Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

La vérité

Si le monde est devenu un village planétaire, que dire d’un pays qui, à l’échelle du monde, est déjà un petit village ? Ce qui se passe dans notre pays est indigne de gens qui se disent civilisés. La mort de Samir Kassir en est une parfaite illustration. Nous n’avons pas connu l’homme, mais nous avons été instruits par le courage du penseur. Nous disons seulement qu’un pays qui semble s’accommoder de l’assassinat politique n’est pas digne de figurer dans le concert des nations. De plus, les fausses élections en cours révèlent, à ceux qui l’ignorent encore, la nature profonde de ceux qui prétendent être l’élite du Proche-Orient. Qu’on arrête de nous abreuver de slogans sur une soi-disant souveraineté, ou une chimérique liberté, ou une hypothétique indépendance. Au moins qu’on se dise la vérité, même si elle n’est pas agréable à entendre, même si elle est blessante. Qu’on se dise la vérité. Car tout ce qui est bâti sur le mensonge restera mensonge. Le Liban est bâti sur le mensonge. Il est resté mensonge. Et il le restera tant que la culture de la vérité n’aura pas triomphé. La vérité, c’est que nous ne sommes ni un peuple ni un État, et encore moins une nation. Nous sommes un amalgame de groupuscules qui se sont retrouvés par hasard sur cette terre parce qu’ils fuyaient des persécutions. Oui, nous sommes un ensemble de fuyards tout heureux d’avoir trouvé un endroit pour nous réfugier. Souveraineté, liberté, indépendance, parlons-en ! Quand donc ce minuscule territoire a-t-il été souverain, ou libre, ou indépendant ? Jamais dans toute son histoire, moderne ou ancienne, il n’a connu ne serait-ce que le début d’une souveraineté, ou l’ombre d’une liberté, ou le goût d’une indépendance. Pouvoir du pouvoir, attribution exclusive de l’État, comment la souveraineté peut-elle s’accommoder de l’inexistence d’un État ? Comment un État peut-il exister avec des volontés contradictoires et des contrats opposés ? Il n’y a jamais eu de volonté commune, encore moins de contrat social. Il ne peut par conséquent y avoir d’État. Or, pas d’État, pas de souveraineté. De plus, la seule chose que nous maîtrisons, c’est l’achat-vente. De l’antique Phénicie jusqu’à nos jours, nous n’avons excellé que dans ce domaine. Nous achetons tout. Et nous revendons tout, y compris nos consciences et nos âmes, pourvu que ça rapporte. Même, et surtout, la politique chez nous est traitée comme n’importe quelle affaire commerciale. Combien ça coûte, combien ça peut rapporter ? Et surtout le retour sur investissement doit être à très court terme ! Il ne doit en aucun cas dépasser les 12 mois. Ah oui, le deuxième domaine que nous maîtrisons est le service. Nous savons rendre service et nous le faire payer gracieusement. Et pour ce faire, il faut seulement savoir plaire. Arriver au stade de dénigrer son pays, alors que nous vivons de notre « exil » à l’ombre de ses joies et ses tristesses, c’est que la blessure est grave. Et celle causée par l’assassinat de Samir Kassir est beaucoup trop profonde. Pardonne-nous, Liban. Tu as toujours été notre seule destination. Et tu le resteras. C’est que, simplement, nous ne pouvons les voir te souiller sans rien dire. Si l’assassinat de Rafic Harriri a été un séisme, la mort de Samir Kassir doit symboliser le réveil d’un volcan qui ne doit s’éteindre qu’avec la remise sur les rails du train vérité. Jeunes du 14 mars, ne les laissez pas faire dérailler votre train. Raymond NAMMOUR

Si le monde est devenu un village planétaire, que dire d’un pays qui, à l’échelle du monde, est déjà un petit village ? Ce qui se passe dans notre pays est indigne de gens qui se disent civilisés. La mort de Samir Kassir en est une parfaite illustration. Nous n’avons pas connu l’homme, mais nous avons été instruits par le courage du penseur. Nous disons seulement qu’un pays...