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Les lecteurs ont voix au chapitre

Un gaspillage Un gaspillage. De temps et d’énergie. Voilà l’impression qu’on peut avoir au vu des résultats des élections dans le Mont-Liban. Car cette journée électorale ainsi que toutes les législatives 2005 montrent une chose : qu’on peut en quelques mois gagner ce que d’autres en 15 ans n’ont pas réussi à construire. D’un côté, on assiste depuis l’assassinat de Rafic Hariri à une sacralisation du personnage et à une intronisation d’un novice en politique, son fils, Saad. Certes, le lâche attentat qui a coûté la vie à l’ex-Premier ministre fut une tragédie pour l’histoire du Liban et a accéléré le retrait syrien. Mais de là à faire de celui qui collabora avec le pouvoir en place pendant 10 ans le chef de l’opposition, c’est insulter la mémoire de tous ceux qui ont manifesté pour la souveraineté et l’indépendance pendant ces 15 ans d’hégémonie baassiste. De l’autre côté, on assiste à la percée du général Aoun, qui, lui, s’est toujours placé clairement du côté de l’opposition au régime en place. Seulement, de l’extérieur, il a réussi à construire un mouvement politique structuré et discipliné, et à développer une ligne cohérente dans ses discours. Ce que l’opposition traditionnelle, notamment les personnalités de Kornet Chehwane, n’ont pas réussi à faire. Depuis son retour, il a réussi à convertir son aura d’exilé en popularité d’homme de terrain. Cette dynamique ne fait malheureusement que prolonger la marginalisation des chrétiens dans la vie politique libanaise. L’opposition qui a été réprimée pendant toutes ces années était majoritairement chrétienne, et voilà que Walid Joumblatt puis Saad Hariri sont reçus par Jacques Chirac et George W. Bush en tant que chefs de l’opposition. Ziad GEBRAN Colère et incrédulité J’assiste depuis Paris aux élections avec un sentiment où l’incrédulité se mêle à la colère et à la déception, avec en toile de fond une question simple : « Mais que font-ils ? » J’ai d’abord mis mon désarroi sur le compte de ma connaissance trop limitée de la politique au Liban : il doit y avoir une logique derrière tout cela. Mais en lisant les journaux, en prenant l’avis de personnes plus à même de porter un jugement, mon prétexte pour garder l’esprit tranquille s’est bien vite évanoui : « Ils font vraiment n’importe quoi, ce n’était pas qu’une impression ! » Les questions qui me paraissent les plus évidentes ne trouvent pas de réponse. Quel est le programme de telle liste ? Si des listes s’allient, c’est qu’elles doivent avoir une vision commune pour le pays. Comment expliquer alors les alliances qualifiées d’antinaturelles ? Quelle est la légitimité de telle ou telle personne si ce n’est qu’un membre de sa famille a un jour réalisé quelque chose de bien ? Si je peux concevoir que des clans aient besoin de laver leur linge sale et se lancer quelques vérités au visage (histoire de se défouler un peu) avant de simuler leur alliance, j’ai plus de mal à accepter que cela se fasse en public, et que ces alliances permutent plus vite qu’il ne faut de temps pour le dire. Je n’ai pas vu de grandes familles le 14 mars lors des diverses manifestations au centre-ville. Même si cela peut être difficile à accepter, un recyclage s’impose, et en profondeur, d’autant qu’il semble que tout est déjà programmé à une échelle autrement plus large que celle de nos querelles politiciennes, lesquelles doivent en amuser plus d’un. Valérie JAMBART HEC Paris Beaucoup de désillusions quand même Les élections ont lieu sur une base juridique dictée par la Syrie et connue sous le terme de la loi 2000. Le rêve de certains Libanais de voir leur pays gouverné par une nouvelle génération n’est pas près de se réaliser. Le féodalisme est profondément ancré dans les mœurs, rien n’est fait pour changer cela ou plutôt tout est fait pour que cela ne change