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Actualités - CHRONOLOGIE

Le chef du plus important bloc parlementaire dédie sa victoire à son père, « aux martyrs et à Samir Kassir… » Saad Hariri tend la main « à tous », y compris Frangié et Aoun(photo)

Certains ont la victoire « triomphaliste », d’autres la préfèrent modeste et digne. Saad Hariri appartient à la seconde catégorie, et dans sa conférence de presse hier, à Koraytem, il a tendu la main à ses alliés et à ses adversaires, appelant au dialogue avec toutes les parties. « Car, a-t-il dit, le Liban appartient à tous ses fils et même ceux qui ont perdu les élections représentent une partie de la population. » Après avoir mené une bataille féroce, dans laquelle il s’était placé en première ligne, n’hésitant pas à prendre des risques et à s’investir personnellement, quitte à essuyer de nombreuses critiques, Saad Hariri, qui est désormais le chef du plus important bloc parlementaire, a déclaré hier devant les représentants des médias locaux et étrangers que la « page des élections était tournée et qu’il fallait maintenant se concentrer sur l’avenir et les projets de modernisation du pays ». C’est donc un jeune homme posé, ouvert et souriant qui s’est adressé aux journalistes au cours de sa première conférence de presse depuis qu’il a repris l’héritage politique de son père. Un premier pas vers la formation d’un gouvernement ? En dépit des questions pressantes, il n’a pas été possible d’obtenir une réponse claire à ce sujet, Saad Hariri affirmant qu’il comptait d’abord consulter ses alliés. D’ailleurs, il a aussi refusé de se prononcer sur l’identité du futur président de la Chambre, malgré la décision (annoncée) de son allié Walid Joumblatt de voter pour l’actuel président de la Chambre, Nabih Berry. Plaçant avant tout la nécessité d’une concertation avec ses alliés, Saad Hariri a insisté sur son attachement à l’unité nationale et sur son refus du confessionnalisme, rejetant ainsi les accusations d’avoir attisé pendant la campagne électorale les instincts confessionnels. Interrogé sur la raison de la victoire de ses listes au Nord, Hariri a même déclaré que cette victoire était due à son alliance avec les Forces libanaises, et avec Kornet Chehwane, mais aussi au vote émotionnel des électeurs en mémoire de son père et leur adhésion à son programme et à l’unité nationale ainsi qu’à leur désir de changement. « C’est la victoire de l’esprit du 14 mars », a-t-il ajouté. Saad Hariri a commencé sa conférence de presse en adressant des remerciements aux électeurs, au gouvernement, et en particulier aux ministères de l’Intérieur et de la Défense ainsi qu’aux soldats qui ont veillé à la sécurité de l’opération électorale et à tous les candidats qui ont contribué, par leur décision, de mener la bataille, à consolider le système démocratique. « Samir Geagea sortira bientôt de prison » Hariri a dédié cette victoire à son père et à ses compagnons ainsi qu’à Samir Kassir et à Marwan Hamadé et aussi à Samir Geagea, qui, a-t-il dit, « sortira bientôt de prison ». Évoquant le programme de Rafic Hariri, cheikh Saad a déclaré qu’il consistait à « réhabiliter l’accord de Taëf et à renforcer la coexistence entre les Libanais. Mais c’est aussi un programme d’essor économique, de réforme administrative et d’indépendance de la justice. Ils ont saboté ce programme, mais désormais les Libanais n’accepteront plus une politique visant à paralyser la vie économique et sociale ainsi que le développement », a-t-il dit. Hariri a encore déclaré que le Liban se trouve aujourd’hui face à une nouvelle étape, qui nécessite un sursaut national capable de sortir le pays du brouillard dans lequel les élections l’ont placé. Selon lui, les élus, qu’ils soient des alliés ou des adversaires, représentent tous les Libanais. « Nous ne sommes les adversaires de personne. Nous pouvons avoir des divergences dans les points de vue, mais nous ne permettrons pas à ces divergences de se transformer en problèmes qui entraveraient l’édification de l’État et remettraient en cause le processus démocratique. » Hariri a aussi répondu aux accusations d’achat de voix, affirmant que c’était une insulte à la dignité et à l’intégrité des gens que de lancer de telles affirmations. Il s’est aussi demandé comment on pouvait lui reprocher d’attiser les sensibilités confessionnelles, alors qu’il s’est allié avec les Forces libanaises, avec Kornet Chehwane et avec l’opposition Kataëb. Jugeant inacceptables les accusations portées par l’ancien Premier ministre Omar Karamé contre le mufti de la République, il l’a invité à contacter ce dernier et à lui présenter ses excuses. Enfin, il a affirmé que l’élaboration d’une loi électorale moderne faisait partie des priorités du nouveau Parlement, refusant de se prononcer sur la durée du mandat de l’actuel président de la République, répétant qu’il comptait s’entretenir à ce sujet, entre autres, avec ses alliés et les partenaires au Parlement. « Nous devons nous asseoir et discuter, étudier nos programmes respectifs et échanger les points de vue. Nous n’avons pas l’intention de décider à la place des autres. » Saad Hariri a réitéré sa volonté de dialogue avec tout le monde, y compris le général Michel Aoun, et avec l’ancien ministre Sleimane Frangié. « Nous nous trouvons devant une situation nouvelle, qui exige des efforts de la part de tous les Libanais, et notre porte ne sera fermée à personne. » Enfin, interrogé sur l’appui international dont il semble bénéficier, Hariri a affirmé que cet appui concernait le Liban et non sa propre personne. À la fin de la conférence de presse, Saad Hariri s’est approché des journalistes, soucieux de faire leur connaissance et d’échanger des propos informels avec eux. C’est une sorte de « politique de proximité », un style nouveau au Liban. Scarlett HADDAD

Certains ont la victoire « triomphaliste », d’autres la préfèrent modeste et digne. Saad Hariri appartient à la seconde catégorie, et dans sa conférence de presse hier, à Koraytem, il a tendu la main à ses alliés et à ses adversaires, appelant au dialogue avec toutes les parties. « Car, a-t-il dit, le Liban appartient à tous ses fils et même ceux qui ont perdu les élections...