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Les programmes électoraux, grand absent de la campagne Les photos et slogans des candidats : un marketing non porteur

Dans le feu de l’action électorale qui monopolise depuis plusieurs semaines toute l’attention et l’énergie d’une armée de candidats, ces derniers ont oublié de présenter aux citoyens un programme électoral sur base duquel ils doivent en principe être élus. Certes, on peut dire que l’électeur libanais n’a pas pris l’habitude d’être exigeant envers ses élus qui doivent s’acquitter de leurs obligations préparlementaires, avant de venir solliciter sa voix par photos et slogans interposés. Force est de constater qu’un mois après le début de la campagne électorale, ceux parmi les candidats qui ont avancé un programme politique peuvent être comptés sur les doigts. On s’attendait au moins à ce que l’imposante machine haririenne, aux moyens gigantesques, s’engage ne serait-ce qu’à annoncer les grandes lignes de son action future et ne pas se contenter de recueillir des voix en se basant sur les portraits géants de Saad et de Rafic Hariri, dont l’image a été surexploitée durant cette campagne. Une technique que certains observateurs étrangers n’ont pas hésité de qualifier de « morbide ». Interrogé sur l’absence de programmes électoraux, un candidat de Beyrouth – considéré pourtant parmi les réformistes – s’est contenté de dire devant les caméras de la télévision que « le peuple libanais n’est pas encore habitué à l’idée des programmes ». Abondant dans le même sens, un candidat du Liban-Sud déclare à la presse que les programmes électoraux « sont le propre des vieilles démocraties européennes et non du Liban ». « Pour ma part, ajoute-t-il, je continue de porter le flambeau de mon père (ancien ministre) qui avait présenté en 1937 un programme électoral auquel j’entends rester fidèle… » Un troisième candidat du Metn, qui dit se présenter sous la couleur écologique, répond laconiquement à un émigré libanais, spécialement venu des États-Unis pour voter, qu’il élaborera son programme électoral et le lui enverra « chez lui aux États-Unis, après avoir été élu ! » Manque de temps, d’imagination ou tout simplement de culture politique ? Probablement les trois à la fois. Il faudrait ajouter, du côté de l’électeur, l’absence d’une culture citoyenne qui consiste à demander des comptes à ses élus. Habitué au système clientéliste fondé sur un échange primaire de services de base rendus au citoyen sur sollicitation de ce dernier, l’électeur continue d’ignorer à ce jour que ce type de service est un « droit acquis » et non « une faveur accordée ». Il oublie en outre que c’est au candidat de s’engager envers lui durant son mandat parlementaire par le biais de promesses électorales érigées en projet politique. La revendication d’un programme est d’autant plus pressante au Liban que tout est pratiquement à faire, à commencer par la refonte des institutions, jusqu’au chantier des réformes qui devrait englober l’ensemble des secteurs. Une tâche à laquelle se sont exceptionnellement attelés le CPL et quelques rares candidats indépendants (tels que Paul Salem et Mohammed Safadi) qui ont pris la peine de présenter un programme substantiel sur leur vision du Liban d’avenir. Annoncé il y a quelques jours, le programme politique des aounistes aborde, dans le cadre d’un plan d’action, les secteurs les plus importants de la vie publique, notamment la réforme de l’appareil judiciaire, de l’administration, de l’économie, de l’éducation, etc. L’environnement, le tourisme et la diaspora y sont également évoqués à travers des projets de développement élaborés. Quant à la campagne du député Safadi, elle se fonde sur une vision réformiste portant essentiellement sur la Constitution, l’Administration, l’armée et le budget. Bref, autant de projets qui méritent, aux yeux de l’électeur, d’être abordés, ne serait-ce que dans leurs grandes lignes. Les sommes qui ont été dépensées en photos et en slogans creux au cours de cette pseudocampagne auraient mieux servi à l’élaboration d’une vision d’avenir pour rassurer un tant soit peu l’électeur, notamment après plusieurs mois de paralysie due à l’instabilité sécuritaire. La libération, l’indépendance et l’unité nationale sont certes des credo vendeurs en période électorale. Encore faut-il que l’électeur puisse s’en nourrir au lendemain du scrutin. Jeanine JALKH
Dans le feu de l’action électorale qui monopolise depuis plusieurs semaines toute l’attention et l’énergie d’une armée de candidats, ces derniers ont oublié de présenter aux citoyens un programme électoral sur base duquel ils doivent en principe être élus. Certes, on peut dire que l’électeur libanais n’a pas pris l’habitude d’être exigeant envers ses élus qui doivent...