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Actualités - ANALYSE

analyse - La 1559 pourrait déterminer l’évolution locale Un objectif stratégique pour les USA : la tête du Hezbollah

Un vrai panier de crabes. Une maman crustacée n’y retrouverait pas ses petits. De multiples luttes d’influence, ou d’autodéfense, entre des protagonistes tous bourrés de contradictions, mais qui fonctionnent tous en biphasé primaire : vouloir, refuser. En négociant, le cas échéant, sur des positions, sans traiter ni des principes ni des vrais intérêts en jeu. Ce qui suscite des amalgames, une confusion permettant à toute interprétation rhétorique de paraître plausible. C’est ce qui amène, par ricochet, le Libanais moyen à rester perplexe. Chaque fois qu’il entend un son de cloche différent, (et des cloches, Dieu sait si nous en produisons), il lui semble écouter la bonne parole. En effet, en période de mutation, seule l’incohérence d’un marché d’opinions diversifiées offre quelque cohérence logique. La stabilité douteuse des avis qui se neutralisent, qui s’annihilent. Saupoudrée d’une impression de liberté de choix. D’autant plus fausse qu’en réalité, et comme toujours, ce sont des considérations extérieures qui déterminent le plus, sinon le mieux, l’évolution sur la scène libanaise. Où les tiraillements devraient en bonne logique, et en définitive, s’articuler principalement sur la 1559. Qui condense en elle des portées mondiales, régionales et locales. En mettant en présence sur le ring quelques catcheurs de poids. Présentation. – À tout (nouveau) seigneur, tout honneur. Les USA. Ce qu’ils veulent, ici, est commandé par ce qu’ils ne veulent pas ailleurs. La politique préventive, prophylactique, du 11 septembre. De « new containment ». De dissuasion par la persuasion. Il s’agit, ils le disent, de démocratiser autant que faire se peut le monde islamo-arabe. D’où leur sont tombés du ciel, comme la foudre, les terroristes des deux tours jumelles. Ce qui donne, dans le cas libanais, l’anathème frappant le Hezbollah. Jamais exonéré d’avoir, durant la guerre, fauché les boys par centaines. Et qui, de plus, s’oppose frontalement à la pax americana sur le front israélo-arabe. La neutralisation du Hezb, il faut bien le comprendre, est une priorité stratégique pour Washington. Au point que leur hostilité à l’encontre de la Syrie, peut-être aussi à l’encontre de l’Iran, s’explique essentiellement par le soutien apporté à la formation libanaise. Sur l’agenda ponctuel, les législatives relèguent, provisoirement, à l’arrière-plan la 1559, en mettant en relief la démocratisation, pivot général du plan de « containment » cité. Mais, à terme, peu chaut aux States que le Liban soit, ou non, le modèle démocratique régional qu’ils veulent modeler, en regard de l’impératif de gommer le Hezbollah des tablettes. De la liste des ennemis potentiellement dangereux. Mais pour atteindre le but fixé sans casse, il se trouve que les États-Unis ont besoin de s’appuyer sur des éléments, eux-mêmes liés au Hezbollah. Les pressions directes sur l’Iran n’y font rien. Atout majeur – Et sur la Syrie, elles n’y suffisent pas. Même si on attaque cette dernière par le flanc, et par Terjé Roed-Larsen interposé, au sujet de la persistance de l’action clandestine de ses SR au Liban. Damas, qui a déjà cédé du terrain, en se retirant avec armes et bagages de ce pays, n’a, en effet, aucune raison de renoncer à un atout majeur, dont elle n’est pas comptable. Pour elle, le maintien du Sud-Liban en front semi-ouvert, avec le concours du Hezbollah, et sous le prétexte de Chebaa, reste à ce jour le seul moyen choc de faire contre-pression territoriale, dans l’espoir de récupérer le Golan. Mais aussi le seul bouclier solide contre d’éventuelles tentatives de déboulonner, ou de déstabiliser en profondeur, son régime intérieur. S’il lui fallait y renoncer, ce ne serait pas avant d’avoir obtenu à la fois des garanties et un desserrement de l’étau. Dans ce cadre, et c’est une perspective que beaucoup d’observateurs n’excluent pas, il n’est pas impossible que s’ouvrent de nouveau des négociations secrètes entre Américains et Syriens. Mais pour le moment, ces adversaires croient encore pouvoir arriver à leurs fins propres sans composer. Par la force et la contre-force en quelque sorte. – Avec des chances apparemment égales. Car les USA se retrouvent quand même devant un dilemme ponctuel. Le Hezbollah, pour se protéger, a tout mis en œuvre pour un large soutien libanais. Il y a d’ailleurs réussi. Mais pas tout à fait. Disons à 66 %, le poids islamique global dans ce pays. Par chance, pour lui, c’est aux musulmans, d’ici comme d’ailleurs, que la politique stratégique américaine s’adresse. Washington, qui fait du Liban une base contrôlée via Awkar, ne tient pas à se les mettre à dos. Et laisse donc courir le slogan poudre aux yeux qui prétend que l’armement du Hezb est une question interne, à traiter par un dialogue interlibanais. Ce dont, bien évidemment, le Hezbollah est le tout premier à convenir. Il se trouve en effet précarisé pour plusieurs raisons : le retour en force du conservatisme iranien dont il n’est pas proche ; le retrait syrien ; la ligne pactisant des autorités palestiniennes ; la montée en puissance, sur le plan local, d’une tendance islamique libérale, voire proaméricaine. Il lui faut donc, et il le répète d’ailleurs sans cesse, s’ouvrir au maximum à toutes les parties libanaises. Il continue ainsi à tendre la main tant à Bkerké qu’à Aoun. Alors que ces deux pôles se prononcent clairement pour son désarmement. En soulignant que le Hezbollah ne peut pas, ne doit pas, continuer à baigner dans l’illégalité. Devant la loi, comme des chances. Mgr Sfeir souligne ainsi qu’il ne peut y avoir une partie libanaise en armes, alors que les autres ne le sont pas. Le général de son côté n’admet pas, et c’est normal de sa part, qu’il y ait deux armées, dont une seule nationale, pour défendre le pays. Ce point du respect de la loi, et de l’État de droit, est pour le Hezbollah un handicap d’autant plus lourd qu’il affirme vouloir les conforter. En fin de compte, et il le sait sûrement, le Hezb devra baisser les bras. Il est peu probable qu’un faux-fuyant à la libanaise, du genre cooptation des combattants par l’armée, soit admis par les États-Unis, l’Union européenne et les Nations unies. Il reste qu’aussitôt après les législatives, et avant la mise en œuvre de la trompeuse promesse d’une nouvelle loi électorale, c’est la 1559 qui va prendre la vedette. Il reste aussi qu’à partir du moment où les Américains acceptent de laisser sa chance à un débat local préliminaire, le Hezbollah va sans doute gagner beaucoup de temps, avant de se faire envoyer sur les roses. Un an, peut-être, et en un an, il peut se passer beaucoup de choses. Jean ISSA

Un vrai panier de crabes. Une maman crustacée n’y retrouverait pas ses petits. De multiples luttes d’influence, ou d’autodéfense, entre des protagonistes tous bourrés de contradictions, mais qui fonctionnent tous en biphasé primaire : vouloir, refuser. En négociant, le cas échéant, sur des positions, sans traiter ni des principes ni des vrais intérêts en jeu. Ce qui suscite des...