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Actualités - OPINION

La proportionnelle remonte dans les sondages des professionnels

Plusieurs politiciens, qui jugeaient la proportionnelle compliquée et inadéquate dans un pays sans système de partis, lui trouvent maintenant bien des qualités, comparée à la 2000 qui produit, à leur goût, trop de députés inconnus, parachutés, débarqués de n’importe où. Parfois en lieu et place de figures, modérées, sensées, aussi connues que respectées dont les sièges auraient été sans doute préservés si l’on avait appliqué la proportionnelle. Ce qui aurait permis de conforter le postulat que le Liban ne se gouverne qu’au centre, par la voie d’un modérantisme raisonnable, fondé sur la règle des équilibres, loin de toute domination d’une communauté sur une autre. Dans le cadre d’un partenariat égal, équitable, de démocratie consensuelle, et non numérique, respectant le pluralisme. Un expert, Abdo Saad, affirme que la proportionnelle rend mieux compte de la représentativité. Il cite en exemple Baabda-Aley, où avec 54 % des votes exprimés, une liste a pu emporter les 11 sièges, sans rien concéder à la liste rivale qui a décroché 46 % des suffrages. Ce qui revient à dire que ces 46 %, pour nombreux qu’ils soient, n’ont pas voix au chapitre et ne sont aucunement représentés à la Chambre. Avec la proportionnelle, ils auraient eu cinq sièges. Au Metn, la liste gagnante a eu sept sièges. La perdante, un seul, et encore par vacuité. Alors qu’avec les 32 % qu’elle a marqués, elle aurait eu droit à trois sièges. Au Kesrouan-Jbeil, la liste victorieuse a tout raflé, avec 65 % des voix. Alors que la liste adverse s’est trouvée privée des trois sièges sur huit que la proportionnelle lui aurait attribués. C’est évidemment la même chose à Baalbeck-Hermel, au Chouf, dans la Békaa-Ouest ou à Zahlé. « The winner takes it all », comme dit la chanson des Abba, sans laisser de miettes, et en frustrant l’électorat minoritaire. Ce qui donne au concept de démocratie une coloration d’absolutisme contraire à sa nature. Encore qu’on peut se demander pourquoi un candidat qui aurait obtenu plus de voix qu’un autre (ce qui est le cas pour le dernier d’une liste et le premier de la suivante) doit lui céder son siège. La solution logique serait que passent d’abord, jusqu’à concurrence des sièges réservés à une circonscription, ceux qui ont marqué le plus de points. On ajouterait ensuite des sièges au titre de la proportionnelle. Mais cela ferait une Chambre pléthorique, alors qu’elle l’est déjà. C’est un peu pourquoi certains proposent que l’on adopte l’uninominale en réduisant le nombre de députés. D’autres restent attachés au caza. D’autres encore plaident pour le mohafazat, avec ou sans proportionnelle. Il se trouve également des partisans d’élections réservées aux partis, pour atténuer le caractère d’affrontement confessionnel que le scrutin a pu avoir à Zahlé ou à Baabda-Aley et qu’il risque de revêtir au Nord. Mais ces partis, encore faut-il les trouver, les promouvoir. Et il est douteux qu’en quatre petites années, on puisse passer d’un système politique clanique confessionnel à un système de partis. Car cela implique un changement profond de mentalité. Retour à la proportionnelle. Interrogé sur ce point, le ministre de la Justice, Khaled Kabbani, relève que chaque formule a ses avantages et ses défauts. Il note que la France, après avoir essayé la proportionnelle, est revenue à l’uninominale. Ajoutant que dans le principe, la proportionnelle est plus équitable puisqu’elle ne laisse aucun courant sur le bord de la route. Par contre, son désavantage est qu’elle ne produit pas des gouvernements stables, car leur composition s’en trouve trop éclatée. Émile KHOURY

Plusieurs politiciens, qui jugeaient la proportionnelle compliquée et inadéquate dans un pays sans système de partis, lui trouvent maintenant bien des qualités, comparée à la 2000 qui produit, à leur goût, trop de députés inconnus, parachutés, débarqués de n’importe où. Parfois en lieu et place de figures, modérées, sensées, aussi connues que respectées dont les sièges...