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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Clôture d’une campagne de sensibilisation tous azimuts Plus de 13 % des petits Libanais jetés sur le marché du travail

Caritas Liban a clôturé hier, à la LAU, la campagne de sensibilisation contre les dangers du travail pour les enfants. Une campagne menée durant les neuf mois passés, en collaboration avec différents partenaires, notamment le Haut conseil pour l’enfance, le Mouvement social, l’Afel, le Secours populaire libanais, l’École libanaise de formation sociale de l’USJ ainsi que l’Institut des études sur les femmes dans le monde arabe de la LAU. Une campagne d’une grande urgence, compte tenu des chiffres élevés du travail des enfants au Liban. En effet, selon les chiffres fournis par Caritas Liban, 13,1% des enfants âgés entre 10 et 18 ans travaillent et sont principalement de nationalité libanaise (92,6 %), alors que 34,4 % d’entre eux viennent de la région du Nord et que 9,8 % n’ont jamais été scolarisés. La campagne de sensibilisation contre les dangers du travail pour les enfants ne peut constituer, à elle seule, la solution au problème. Elle fait partie d’une stratégie mondiale de lutte contre le travail des enfants. C’est dans cet esprit que la société-mère de Caritas aux États-Unis, Catholic relief service, a financé la campagne de sensibilisation au Liban et dans différents pays de la région, notamment l’Égypte, le Maghreb et la Jordanie. Et ce, dans le but de comprendre la réalité libanaise, ainsi que les modalités de coopération entre les différents acteurs qui luttent contre le travail des enfants, les ONG, les universités… Échec scolaire et non-application des lois Partant du principe que les enfants sont un élément essentiel du développement social, l’approche de la campagne de sensibilisation a nécessité la participation des enfants et de leurs parents, avec lesquels les associations partenaires ont organisé des rencontres d’éveil et de discussions. Trois régions ont été sélectionnées. Dans la première, regroupant Sin el-Fil, Nabaa et Bourj Hammoud, 21 familles regroupant 37 enfants entre 10 et 16 ans ont participé à la campagne. Dans la seconde, à Tripoli, l’échantillon regroupait 29 familles de 42 enfants. Et dans la troisième, à Saïda, 39 familles de 83 enfants, ainsi que 9 employeurs, ont contribué à la campagne. Les raisons principales du travail des enfants sont nombreuses et découlent de l’échec scolaire, du nombre limité de places dans les établissements publics, de la non-application de la loi sur l’enseignement obligatoire et gratuit, de la non-application de la loi sur le travail, de l’augmentation du taux de pauvreté, de l’absence de réseaux de sécurité sociale et du manque d’équilibre au niveau du développement. Quant aux discussions à bâtons rompus avec les parents et les enfants, elles ont porté sur les dangers du travail des mineurs, notamment sur l’incidence négative du travail sur leur développement physiologique, moral, affectif et social, ainsi que sur les dangers de la rue. Elles ont de même été centrées sur les lois du travail, mais aussi sur les abus commis par certains enseignants sur les enfants, poussant ces derniers à rejeter l’école et l’enseignement. Par ailleurs, le manque de communication entre les parents et leurs enfants, et plus précisément l’incapacité des parents à faire face aux problèmes rencontrés par leurs enfants, est un aspect qui semble avoir surgi dans bon nombre de discussions. Esprit sain ou corps sain Combattre le travail des enfants de manière radicale exige une approche multidimensionnelle, impliquant non seulement une prise de conscience généralisée de l’importance de l’éducation gratuite et de l’orientation correcte de l’enfant, mais aussi sa protection, notamment en améliorant ses conditions de travail, conclut le rapport publié à l’issue de cette campagne de sensibilisation. Confirmant les résultats de la campagne de sensibilisation, la diffusion de deux films réalisés par le Mouvement social, Khyar ou Laban, (Yaourt et concombres) et Ibtissam, que nous avions déjà racontés l’année passée, montre de près la réalité quotidienne de plusieurs familles démunies du Akkar ou des bidonvilles de Bab el-Tebbaneh à Tripoli, dont les enfants n’ont d’autre choix que de travailler. Ces familles sont tellement pauvres que leur seul souci est d’assurer à leurs enfants leur pain quotidien. Un pain quotidien qui se limite souvent, pour certains, à un plat de yaourt et de concombres, qu’ils se partagent. Les soins médicaux et l’éducation sont considérés comme un luxe, et rares sont les enfants qui ont la chance d’en bénéficier. Au lieu d’aller à l’école, les filles, comme Ibtissam, une fillette de cinq ans, sont confinées à la maison pour assurer les tâches ménagères et garder leurs petits frères et sœurs, pendant que leurs mères travaillent. D’autres doivent se résoudre à quitter l’école et apprendre rapidement un métier, notamment la menuiserie pour les garçons et la couture pour les filles, pour faire rentrer un peu d’argent dans leurs familles touchées par le chômage et les privations. Dans ces familles trop pauvres, c’est l’éducation ou la santé, l’esprit sain ou le corps sain, mais rarement les deux à la fois. Dans ces familles trop pauvres qui rêvent de donner à leur enfant l’éducation et les soins dont elles-mêmes n’ont jamais bénéficié, prévention et sensibilisation sont souvent de vains mots. Anne-Marie EL-HAGE

Caritas Liban a clôturé hier, à la LAU, la campagne de sensibilisation contre les dangers du travail pour les enfants. Une campagne menée durant les neuf mois passés, en collaboration avec différents partenaires, notamment le Haut conseil pour l’enfance, le Mouvement social, l’Afel, le Secours populaire libanais, l’École libanaise de formation sociale de l’USJ ainsi que...