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La mère des batailles, effectivement : Baabda-Aley « Enfin, ma voix porte… Enfin, elle a de l’importance ! » (photos)

7h52 La journée démarre. Ça sent déjà le road-movie dont les journalistes seront pratiquement les seuls spectateurs. Les acteurs, eux, ont déjà planté le décor, sur la route de Damas, dès le faubourg St-Jean : de chaque côté du bitume, des drapeaux orange ou des drapeaux FL. 08h11 Kahalé. Déjà 106 votes. C’est énorme. Une sexagénaire : « Je veux être comme tous les autres dans le monde. Moi je vote pour le prestige de l’armée. » Dans la queue, une toute jeune électrice qui fait son baptême du feu, elle a 22 ans. « Ce n’est pas seulement que Michel Aoun me plaît ; il y a Walid Joumblatt qui m’énerve. » Donc elle ne vote pas pour, mais contre ? « Quelque part, oui. » 08h37 Rachmaya. Puis Aïn Trez. Des photos, beaucoup de photos : Sethrida Geagea. À cette heure, le taux de participation est tout petit encore, mais tous prédisent les 50 %. Les électeurs, chrétiens, panachent à tout va dans ce village où tout le monde n’est pas revenu. Ils disent que c’est la première fois qu’ils votent librement. Ils parlent de l’unité de la Montagne. Louent le patriarche Sfeir et Walid Joumblatt. Un cri fuse : « L’orange. Rien que l’orange. » L’homme applaudit la bataille, « nécessaire pour un choix indépendant ». Les délégués des deux camps restent d’une grande courtoisie. 09h03 Chez Fouad el-Saad, candidat sur la liste Bristol, assis sous le chêne très centenaire de Aïn Trez. « Oui, c’est la mère des batailles. Mais ce n’est pas une question de concurrence. Cela va être plus serré au Metn ou au Kesrouan-Jbeil. Sauf que Baabda-Aley est la plus grande des circonscriptions du Mont-Liban, et elle comprend toutes les communautés et toutes les tendances politiques. Notre but c’est d’avoir plus de 25 % des électeurs chrétiens. » Quelle légitimité pour les députés chrétiens alors ? « C’est l’électeur libanais qui vote. Pas le chrétien. » 09h57 Btater. Le PSP est roi. Les photos des Joumblatt père et fils partout. Collées à celle des époux Geagea. Fort taux de participation. Le « zay ma hiyé » est le maître mot. 10h05 Le candidat aouniste de Aley, Assaad Abi-Raad, se plaint au téléphone, pour L’Orient-Le Jour, qu’aucune télévision n’était là au moment où il a voté. « Moi, je suis le fils de la Montagne, je veux que me frères se retrouvent vraiment. Beaucoup de gens ne sont pas encore revenus, et là c’est le début de la véritable réconciliation. Et l’on doit tout à un seul homme : le général Aoun. Sans lui, il n’y aurait pas eu d’élections. » Abi-Raad ne veut ni zaïms ni micro-États, et son but, non plus, n’est pas d’être député. « Juste réconcilier les gens. » 10h30 Bhamdoun. Il y a des gens qui votent pour la première fois. « J’existe, enfin ! Enfin, ma voix porte, elle a de l’importance… » dit une électrice. Une autre répète « Yarét », à plusieurs reprises, « si seulement ils s’étaient entendus »… Une troisième panache et parle de grosse bataille. Son mari n’est pas d’accord, il estime que cela n’est qu’un scénario. « Après, tout ce monde s’entendra pour le bien du pays. » S’il le dit… Les sympathisants FL sont bien présents. Et gemayelistes également : « Aoun est le roi de la théorie, le cancre de la pratique », dit l’une d’entre elles. Il y a beaucoup plus d’électrices que d’électeurs. Et de jeunes couples qui font souvent leurs propres listes. 11h00 Le candidat du Bristol, Fayçal Sayegh, au téléphone pour L’Orient-Le Jour, salue la grande participation, estime que la bataille est « politique par excellence », qu’elle est très calme et qu’il y a une « imposante acceptation de l’autre ». Sauf qu’il y a eu quelques petites échauffourées à Aley. « Il n’y a pas de doute, c’est une bataille sérieuse, pour la coexistence, l’unité nationale. » Il est l’adversaire de Talal Arslane. Gros symbole, en cas de victoire… « Les gens votent pour une performance politique, ils ne condamnent pas des maisons politiques », explique-t-il en donnant pour exemple Karamé, Farès, Salam, etc. On entend des rumeurs sur le vote dans le Metn-Sud. La liste du Bristol semble favorite. 