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Actualités - CHRONOLOGIE

Fouad Siniora sera proposé aujourd’hui comme premier président du Conseil de l’ère postsyrienne La formule du cabinet d’entente nationale se précise autour de la dynamique Aoun-Hariri (photo)

Après la guerre froide des dernières semaines entre Saad Hariri et Michel Aoun, il est temps de céder la place à la détente. Or la détente est venue mardi, au Parlement, du jeune député, qui a pris l’initiative d’aller trouver son aîné aux premiers rangs de l’hémicycle pour lui serrer la main (alors même que la guerre d’usure se poursuivait entre le général et son quasi-voisin de strapontin, Walid Joumblatt, qui se sont ignorés de plus belle durant toute la durée de la séance parlementaire). Le réchauffement des relations entre le leader du Courant du futur et celui du Courant patriotique libre a de quoi désarçonner ceux qui ont suivi de près la campagne électorale et les échanges d’accusations mutuelles qui l’ont parsemée. Cependant, ce climat de détente était déjà quelque peu perceptible dans le ton utilisé par les deux hommes dès lors que chacun venait à évoquer l’autre. Ainsi, Michel Aoun a-t-il déclaré apprécier Saad Hariri, mais pas « ceux qui gravitent autour de lui » (la gentillesse était adressée, sans l’ombre d’un doute, au chef du PSP), tandis que le fils du Premier ministre-martyr aurait, dit-on, déjà fait part de son intérêt pour les idées réformatrices du général. Las de se courtiser à distance – et probablement hypercoachés par les diplomates américain, français et saoudien –, les deux hommes ont finalement eu leur premier véritable tête-à-tête mardi soir à Rabieh, avec, en toile de fond, la nécessité de former un cabinet d’entente nationale au sein duquel toutes les principales forces seraient représentées. En somme, le cabinet qui aurait dû être formé immédiatement au lendemain de l’accord de Taëf… il y a de cela quinze bonnes années maintenant. Et la rencontre s’est apparemment bien déroulée, puisque Saad Hariri a finalement réussi à obtenir une prise de position franche, hier, de Michel Aoun concernant la participation du CPL au prochain gouvernement, et ce alors même que le général avait déclaré, catégorique, le soir de sa défaite au Nord, qu’il excluait de prendre part au nouveau cabinet. À l’issue de la réunion de son bloc parlementaire hier à Rabieh, en présence notamment de Michel Murr et Élias Skaff, le général Aoun a en effet indiqué qu’il était « d’accord sur le principe de la participation au gouvernement », et qu’il s’était entendu avec Saad Hariri « sur base du programme politique réformateur ». Dans une causerie avec les journalistes, le général a précisé que Saad Hariri et lui « sont d’accord sur 95 % du programme » et que le reste pouvait être sujet à débat, mais qu’il fallait encore penser à la dimension concrète et pratique, et que les détails de l’entente (sur la composition du cabinet) n’avaient pas été évoqués. Estimant que la mésentente avec le Courant du futur n’avait pas porté sur une question de répartition des sièges électoraux, il a laissé entendre que lui et son courant avaient été sous-estimés, mais qu’une « lecture nouvelle de la situation libanaise » était venue corriger toutes ces dérives et rectifier le tir. Siniora désigné par le bloc Hariri Répondant aux questions des journalistes, Michel Aoun a surtout souligné que son bloc parlementaire désignerait, dans le cadre des consultations parlementaires, « le candidat du bloc le plus important ». Le député élu de Kesrouan-Jbeil confirmait ainsi sa volonté évidente d’ouverture et de coopération avec Saad Hariri, en assurant d’ores et déjà que son courant se rangeait derrière la décision du bloc du Futur. En d’autres termes, le bloc Aoun et alliés (21 voix) nommera aujourd’hui Fouad Siniora comme candidat à