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Akkar, Denniyé et Bécharré, des régions oubliées, brusquement au cœur des enjeux électoraux Dans la première circonscription du Liban-Nord, une confrontation qui dépasse les considérations régionales

À 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote au Liban-Nord, la tension est à son comble et la fièvre électorale gagne tous les habitants. Pour la première fois dans l’histoire du Liban, le Akkar, région généralement oubliée du reste du pays, est au cœur de l’intérêt général. Traditionnellement, les batailles électorales dans cette région avaient une connotation familiale, à la limite du féodalisme, sur fond de pesante tutelle syrienne. Cette année, toutefois, non seulement les Syriens sont partis, ce qui a longtemps été impensable pour les habitants de la région, mais de plus, avec ses onze députés, cette circonscription, qui regroupe aussi les cazas de Bécharré et Denniyé, est désormais d’une importance vitale pour la composition du nouveau Parlement et pour le nouveau paysage politique du pays. Dans cette circonscription, le Akkar est plus important géographiquement et sur le plan du nombre des habitants que les deux autres cazas. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison qu’il a été transformé en mohafazat, même si la loi électorale n’en tient pas compte. C’est aussi pourquoi dans cette circonscription, les électeurs musulmans inscrits sont plus nombreux que les chrétiens. Ce qui permettrait de croire que l’avantage, au cours des élections, devrait aller à la liste de l’Unité nationale parrainée par le courant Hariri, très populaire dans les milieux sunnites. Mais si l’on examine de plus près la composition de la région, la situation paraît un peu plus complexe. Avant 1975, le Akkar était partagé entre les sunnites et les grecs-orthodoxes. Il ne comportait qu’un seul village chiite, Habchit, dont les habitants seraient venus du Hermel, et quelques agglomérations maronites, dont la plus importante est évidemment Kobeyate. Si les habitants de Kobeyate et de Andkit sont restés sur place pendant les années de guerre, ceux de Beit Mellat, Deir Jannine, Krayyat et d’autres étaient partis à cause des événements. Aujourd’hui, le poids réel dans la région est certes aux sunnites, mais le Akkar a conservé un leadership orthodoxe. Il y a eu ainsi Abdallah Racy, et maintenant Issam Farès, très populaire dans la région au sein de toutes les communautés. Dans ce contexte, les deux listes qui se disputent les voix des électeurs de cette circonscription misent sur des considérations différentes. La liste de l’Unité nationale est essentiellement concentrée sur le courant Hariri, et tire sa force et sa popularité de l’influence considérable de ce courant dans les milieux sunnites de la région, influence qui n’a cessé d’augmenter depuis l’assassinat de Rafic Hariri et le départ des Syriens. La liste rivale, dite de la Décision populaire, mise, de son côté, sur la popularité, elle aussi peu négligeable, du général Michel Aoun auprès des familles des militaires libanais (le Akkar étant le réservoir de l’armée), toutes confessions confondues. Elle mise aussi sur la participation de figures plus ou moins représentatives dans la région. Elle regroupe ainsi plusieurs députés actuels, notamment Mikhaël Daher, très apprécié au Akkar, mais aussi Wagih Baarini et Jihad Samad, qui ont leur propre paquet de voix, ainsi que Karim Racy pour les orthodoxes. Elle bénéficierait aussi de l’appui discret mais réel de Issam Farès, considéré comme un des bienfaiteurs du Akkar. Bref, cette liste serait un mélange d’équilibres familiaux et de figures traditionnelles avec de nouvelles têtes pour répondre aussi à la volonté de changement affichée par le général Michel Aoun et ses alliés. Mais tous les analystes sont d’accord pour laisser entendre que le facteur matériel sera déterminant pour la bataille dans la circonscription de Akkar-Denniyé-Bécharré. Ce qui pourrait être surtout vrai dans les deux premières régions. Mais tous les sondages du monde ne peuvent affirmer avec précision vers quelle liste ira la préférence des électeurs, demain, ou combien de députés de chaque liste seront élus. Ce qui est sûr, c’est que l’alliance Hariri-Joumblatt mise sur les 28 députés du Liban-Nord pour obtenir la majorité au Parlement. Avec déjà 45 députés, elle a besoin de 20 élus pour obtenir, à elle seule et sans alliés, 65 sièges et pouvoir ainsi dicter sa volonté à l’Assemblée. Scarlett HADDAD
À 24 heures de l’ouverture des bureaux de vote au Liban-Nord, la tension est à son comble et la fièvre électorale gagne tous les habitants. Pour la première fois dans l’histoire du Liban, le Akkar, région généralement oubliée du reste du pays, est au cœur de l’intérêt général.
Traditionnellement, les batailles électorales dans cette région avaient une connotation familiale,...