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Actualités - CHRONOLOGIE

Accusations et contre-accusations dans la deuxième circonscription du Liban-Nord Batailles à couteaux tirés entre aounistes et haririens à Tripoli

La bataille qui aura lieu demain s’annonce tout aussi acharnée que celle qui l’a précédée au Mont-Liban. Polarisés à l’extrême, les deux camps qui s’opposeront dans les circonscriptions du Liban-Nord I (Akkar, Denniyé, Bcharré) et du Liban-Nord II (Zghorta, Batroun, Koura, Tripoli et Minié) s’apprêtent à croiser le fer pour conquérir les 28 sièges restants à pourvoir au sein de la prochaine Assemblée. Ce scrutin, qui sera déterminant du point de vue de l’importance des blocs parlementaires futurs, survient au terme d’une campagne dans laquelle toutes les ressources politiques et financières ont été mises à profit. Les rumeurs portant sur un usage excessif de fonds – notamment par la machine haririenne – au cours de cette campagne se sont amplifiées ces derniers jours, alimentant ainsi une polémique de plus en plus virulente entre les deux camps. Si les partisans du camp haririen ont axé leurs attaques sur une « présence syrienne » – réelle ou illusoire – qui serait toujours agissante, leurs adversaires ont répliqué en faisant état de l’achat de voix qui, « dans certaines localités du Liban-Nord, est devenu patent, des chèques de plusieurs milliers de dollars ayant été remis aux moukhtars des régions sunnites », affirme une source proche de la liste de la Décision du peuple. La contre-attaque du côté haririen ne s’est pas fait attendre, des informations filtrées à la presse faisant état de « pressions exercées par des services de renseignements syriens sur des notables influents de Tripoli, les sommant de voter pour la liste Frangié-Aoun ». Une information que les partisans de Frangié mettent sur le compte de la propagande, niant même l’existence de tels services sur le terrain « qui ne sont autres que des mirages », ironisent-ils. Quoi qu’il en soit, les têtes de liste ne sont pas ménagées, usant de toutes les techniques de récupération parfois populistes, les uns misant sur le « danger menaçant leur communauté », les autres sur la corruption, thème qui a fini pas éclabousser les deux bords, Saad Hariri notamment ayant ressorti le malheureux dossier des salles de bingo que Sleimane Frangié espérait faire oublier. Présent 24 heures sur 24 dans un grand hôtel de Tripoli, Saad Hariri a multiplié de son côté les offensives de charme à l’égard des ulémas sunnites, médiateurs par excellence auprès d’une base électorale non négligeable, notamment à Tripoli et au Akkar. Le leader sunnite leur a transmis un message on ne peut plus mobilisateur « qu’ils se chargeront de transmettre fidèlement lors du prêche de vendredi », confie l’un des ulémas. Pour Saad Hariri, c’est « Koraytem qui est visé », les attaques adverses n’étant qu’« une tentative désespérée de fermer les portes de la résidence haririenne », avait-il scandé face à un public survolté. « Une affirmation qui ne saurait être comprise que sous l’angle de la mobilisation communautaire, Saad Hariri ayant repris la même tactique utilisée par son père lors des élections 2000, notamment à Beyrouth », souligne un analyste de la liste concurrente. C’est l’avis, différemment exprimé d’ailleurs, d’un cheikh sunnite de Tripoli, qui affirme que la stratégie haririenne consiste notamment à rappeler aux sunnites, orphelins depuis quelque temps, qu’il doivent restituer à leur communauté son leadership, aujourd’hui incarné par Saad Hariri. « Les Tripolitains considèrent aujourd’hui que les maronites, dans l’ensemble, ont retrouvé leur leadership – incarné par Michel Aoun –, les druzes plébiscité leur chef, Walid Joumblatt, et les chiites leurs représentants traditionnels. D’où leur réceptivité à la contre-offensive lancée depuis une semaine par la machine haririenne », confie cette source. Ce rappel à l’ordre communautaire pourra avoir d’autant plus d’effet que les propos controversés lancés jeudi par Sleimane Frangié à l’encontre de Saad Hariri, le traitant de quelqu’un « qui n’est pas à la hauteur de son père », risquent d’exacerber le sentiment confessionnel et de transformer le vote dans les régions sunnites en un vote d’allégeance religieuse remettant en cause les thèmes de la réconciliation et de la réforme annoncés par les candidats de la liste haririenne. Jeanine JALKH
La bataille qui aura lieu demain s’annonce tout aussi acharnée que celle qui l’a précédée au Mont-Liban. Polarisés à l’extrême, les deux camps qui s’opposeront dans les circonscriptions du Liban-Nord I (Akkar, Denniyé, Bcharré) et du Liban-Nord II (Zghorta, Batroun, Koura, Tripoli et Minié) s’apprêtent à croiser le fer pour conquérir les 28 sièges restants à pourvoir au...