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Actualités - CHRONOLOGIE

Le député-élu s’est rendu à Ehden à l’occasion de la commémoration de l’assassinat de Tony Frangié Aoun joue les médiateurs entre Sleimane Frangié et Omar Karamé au Liban-Nord(photo)

Le député-élu Michel Aoun n’a pas choisi n’importe quel jour pour aller à Ehden rendre visite au leader zghortiote Sleimane Frangié, son allié au Liban-Nord. La rencontre intervient certes au lendemain de la victoire du CPL au Metn-Nord et au Kesrouan-Jbeil et à la veille des élections du Nord, mais coïncide surtout avec la date de la commémoration de l’assassinat de Tony Frangié, le 13 juin 1978. À l’issue de la rencontre, les deux hommes ont tenu une conférence de presse commune, en présence notamment de MM. Gebrane Bassil, Fayez Karam et Pierre Raffoul. « Ce jour triste dans notre histoire s’est transformé aujourd’hui en jour de joie, avec la visite du général Michel Aoun à Ehden. Il s’est également transformé en jour historique en raison de la consolidation de l’alliance entre le général et nous, que ce soit avant ou après les élections », a indiqué M. Frangié. « Nous connaissons le général Aoun depuis un laps de temps assez court, mais c’est comme si l’on était des amis de longue date. Nous considérons que nous sommes les amis du général Aoun et nous sommes fiers du fait qu’il nous ait qualifiés d’amis lors du meeting du CPL à Selaata. S’il nous perçoit en tant qu’amis, nous le considérons comme un frère et comme l’une des références principales du pays », a-t-il indiqué, précisant que c’était là « le début d’une longue alliance » bâtie sur la sincérité et la constance entre les deux leaderships. « Il n’y aura pas de retournement de positions. Nous étions chacun dans un camp différent, et aucun de nous n’a changé ses convictions durant cette période. Il s’agit d’un fondement essentiel de l’alliance qui existe entre nous. Et nous serons ensemble à l’avenir, parce que les circonstances qui étaient source de conflit entre nous ont disparu. Dans ce cadre, les élections d’hier constituaient un vote contre le mensonge politique, les revirements dans les positions. Peut-être qu’ils ont trompé les gens durant une certaine période, mais le peuple a prouvé qu’il ne peut être berné et qu’il sait choisir l’homme sincère et constant », a-t-il ajouté. Après avoir exprimé sa joie de rencontrer Sleimane Frangié, même si c’est à une occasion qui est source de tristesse, le général Aoun a replacé ces retrouvailles dans le contexte d’une « relation fondée sur la nécessité de construire un Liban nouveau, avec une mentalité nouvelle ». « Bientôt, espérons-le, cette mentalité se propagera partout au Liban sans que personne ne puisse s’y opposer. Tous seront obligés d’adopter un autre style, sinon le peuple les rejettera », a ajouté le général Aoun. « Vous avez remarqué que la bataille du Mont-Liban a été fondée sur des mensonges et des rancunes personnelles. Nul n’a pu débattre avec nous de notre programme. Chacun évoque le passé, son héroïsme et la manière avec laquelle il s’est opposé à la Syrie, tandis que nous sommes désormais, paraît-il, dans le giron syrien, et ce alors que je dois comparaître le 5 juillet devant les tribunaux pour atteinte aux relations avec la Syrie », a souligné Michel Aoun. « Tout cela est vraiment burlesque et prouve que le niveau politique au Liban a atteint le degré zéro (…) », a-t-il indiqué. Répondant aux propos de Walid Joumblatt, qui avait parlé dimanche soir de « future guerre civile » après les premières estimations des résultats, Michel Aoun a affirmé : « Ce discours politique contient beaucoup d’hystérie. Je ne comprends pas sur quoi il s’est fondé pour me traiter d’extrémiste. S’il est question de la défense de la souveraineté et de l’indépendance du Liban, oui, je suis extrémiste, et j’en ai payé le prix durant quinze ans. Je suis extrémiste dans la défense de la