11h32 Kfarchima. Déferlante orange et taux de participation considérable. Même s’il y a beaucoup de panachage. Salah Honein, écarté au profit d’Edmond Naïm sur la liste du Bristol, souligne qu’en politique, il ne réagit pas, mais qu’il « agit ». Une action « toujours bien réfléchie, basée sur des données politiques et conséquente avec elle-même », ajoute-t-il, assurant que pendant les 4 ans à venir, il allait faire en sorte « de blinder la formation dont il fait partie, aussi bien qu’une position politique constante ». Il est salué de toutes parts par les électeurs. 12h18 Choueifaite. Pour la première fois, les saisissants stigmates d’une espèce de guéguerre druzo-druze. La localité est carrément divisée en deux : joumblattistes d’un côté, arslaniens de l’autre. Les gens ont même peur de parler. Il y a des clashs entre les scrutateurs des deux camps. Des observateurs de l’Onu sont là. Ils évoquent simplement de petites plaintes, un trop-plein de délégués et d’assesseurs notamment… Cela n’empêche pas le taux de participation de flotter sur la vague des 50 %. 12h41 Chakib Kortbawi au téléphone, pour L’Orient-Le Jour : « Je suis confiant. Je rencontre les gens dans la rue, aux urnes, ils ne me connaissent pas, mais beaucoup me disent qu’ils votent pour le changement, pour de nouveaux visages, un nouveau programme, qu’ils en ont marre de ce pays. » Le panachage est plus fort dans les localités chrétiennes. Un constat : toutes les classes socioculturelles, tous les âges se sont rendus aux urnes hier. 13h20 Hadeth. 13h42 Baabda. Hadeth ressemble à une nèfle géante. Ou à une orange. Les rues sont orange. Les chants CPL et FL s’élèvent à plein volume. Les partisans aounistes ou FL sont d’une courtoisie exemplaire les uns avec les autres. La participation atteint des records. Dans un des bureaux, sur 398 électeurs inscrits, près de 233 avaient voté à cette heure. Soit un étourdissant 60 %. Ailleurs, on panache. « Quelque chose a changé », dit un jeune électeur à Baabda. On apprend au téléphone des rumeurs sur le caza de Aley. La liste du Bristol y serait assez favorite, même dans les villages chrétiens. Carina Perelli, la chef des observateurs onusiens, exhorte les Libanais à porter plainte en cas de fraude. 14h40 Nagi Gharios fustige, par le biais de L’Orient-Le Jour, le ministère de l’Intérieur, le fait que des gens malades soient obligés de gravir quatre étages pour vote le fait que 150 noms aient disparu des listes électorales à Chiah par exemple. 15h34 Aley. Chez Akram Chéhayeb. 60 à 65 % de participation dans Aley-ville. Pour le Bristol en majorité. Avec panachage. Le député de la ville rappelle que l’entente interne exige une cohésion de tous. « Préservez l’unité du pays », dit-il. Henry Hélou et Antoine Andraos sont là. Bassem Sabeh aussi. Il paraît que le Hezbollah joue franco. Qu’il vote pour toute la liste du Bristol. En revanche, certains FL bifferaient Ali Ammar. 16h00 Sur la route Aley-Beyrouth, un embouteillage monstre. Les klaxons aounistes rivalisent avec ceux des FL. 16h18 Aïn el-Remmaneh. Un fief FL/mouvement réformiste Kataëb. Le taux est de 50 %. Il fait une chaleur insupportable. Une très vielle femme est transportée sur sa chaise, sur trois étages, par des délégués CPL. 16h32 Bourj-Brajneh. Il n’y a plus grand monde. Tout le monde a voté dans la matinée. Et effectivement, les quelques rares personnes rencontrées parlent d’environ 11 000 voix hezbollahies au profit de l’entière liste du Bristol. 16h45 Le retour. La bataille-mère – ou la mère des batailles – a bien eu lieu. Une seule consolation, mais de taille : il y avait plus que de la démocratie, hier. Il y avait du civisme. C’est beaucoup, surtout en ces temps où les valeurs et les symboles vertueux politiques se diluent l’un après l’autre dans l’acétone de l’hyperdémagogie. Ziyad MAKHOUL

7h52 La journée démarre. Ça sent déjà le road-movie dont les journalistes seront pratiquement les seuls spectateurs. Les acteurs, eux, ont déjà planté le décor, sur la route de Damas, dès le faubourg St-Jean : de chaque côté du bitume, des drapeaux orange ou des drapeaux FL. 08h11 Kahalé. Déjà 106 votes. C’est énorme. Une sexagénaire : « Je veux être comme tous les autres...