Joumblatt reconnaît la victoire de Aoun dans les régions chrétiennes

Le chef du PSP Walid Joumblatt a reconnu hier soir, dans une déclaration télévisée, la «victoire» de Michel Aoun dans les circonscriptions à majorité chrétienne, où, selon lui, «les extrémistes chrétiens ont vaincu les modérés». «Je reconnais qu’il a gagné », a dit M. Joumblatt parlant du général à la retraite, qu’il a qualifié de « petit instrument » des présidents Émile Lahoud et Bachar el-Assad. Interrogé sur les premiers résultats du scrutin dans le Metn et au Kesrouan-Jbeil, où le dépouillement des bulletins de vote était avancé, le leader druze a reconnu avoir «également perdu à Zahlé ». M. Joumblatt a estimé que la victoire du général Aoun était en fait une victoire des présidents libanais et syrien. « MM. Bachar-Lahoud sont intelligents. Ils ont ramené Aoun pour en faire un instrument de tension chez les chrétiens du Liban face, non pas aux musulmans en général, mais précisément au Hezbollah », a-t-il dit. «Ils disent aux Américains : nous pouvons tenir la situation au Liban. Nous avons été éjectés hors du Liban après l’assassinat de Rafic Hariri, mais, attention, nous sommes là et nous pouvons retenir les armes du Hezbollah, tenir les musulmans et instaurer la stabilité », a-t-il poursuivi. « Ces élections me rappellent celles de 1968, lorsque les modérés chrétiens ont été défaits par les extrémistes chrétiens qui ont mis au pouvoir l’alliance tripartite (NDLR : le Helf formé des Kataëb, du PNL et du BN), qui a été une des causes de la guerre (1975-1990) », a ajouté M. Joumblatt. « Nous sommes revenus à 1976, lorsque les Syriens sont entrés au Liban sous prétexte de protéger les chrétiens, alors que ce qu’ils ont toujours voulu, c’est la domination du Liban. Nous sommes retournés 29 ans en arrière. » « J’espère que nous ne perdrons pas le Liban-Nord », a-t-il conclu en allusion au scrutin de dimanche prochain.