justice et du droit du peuple libanais à demander un audit sur le gaspillage des fonds publics. La modération doit se situer au niveau des relations avec les autres. Et puis ce n’est pas quand on perd qu’on se met à menacer d’une guerre civile. Walid Joumblatt l’a fait hier parce que nous avons gagné. L’extrémisme n’est pas toujours un vice. Défendre farouchement le droit et la justice est une vertu ». Il devait ensuite ajouter que « Joumblatt est victime d’une dépression nerveuse », qu’« aucun traitement politique ne sera efficace », et que le chef du PSP « a besoin d’un autre genre de traitement, médical celui-là ». Michel Aoun a par ailleurs estimé que le Hezbollah était libre de voter comme il l’entendait à Baabda-Aley, évoquant en outre les répercussions qu’aura sa victoire au Metn, au Kesrouan-Jbeil et à Zahlé sur les élections au Nord. Il a en outre précisé qu’il ne se pose pas en leader chrétien même si certains se plaisent à lui coller cette étiquette. « Je n’ai pas pour autant honte de ma chrétienté. Je suis croyant (…), mais mon discours est national et rassembleur », a-t-il précisé. Et de rappeler qu’il est issu de l’institution militaire, où les considérations confessionnelles n’ont jamais joué de rôle. Ainsi, a-t-il dit, durant la période 1988-1990, ses aides de camp les plus proches, ceux qui s’occupaient de l’intendance et à qui il faisait le plus confiance, étaient originaires du Akkar. « Ce sont eux (ses détracteurs) qui vivent de la division confessionnelle », a-t-il ajouté. Le général Aoun a par ailleurs indiqué que « Michel Murr n’avait tué personne ». Il a ensuite indiqué qu’il « n’a pas rencontré le président Lahoud et qu’il n’y a pas eu un échange de messages » entre eux. Il devait ajouter que Lahoud a peut-être voulu être réformateur à un certain moment, mais qu’il n’a pas pu le faire, précisant que s’il avait voté pour la liste aouniste au Metn, « c’est peut-être parce qu’il est convaincu que nous représentons effectivement la ligne de la réforme et du changement ». Le général Aoun devait ensuite se rendre à Tripoli, en compagnie du leader zghortiote, chez l’ancien Premier ministre Omar Karamé, pour réconcilier (mais peut-être pas électoralement) les deux hommes disputés depuis quelques jours, en présence de deux des candidats maronites aounistes sur la liste CPL au Nord, Gebrane Bassil, le colonel Fayez Karam et le coordinateur du CPL, Pierre Raffoul. Aoun, Karamé et Frangié ont ensuite tenu une conférence de presse à l’issue de la rencontre, qui a duré quarante minutes. Prenant la parole, M. Karamé a annoncé qu’il appuie le discours réformateur et les idées du général Aoun, qu’il a qualifié de « cheikh des honnêtes gens ». Il a précisé qu’il y avait eu un malentendu entre lui et Sleimane Frangié durant les derniers jours. Il a précisé qu’il s’était engagé à boycotter les élections, mais qu’il laisse à ses sympathisants le choix de voter comme ils veulent. De son côté, le général Aoun a de nouveau critiqué Walid Joumblatt, estimant qu’il « change d’avis comme il change d’habits » et que « ses opinions sont aussi variables que le temps ». Il a ensuite appelé les habitants du Nord à « rejeter la tentation de l’argent qui risque de les corrompre et de falsifier leur volonté », précisant qu’il formera un front uni avec ses alliés au Parlement. Quant à Sleimane Frangié, il a estimé que Tripoli serait « une heureuse surprise » pour la liste qu’il présidera, et que « la bataille opposera ceux qui tergiversent et ceux qui sont fidèles à leurs principes ».

Le député-élu Michel Aoun n’a pas choisi n’importe quel jour pour aller à Ehden rendre visite au leader zghortiote Sleimane Frangié, son allié au Liban-Nord. La rencontre intervient certes au lendemain de la victoire du CPL au Metn-Nord et au Kesrouan-Jbeil et à la veille des élections du Nord, mais coïncide surtout avec la date de la commémoration de l’assassinat de Tony...