pas. L’inconnu que représente la réforme est beaucoup trop aléatoire pour lui permettre d’exister. Comment dire au monde que la loi qui régit ces élections n’est pas juste ? Les minorités qui pourraient être favorisées par la proportionnelle n’ont pas le droit à la représentativité puisqu’il s’agit d’un scrutin majoritaire. Beaucoup de candidats ont été élus par manque d’adversaire. L’abstention est énorme eu égard au fait que ce pays vient de se débarrasser de son tuteur. Est-ce que la jeunesse qui est descendue dans la rue le 14 mars l’a fait pour garder, une fois débarrassée de la Syrie, les mêmes personnes aux mêmes postes ? Une fois les élections terminées, cette jeunesse restera-t-elle les bras croisés en attendant des jours meilleurs, fruit d’une hypothétique conjoncture internationale favorable ou bien mettra-t-elle suffisamment la pression pour engager de vraies et profondes réformes englobant pour commencer, l’État, sa classe dirigeante, l’économie et la sécurité ? Le système politique libanais actuel est gangrené et toute émanation de ce système, fût-ce pour les élections, l’est tout autant. Il est absolument inutile et extrêmement dangereux pour l’avenir de notre pays de continuer à faire confiance à un tel système. Le remède doit être adapté et radical ; une refonte de notre système politique est un préalable primordial à toute reprise de la vie politique démocratique digne de ce nom. Dr Riad JREIGE Salah Honein, un maître Belle leçon de maîtrise de soi que nous a donnée maître Salah Honein, lors de sa conférence de presse annonçant son retrait des élections législatives. Cela ne fait que rendre son désistement plus navrant, car c’est de législateurs de cette trempe que nous avons le plus pressant besoin. Légiférer ne peut se faire qu’avec la raison, et rien que la raison, pour que la loi reste loin des servitudes et sentiments personnels, et soit pleinement démocratique. Le député Honein a fait preuve de beaucoup de raison en se retirant de manière noble et mesurée. Au sein de cette arène politique, arène véritable puisque la mise à mort de tout candidature peut survenir à tout moment, sa voix n’en aura été que plus retentissante. Thérèse Irani HAGE Victime de calculs mesquins Les alliances électorales auront finalement écarté Salah Honein de la course. Je viens ici crier mon indignation. Salah, pourquoi a-t-il fallu que ton courage, ton intégrité, ta discrétion et ta détermination se retournent contre toi ? Pourquoi a-t-il fallu que des calculs mesquins et des machinations honteuses nous privent de responsables de ta trempe ? Toi qui as tellement travaillé, et avec tellement de conscience, motivé simplement par ta volonté d’une société meilleure. Je ne sais quelles intrigues secrètes t’ont évincé de la bataille. Mais je sais que le perdant ce n`est pas toi, mais plutôt la région que tu représentes, le Parlement, et même le Liban dans son ensemble. J’ai la profonde certitude que cette fâcheuse épreuve ne va pas t’empêcher de continuer à défendre les libertés et à dénoncer les injustices. Je suis sûre que même loin des projecteurs – que d’ailleurs tu n’affectionnes pas particulièrement –, tu ne cesseras de militer pour la démocratie, véritable cheval de bataille de ton sens aigu du patriotisme. J’espère, Salah, que nous te reverrons tres bientôt sur une scène politique affranchie de toute basse combine. Ne t’en fais pas. Va librement ton chemin. Nous resterons toujours à tes côtés. L’avenir est devant toi ; celui du Liban aussi. Claude ASSAF

Un gaspillage

Un gaspillage. De temps et d’énergie. Voilà l’impression qu’on peut avoir au vu des résultats des élections dans le Mont-Liban. Car cette journée électorale ainsi que toutes les législatives 2005 montrent une chose : qu’on peut en quelques mois gagner ce que d’autres en 15 ans n’ont pas réussi à construire. D’un côté, on assiste depuis l’assassinat de...