Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

perspectives - Une analyse approfondie du report de voix nécessaire pour déterminer le véritable profil politique du pays Le courant aouniste et les FL appelés, plus que jamais, à accorder leurs violons pour rectifier l’équilibre interne(photo)

Les jeux sont faits. Maintenant que la « mère des batailles » est achevée, et au terme de cette troisième phase du scrutin qui a constitué les premières vraies batailles électorales de ces législatives 2005, l’heure est au bilan. Plus qu’au Liban-Sud et dans la capitale – où l’on ne pouvait pas parler réellement d’« élections » –, les consultations populaires d’hier ont façonné et légitimé dans une large mesure le nouveau paysage politique né du désengagement syrien au Liban. Il faudra cependant attendre plusieurs jours avant d’établir un bilan rationnel, avant de se livrer en quelque sorte à une analyse de contenu sociopolitique de ces élections, les premières dignes de ce nom depuis 1972. La répartition des sièges, notamment au niveau des nouveaux venus dans l’arène parlementaire (le Courant patriotique libre et les Forces libanaises), est certes un facteur important pour l’avenir immédiat. Mais il est loin d’être suffisant pour jauger sérieusement le poids politique, l’assise populaire des principales forces en présence, plus particulièrement dans le camp chrétien. La loi 2000 ayant totalement faussé la donne dans l’écrasante majorité des circonscriptions, il est impératif de se livrer à une analyse pointue des scores enregistrés par communauté et par région pour dégager une carte politique du Mont-Liban et de la Békaa. Il sera ainsi nécessaire de cerner quantitativement, dans les tout prochains jours, l’implantation respective du CPL, des FL et du mouvement de réforme Kataëb (conduit par le président Amine Gemayel) dans chacun des deux cazas de Aley et de Baabda séparément, d’abord, ensuite dans les agglomérations chrétiennes, druzes et chiites de la circonscription. Dans le Chouf, une analyse du report des voix s’impose aussi pour déterminer le poids électoral du Parti national libéral, du courant aouniste et des F.L. à Deir el-Qamar, dans les localités chrétiennes en général, ainsi que dans les zones druzes et sunnites. Idem pour la délicate circonscription de Zahlé. Cette « analyse de contenu » de l’implantation électorale et des assises populaires des FL, du CPL, des Kataëb et du PNL au Mont-Liban et à Zahlé devrait être prise en considération non seulement pour déterminer le poids politique réel de chacune de ces formations, mais aussi pour compenser en quelque sorte, dans une étape ultérieure, les profondes distorsions suscitées par la loi 2000. Le pays s’engage en effet dans une étape fondatrice, en ce sens que de grands dossiers vitaux devront être abordés et tranchés au cours des prochains mois. Des dossiers engageant le devenir des Libanais et qui, de ce fait, ne sauraient être débattus sans tenir compte de la position des forces vives véritablement représentatives du tissu sociocommunautaire du pays. Or la loi 2000 ainsi que les alliances électorales concoctées à la hâte et sur des bases foncièrement déséquilibrées, dans la foulée de l’intifada de l’indépendance, ont faussé le jeu politique et le déroulement du scrutin, plus particulièrement à Baabda-Aley et au Chouf. Les discussions sur les grands dossiers nationaux devraient, par voie de conséquence, associer toutes les formations politiques engagées dans les batailles d’hier en fonction, certes, du nombre de sièges obtenus, mais aussi en prenant en considération l’analyse fine du report de voix respectif par caza et par agglomérations communautaires. Dans la pratique, et à plus ou moins brève échéance, le courant aouniste et les Forces libanaises doivent aujourd’hui relever le défi d’accorder leurs violons afin de traiter, avec un minimum de cohésion, les problèmes de base qui pourraient se poser au pays au cours de la prochaine étape, tels que, notamment, la nouvelle loi électorale et, surtout, les équilibres communautaires internes au niveau des deux pouvoirs législatif et exécutif. D’une certaine manière, c’est l’ensemble du rapport de force à l’échelle nationale et du jeu politique interne qui devrait être révisé à la lumière des résultats du scrutin d’hier au Mont-Liban et à Zahlé. Ce rééquilibrage était devenu nécessaire – voire impératif – après quinze ans de déviationnisme et de confiscation de la volonté populaire. Et aujourd’hui plus que jamais, le courant aouniste et les Forces libanaises sont appelés à dégager entre eux, bien au-delà des zizanies partisanes, une plate-forme commune concernant la physionomie du Liban de demain. Michel TOUMA

Les jeux sont faits. Maintenant que la « mère des batailles » est achevée, et au terme de cette troisième phase du scrutin qui a constitué les premières vraies batailles électorales de ces législatives 2005, l’heure est au bilan. Plus qu’au Liban-Sud et dans la capitale – où l’on ne pouvait pas parler réellement d’« élections » –, les consultations populaires d’hier...