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Actualités - OPINION

Quelle place, dans le nouveau Parlement, pour un bloc chrétien compact ?

Les listes dites d’union nationales, les coalitions coagulées çà ou là, préfigurent-elles le tableau politique de la prochaine Chambre ? Le spectacle actuel va-t-il se prolonger ? Au Sud, il y a renouvellement, mais aussi rénovation, de l’alliance Amal-Hezbollah. Avant, elle était imposée par les décideurs, qui ne voulaient pas d’affrontement entre leurs alliés. Après les élections, chacun s’en allait de son côté. Cette fois, c’est différent. C’est donnant, donnant sur le plan politique. Amal soutient le Hezb contre la 1559. Et en reçoit l’appui pour garder la présidence de la Chambre. Beyrouth, pour sa part, reste sous le contrôle de Hariri et du Courant du futur. Au Chouf, Joumblatt semble hors d’atteinte. À Baabda-Aley, il semble dominant, grâce notamment à son pacte avec les Forces libanaises. Mais, bien entendu, dans cette zone disputée il n’est pas du tout exclu que des gens de chez Aoun arrivent à percer. À Baalbeck-Hermel, l’alliance Hezbollah-Hussein Husseini est largement donnée favorite. Dans la Békaa-Ouest, le Courant du futur, s’appuyant sur Robert Ghanem, a le vent en poupe, bien que les voix puissent être beaucoup partagées. À Zahlé, c’est une bataille ouverte où toutes les couleurs se mélangent, mais Élias Skaff mise sur la primauté de l’électorat grec-catholique. Au Nord, les aounistes et les Forces libanaises se situent dans des listes opposées qui ne sont pas confessionnalisées et intègrent nombre de figures traditionnelles comme des leaderships émergents, qui cherchent en quelque sorte à remplacer des pôles qui renoncent, comme Omar Karamé et qui sont parfois soutenus par d’autres sortants volontaires, comme Issam Farès ou Jean Obeid, qui, eux, préfèrent appuyer des candidats jeunes plutôt que de se lancer eux-mêmes dans la bataille. De tout cela il ressort que le test le plus serré se situe au Mont-Liban, centre politique du pays. Certains leaderships doivent y être intronisés, et d’autres confirmés. Dans le temps, la présidence du pays se jouait dans cette lice entre Émile Eddé et Béchara el-Khoury, qui dirigeaient le Bloc national et le Destour. Plus tard, la Montagne s’est trouvée répartie entre Chamoun, Joumblatt, Eddé que Pierre Gemayel avait rejoints dans les années soixante. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir qui va régner sur la Montagne sur le cœur politique du pays, après le scrutin de dimanche ? Aoun va-t-il réussir à siéger sur le trône aux côtés d’un Joumblatt dont nul autre pôle chrétien ne conteste la suprématie ? L’ancien président du Conseil va-t-il pouvoir, avec son discours réformiste, se renforcer encore du côté de la rue chrétienne ? Arrivera-t-il à se poser, en quelque sorte, en héritier de l’ancien Helf tripartite ou de l’ancien Front libanais ? C’est assez difficile. Parce qu’il semble avoir peu de chances de se retrouver à la tête d’un bloc parlementaire aussi imposant que celui de Joumblatt, de Berry ou de Hariri. De plus, il va se voir tirer dans les pattes, par rapport à l’opinion chrétienne, par les députés chrétiens élus sur les listes soutenues par Joumblatt ou par Hariri. Des députés, émanant de la Rencontre de Kornet Chehwane ou indépendants, qui ont eux-mêmes de solides assises populaires. De plus, même si le général Aoun avait autour de lui à la Chambre autant d’éléments que Joumblatt, il resterait plutôt isolé, alors que le leader progressiste dispose de solides alliances avec les haririens, les hezbollahis, les berryistes et la Rencontre. Dans le principe général, un bloc chrétien ne peut être influent, au sein du pouvoir ou dans l’opposition, que s’il pactise avec des forces mahométanes. Parlementaires et gouvernementales de préférence. Émile KHOURY
Les listes dites d’union nationales, les coalitions coagulées çà ou là, préfigurent-elles le tableau politique de la prochaine Chambre ? Le spectacle actuel va-t-il se prolonger ? Au Sud, il y a renouvellement, mais aussi rénovation, de l’alliance Amal-Hezbollah. Avant, elle était imposée par les décideurs, qui ne voulaient pas d’affrontement entre leurs alliés. Après les...