Rechercher
Rechercher

Actualités

La vague anti-Lahoud reflue légèrement

Le Hezbollah, par la bouche de son secrétaire général adjoint cheikh Naïm Kassem, se prononce contre le renversement du régime. Qui paraît en meilleure posture, aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il bénéficie, si l’on peut dire, d’un sursis. On sait en effet que dès la prorogation, début septembre, Walid Joumblatt a milité pour le départ. Lors des rencontres du Bristol, il s’était rendu aux raisons de ses alliés, notamment de Kornet Chehwane, pour qui la priorité devait aller aux législatives afin de ne pas laisser à la Chambre sortante, dominée par les Syriens et leurs fidèles, le soin de nommer le remplaçant. Puis, après le retrait des Syriens, la campagne pour l’éviction avait repris, cette fois avec l’apport de certains opposants initialement réfractaires à l’idée. Et avec le soutien actif de tous ceux qui, autour du camp Hariri meurtri par l’assassinat du président martyr, voulaient en finir avec les symboles d’un pouvoir assujetti. Notamment avec un régime accusé de continuer à couvrir, voire à diriger, les fantômes. Le président Lahoud s’est défendu avec acharnement en tentant de porter la contre-offensive dans les rangs adverses. Convoquant la presse au palais, il s’est lancé dans un virulent réquisitoire contre des pôles qui ont retourné leur veste, les accusant de dérives multiples dans l’exercice antérieur du pouvoir et d’avoir notamment couvert les prévarications des pourris, en menaçant d’ouvrir nommément des dossiers. Il a à maintes reprises proclamé qu’il resterait jusqu’à la dernière minute de son mandat prorogé. Il a voulu, dimanche dernier, en administrer une preuve publique éclatante. En allant voter. Réitérant ses vives critiques, mais toujours sans les nommer, contre ceux qui réclament son éviction. Les qualifiant de profiteurs et de mauvais responsables. Pendant ce temps, Joumblatt reprenait ses charges, avec le concours, entre autres, de Marwan Hamadé. Mais la troisième voie, et la troisième voix, semble favoriser le maintien du statu quo au niveau du régime. Ainsi, Berry a d’abord dit qu’il faut laisser la question au patriarche Sfeir. Pour relever ensuite, à partir des mécanismes juridiques, qu’en pratique, la question de la démission ne peut être posée qu’à Lahoud lui-même. Façon de rappeler que s’il ne veut pas décrocher, il est impossible de l’y forcer par les procédures constitutionnelles, puisque c’est à lui-même de les signer. Mikati se dit, pour sa part, du même avis. Cependant, c’est surtout vers Sfeir que les regards se sont tournés. Dans un premier temps, il a sauvé le régime temporairement. En remarquant, au sujet du sit-in qui devait être organisé à proximité du palais au lendemain de l’assassinat de Samir Kassir, que lorsqu’on a attendu 30 ans le changement, on peut bien patienter encore 30 jours. Le temps que les élections se terminent. Allant plus loin quelques jours plus tard, le patriarche a fermement condamné tout renversement du régime par la force, par le recours à la rue. Il a recommandé un traitement raisonnable, pour un consensus réalisé dans le calme sur base d’unanimité, afin de conforter l’unité des rangs internes et d’éviter de dangereuses confrontations. Le Hezbollah, quant à lui, se montre fidèle à son pacte, déjà ancien, d’alliance avec le régime, qui l’a toujours défendu, refusant qu’il soit désarmé et de déployer à sa place l’armée au Sud. Partant de là, Joumblatt lui-même, qui accorde beaucoup de prix à son alliance avec le Hezbollah, se met à dire que si les chrétiens et Bkerké veulent que Lahoud reste, il n’y a pas de problème pour lui. Mais en ajoutant qu’il est disposé à coopérer dans ce cadre avec le général Aoun. Précisant qu’il n’aurait pas d’objection à voir ce dernier accéder à la présidence, s’il y a un consensus général à ce propos. Quant à Aoun, il trouve prématuré de soulever la question de la démission du chef de l’État. Il affirme qu’il faut d’abord s’entendre non seulement sur un nom mais aussi, et surtout, sur un programme. Rappelant qu’il en a un lui-même, il précise que le cas échéant il serait prêt à réoccuper Baabda. Sur un plan pratique, les élections du Mont-Liban semblent favoriser les chances du général car quelques prétendants sérieux se sont trouvés évincés. Soit qu’ils aient dû se retirer de la course, comme Farès Boueiz, soit qu’ils aient été battus, comme Nassib Lahoud, Farès Souhaid, Mansour el-Bone, Khalil Hraoui ou Carlos Eddé. Il reste, dans ce tableau, à savoir ce qu’il va advenir au Nord d’autres présidentiables de poids, Boutros Harb et Mikhaïl Daher, apparemment avantagés dans leur région par le désistement de Jean Obeid. Philippe ABI-AKL

Le Hezbollah, par la bouche de son secrétaire général adjoint cheikh Naïm Kassem, se prononce contre le renversement du régime. Qui paraît en meilleure posture, aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il bénéficie, si l’on peut dire, d’un sursis. On sait en effet que dès la prorogation, début septembre, Walid Joumblatt a milité pour le départ. Lors des...