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Un taux de participation de 48 % et un enthousiasme jamais vu Zahlé, une bataille féroce marquée par les accusations d’achats de voix (photos)

C’est une bataille électorale en bonne et due forme, comme on en a rarement vu depuis bien longtemps, qui s’est déroulée hier dans le caza de Zahlé, comptant 140 981 électeurs inscrits, dont 60 % de chrétiens et 40 % de musulmans. Une bataille marquée par un taux global de participation relativement élevé (48 %), alors que l’enthousiasme des électeurs se concrétisait parfois dans une participation de plus de 55 %, notamment dans la ville même de Zahlé. Une bataille féroce, également marquée par des échanges d’accusations d’achats de voix et de destruction de cartes électorales. Au cœur de cette bataille, deux listes majeures se disputaient 7 sièges, dont un sunnite, un chiite, un maronite, deux grecs-catholiques, un grec-orthodoxe et un arménien-orthodoxe : la liste du Bloc populaire, dirigée par Élie Joseph Skaff, allié au courant aouniste et au parti Tachnag, comportant les candidats Fouad Turk, Sélim Aoun, Assem Araji, Camille Maalouf, Hassan Yaacoub et Georges Kassarji ; et la liste de la Dignité et de l’entente de la Békaa présidée par Nicolas Fattouche, allié du Courant du futur, des Forces libanaises et du mouvement réformiste Kataëb, comprenant les candidats Mohsen Dalloul, Youssef Maalouf, Khaled Sarout, Élie Mourani et Antoine Nachanakian. Alors que quelques candidats indépendants, notamment Khalil Hraoui, tentaient vainement de se frayer un chemin face à ces méga-alliances. Et que des listes piégées ou fabriquées par certains partis, regroupant des candidats des deux listes, mais aussi des indépendants, étaient distribuées à l’entrée des bureaux de vote. Rumeurs folles Si le scrutin s’est, de manière générale, déroulé sans incidents majeurs, dans le respect apparent des règles démocratiques, les rumeurs les plus folles n’ont pas manqué de circuler, semant le trouble au niveau des candidats et de leurs partisans, et attisant les accusations qui gagnaient en virulence à mesure que la journée passait. On apprenait donc que près d’un millier d’électeurs n’ont pas pu voter faute d’avoir obtenu leur carte électorale. On entendait aussi parler de nombreux cas de distribution de pots-de-vin. On parlait surtout de voitures aux coffres remplis de dollars qui distribuaient l’argent aux électeurs hésitants. On racontait même que des bus entiers transportant de Syrie des milliers d’électeurs avaient été refoulés à la frontière, ou au contraire guidés vers les urnes. Le député Élie Skaff estime ainsi que « plusieurs milliers de voix avaient été achetées par la liste concurrente à un prix variant de 100 à 500 dollars ». « Nous misons sur le taux de participation », indique-t-il encore, précisant que si ce taux est élevé, la liste qu’il préside aura davantage de chances de l’emporter, notamment grâce à son alliance avec le courant aouniste. Le député de la liste adverse, Nicolas Fattouche, rétorque « qu’il n’a pas de leçons à recevoir de la part du Bloc populaire, passé maître, depuis plus de 70 ans, dans l’art de l’achat des voix. Notre alliance a été formée selon nos convictions et a été construite dans l’intérêt de la région, alors que nos adversaires ont adopté un discours confessionnel ». Mais si l’un et l’autre ont finalement déclaré, faisant montre d’esprit sportif, qu’ils accepteraient et respecteraient le choix du peuple, Khalil Hraoui déclarait, lui, vouloir présenter une plainte officielle pour faire annuler les élections de Zahlé. « Des accusations totalement normales, mais sans gravité », observait le mohafez Antoine Sleimane, qui indiquait que les candidats cherchent ainsi à rendre leur bataille plus importante et plus intéressante. Et que leur victoire ou leur échec prend ainsi une valeur plus grande. Ambiance de kermesse Au centre de ces accusations, la ville croulait sous les slogans bon enfant, vantant les qualités de tel ou tel candidat. Les poteaux électriques, les façades des immeubles et même les balcons étaient envahis des photos de ces mêmes candidats. Quant aux convois de voitures, armés de haut-parleurs, ils diffusaient, avec force cacophonie, la musique de leurs candidats et sillonnaient la ville en klaxonnant à qui mieux mieux sous les applaudissements et les acclamations des partisans, venus en masse encourager leurs candidats. Alors que les électeurs se rendaient aux urnes sans discontinuer, contraints même d’attendre patiemment leur tour dans les étroits couloirs des écoles publiques. Encouragés par une foule de scrutateurs enthousiastes et passionnés. Une véritable ambiance de kermesse, n’était-ce les accusations que les têtes de liste se lançaient, directement ou par partisans interposés. « Mais que vient donc faire Hariri à Zahlé ? » demandait un proche du député Skaff, résumant l’état d’esprit des partisans du député zahliote. Quant aux pronostics, ils faisaient aussi partie de la bataille. Si chacun semblait convaincu d’avoir fait les bonnes alliances, tout en reprochant à la tête de la liste adverse ses alliances « contre nature », nul n’osait être trop optimiste. Prudence oblige. Quoi qu’il en soit, en fin de soirée, les résultats préliminaires laissaient entrevoir une victoire totale de la liste présidée par Élie Skaff. Les électeurs auraient-ils opté pour un changement du paysage politique de la fiancée de la Békaa, par rapport aux quinze dernières années marquées par l’ère syrienne ? À l’heure d’aller sous presse, tout semblait l’indiquer. Anne-Marie EL-HAGE

C’est une bataille électorale en bonne et due forme, comme on en a rarement vu depuis bien longtemps, qui s’est déroulée hier dans le caza de Zahlé, comptant 140 981 électeurs inscrits, dont 60 % de chrétiens et 40 % de musulmans. Une bataille marquée par un taux global de participation relativement élevé (48 %), alors que l’enthousiasme des électeurs se concrétisait parfois...