« Où va l’argent consacré aux services sécuritaires et militaires ? » La Ligue maronite réclame la mise en place immédiate d’une cellule de crise

Le conseil exécutif de la Ligue maronite, que préside l’ancien ministre Michel Eddé, a condamné l’assassinat de Georges Haoui. Il a rendu hommage à ce « combattant, ce leader politique national démocratique », victime d’un nouveau crime terroriste d’une série programmée de mort ambulante, qui frappe le Liban et en terrorise la population, fauchant en son sein des martyrs, tandis que les Libanais suivent les cortèges de deuil. La Ligue répercute ensuite l’effroi de la population devant un phénomène qui fait du Liban, depuis quarante ans, le premier pays au monde en matière d’assassinat politique. Elle rappelle que deux présidents de la République, deux chefs de gouvernement ont été assassinés ainsi que des députés, des chefs de partis, des leaders, des chefs de communautés spirituelles, un grand nombre de journalistes, d’écrivains, d’universitaires, de penseurs. Pour souligner que la peine se double d’une profonde amertume face à l’impuissance d’arrêter la terreur, l’incapacité de dévoiler ces crimes abominables, de faire la lumière ne serait-ce qu’une fois au sujet des commanditaires et des exécutants. Le communiqué souligne l’existence d’un plan de mise à mal de la sécurité comme de la stabilité du pays. Il reflète l’inquiétude devenue quotidienne de la population, ainsi amenée à se demander à quoi sert, et où va, le devis consacré à la sécurité, aux services sécuritaires et militaires, qui absorbe la majeure partie des dépenses prévues dans le budget général de l’État. La Ligue répète : où vont ces crédits, sur quoi sont-ils dépensés, alors que la sécurité va à vau-l’eau, sans retenue. Tandis que les crimes se multiplient sans que leurs auteurs ne soient jamais démasqués. Et tandis que nombre de particuliers ou d’entreprises se trouvent obligés de recourir à des sociétés de sécurité privées. La Ligue souligne ensuite qu’une situation extraordinaire requiert des mesures exceptionnelles. Il faut de la sorte mobiliser rapidement l’opinion, pour que chaque citoyen devienne vigile, veillant sur lui-même comme sur la sécurité du voisinage. Les Libanais sont dès lors invités à rester vigilants en permanence, notamment dans leurs déplacements. Le communiqué presse les autorités de mettre en place immédiatement une cellule de crise centrale pour souder la coordination entre les services sécuritaires, qui parfois se comportent en rivaux, comme entre eux et l’armée. Cela afin d’unifier la lutte contre le terrorisme, de parer efficacement à la série des assassinats. Cela, comme le font, dans des circonstances analogues, les pays avancés. La Ligue propose également que l’on attribue des crédits aux municipalités pour le déploiement de vigiles de nuit, notamment dans la capitale. Elle réitère qu’il faudrait prévoir une forte récompense pour qui aiderait à découvrir les criminels, planificateurs et exécutants. La Ligue maronite estime que pour faire face à ces dangers pressants, comme pour assumer d’autres missions à caractère fondateur qui se présentent devant le nouveau pouvoir politique, il faut un gouvernement d’union nationale. Capable de parer, par sa force morale, à l’offensive barbare qui vise la sécurité pour affaiblir la résistance du peuple libanais. La Ligue, après avoir présenté ses condoléances pour Georges Haoui, salue la détermination du peuple libanais à ne pas plier devant le terrorisme, qui veut faire de la sécurité son seul sujet de préoccupation pour le détourner des questions de la liberté, de la souveraineté, de l’indépendance, de la démocratie, ou des questions économiques, sociales, de subsistance et pédagogiques. Le communiqué réaffirme que les Libanais sauront tenir bon, malgré les lourdes pertes subies en êtres chers à tous, pour permettre à leur patrie de traverser la présente phase transitoire. Sans se laisser freiner par ceux qui veulent les empêcher de progresser sur la voie de la consolidation de la démocratie, de la réconciliation totale et de l’édification d’un État de droit. Le texte conclut sur un nouvel hommage à Georges Haoui, grand combattant libanais de stature arabe et internationale, ainsi que sur l’assurance de voir le peuple de ce pays continuer son chemin vers la liberté, la démocratie et la saine coexistence.