations sont dignes de sacrifice et de dévouement illimités. La nation mérite tous les sacrifices, quelle que soit leur importance : dépassement des intérêts personnels et immédiats jusqu’au martyre. Les nations vivent par la force du don de soi et rayonnent par le sacrifice. C’est le cas du Liban. Son destin est à l’image de ses vertus, grand à l’image de son rôle et de son message. Le Liban est un modèle quant aux défis posés par l’évolution du monde, ainsi qu’en matière de démocratie, celle qui reflète la pluralité religieuse et affirme la culture de l’acceptation de l’autre. Le Liban est une expérience pour l’humanité appelée à témoigner de ses grandes valeurs. Le Liban est un message ; le Liban est un exemple et un modèle digne des sacrifices, de tous les sacrifices. Je l’ai connu depuis la naissance, il m’a façonné d’ambition et de souffrance : le Liban de la liberté, de l’éducation, de la sincérité et du sérieux, mais aussi le Liban convoité, le Liban du confessionnalisme et du féodalisme. Je l’ai connu, élève, sans sectarisme ni discrimination. Je l’ai connu, citoyen productif dans le secteur privé, combattant les entraves et aplanissant les difficultés. Je l’ai connu ministre pendant plusieurs années. Je l’ai connu député ayant recueilli la confiance de mes concitoyens. Je l’ai connu président du Conseil des ministres dans une période extrêmement critique de son histoire. Ma connaissance du Liban s’approfondit au fil des jours, et ma fierté d’appartenir à cette nation ne cesse de se renforcer. Chaque jour qui passe apporte son lot de connaissances et chaque soir, je me pose une question : qu’ai-je appris du Liban ? Suite page 4 Le Liban m’a appris qu’il est une nation du consensus et l’expression d’un véritable partenariat national ne connaissant ni progrès ni bien-être qu’à l’ombre de l’entente. Le Liban m’a appris qu’il est un don pour ses fils et ses filles quand, dans leurs différences, ils affichent leur union ; si nous demeurons ouverts d’esprit et sincères dans notre volonté d’instaurer un vrai partenariat national, si nous refusons toute dissension, si nous exportons le génie libanais. Le Liban m’a appris que l’impossible ne l’est pas. Cela est vrai dans le cas de la libération de la quasi-totalité de ses terres par le fait d’une noble résistance qui a rehaussé la dignité de la nation à travers l’unité des Libanais ; une unité qui devrait être toujours préservée. Le Liban des citoyens m’a appris que son intégrité interne le prémunit contre toute ingérence externe. Son immunité, à l’intérieur de ses frontières, entrave les risques d’intervention étrangère. Le Liban et les Libanais m’ont appris que cette nation souffre des futilités, des mesquineries et de l’absence de scrupules. Le Liban m’a appris que la justice ne saurait être discrétionnaire, sélective ou vindicative. La vraie justice s’exerce sans discrimination, et la vengeance est un mal qui nuit a la pleine citoyenneté et au contrat social. Le Liban m’a appris que les Libanais, fatigués par l’improvisation et le pouvoir discrétionnaire, excédés par la corruption et le gaspillage, aspirent aux réformes tant aux niveaux politique et administratif que financier et judiciaire, et espèrent de même un changement positif. Le Liban et les Libanais m’ont appris que donner vaut aussi bien que recevoir ; ils m’ont appris que l’accès à la vraie citoyenneté, c’est d’offrir à la nation plutôt que d’en recevoir. Le Liban m’a appris qu’il est fort, à l’instar des héros grecs, mais qu’il a aussi son propre talon d’Achille. Sa faiblesse, née d’un confessionnalisme aveugle qui le met en péril, continue à le faire souffrir, l’empêche de suivre le progrès et retarde son évolution culturelle et économique. Le Liban m’a appris qu’il mérite et est capable de tisser des relations équilibrées dans une logique de véritable partenariat fondé sur l’égalité avec toutes les nations sœurs, surtout avec la Syrie, et les nations amies. Le Liban et les Libanais, les jeunes en particulier, m’ont appris que le secret du succès du Liban réside en sa jeunesse, et il est bien temps d’impliquer cette jeunesse en instaurant un contrat social adéquat. Le Liban et les Libanais m’ont appris que ce pays mérite la démocratie et qu’il est à la hauteur de son image dans la préservation des libertés fondamentales, celles de l’opinion, de la croyance et de l’expression. Le Liban m’a appris qu’il est modéré à l’image de son climat ; généreux à l’image de son peuple ; civilisé à l’image de son histoire ; sensible à l’image de son avenir ; méfiant à l’égard de toute soumission ou sujétion, et rejetant l’extrémisme, le fanatisme et la dissension. Aujourd’hui, au seuil d’une nouvelle période, je suis fier d’avoir pu associer l’acte à la parole, le don de soi au devoir accompli, et d’avoir instauré un exemple pionnier dans la séparation de la gouvernance publique des intérêts politiques personnels. Nous arrivons aujourd’hui à une croisée des chemins qui déterminera notre destin, des chemins tournés vers un avenir prometteur certes, mais des chemins à l’atmosphère alourdie par l’inconnu et les risques. Quelle que soit ma position future, je serais à l’image de tout ce que le Liban m’a appris. Les postes et les honneurs n’ont pas une grande importance. Aujourd’hui, je poursuis, dans la dignité et la confiance, mon engagement dans la vie publique. Le pouvoir est une continuité, de même que le sont l’appartenance à une nation et l’engagement dans le domaine public. Nous continuerons ensemble à servir le Liban car, à son image, se profile notre action pour la sauvegarde de sa stabilité, sa liberté, sa souveraineté, son indépendance, son développement et sa prospérité. Le Liban, excellent maître, m’a appris, et je suis fier de le servir en bon disciple.

Par Nagib MIKATI,
président du Conseil

Les sociologues et les politologues sont unanimes. Toutes les nations sont dignes de sacrifice et de dévouement illimités. La nation mérite tous les sacrifices, quelle que soit leur importance : dépassement des intérêts personnels et immédiats jusqu’au martyre.
Les nations vivent par la force du don de soi et rayonnent par le sacrifice....