la tête de la première présidence du Conseil de l’après-Syrie au Liban. À cette occasion, Michel Aoun sera reçu aujourd’hui pour la première fois par le président de la République, Émile Lahoud, qui accepta naguère, sous l’impulsion des Syriens et avec l’aval des USA, de prendre la tête du commandement de l’armée et de donner l’ordre de prendre d’assaut le palais de Baabda contre Aoun en 1989-1990. De son côté, le bloc parlementaire de Saad Hariri, réuni hier en fin d’après-midi à Koraytem, a annoncé sa décision de proposer l’ancien ministre des Finances comme successeur de Nagib Mikati. Dans un communiqué, le bloc a annoncé qu’il participerait aux consultations parlementaires, rompant ainsi un boycott de Baabda qui dure depuis l’assassinat de Rafic Hariri. Cependant, ce n’est pas Saad ou Bahia Hariri qui présideront le bloc, mais Mohammed Kabbani, à la tête d’une délégation réduite. Le bloc a indiqué avoir « décidé de désigner l’ancien ministre Fouad Siniora au poste de Premier ministre sur base de son attachement à Taëf, des exigences de l’entente nationale, de la poursuite des réformes et du processus de développement enclenché par le martyr Rafic Hariri, de la nécessité de coordonner avec l’enquête internationale pour faire la lumière sur le crime terroriste qui a coûté la vie au président-martyr, au député-martyr Bassel Fleyhane et aux autres victimes de l’attaque terroriste dont le pays est la cible ». Le bloc a également mis l’accent sur la nécessité de « mettre un terme aux effets du régime sécuritaire et de jeter les bases d’un régime démocratique pour restaurer la confiance et la stabilité dans le pays ». Le bloc a enfin tendu la main aux différentes forces politiques du pays, souhaitant tout particulièrement que « toutes les forces qui ont façonné le 14 mars participent au gouvernement, pour qu’il devienne un cabinet d’action nationale ». La logique voudrait donc que Fouad Siniora, fort d’une large majorité, devienne le sixième Premier ministre de l’après-Taëf. Dans l’esprit même de cette dynamique Aoun-Hariri visant à la formation d’un cabinet d’union nationale, l’ancien député Ghattas Khoury a été reçu hier soir par le général à Rabieh, pour discuter de la question de la formation du cabinet dans les détails (tout comme Saad Hariri a été reçu en soirée à Moukhtara par Walid Joumblatt, en présence de Marwan Hamadé et Ghazi Aridi). Si Ghattas Khoury n’a pas donné beaucoup de détails sur le contenu de l’entretien, il y aurait encore quelques problèmes à résoudre entre les forces du Bristol et le CPL, notamment sur le ministère de la Justice. Le général ambitionnerait d’y placer l’un des siens, peut-être l’ancien bâtonnier Chakib Cortbawi (d’autant qu’il milite activement pour que les députés ne soient pas ministres, ce qui serait très peu du goût du bloc Hariri), tandis que le Courant du futur préférerait s’approprier ce maroquin, à l’instar des ministères des Finances et de l’Intérieur. Le général se contenterait aussitôt d’autres ministères « réformateurs », comme l’Information, l’Eau et l’Énergie, la Jeunesse et les Sports ou la Réforme administrative (les Affaires étrangères devant être du lot de Nassib Lahoud ?). Il reste que la Justice continuait à poser problème et que les tractations se poursuivront encore dans les prochaines heures pour tenter d’aboutir à un compromis sur la composition du premier gouvernement souverain et affranchi de la férule de Damas depuis Taëf. Michel HAJJI GEORGIOU
Après la guerre froide des dernières semaines entre Saad Hariri et Michel Aoun, il est temps de céder la place à la détente. Or la détente est venue mardi, au Parlement, du jeune député, qui a pris l’initiative d’aller trouver son aîné aux premiers rangs de l’hémicycle pour lui serrer la main (alors même que la guerre d’usure se poursuivait entre le général et son...