Rechercher
Rechercher

Actualités

Exposition Deux accrochages signés Abdallah Kahil et Heartland à l’Espace SD jusqu’au 26 juin « This is not Beirut » et Heartland Reprints »: Beyrouth au cœur (Photo)

Pour son dernier accrochage de la saison 2004-2005, l’Espace SD propose deux expositions articulées autour de Beyrouth: «This is not Beirut», de Abdallah Kahil, et «Heartland Reprints», par le collectif Heartland. Comme René Magritte a peint une pipe en appelant l’œuvre Ceci n’est pas une pipe, Abdallah Kahil présente une vingtaine de photos couleurs réunies sous le thème «This is not Beirut». Installé à New York de 1980 à 2002, où il a obtenu un doctorat en histoire de l’art et en archéologie de l’Institut des beaux-arts de New York et une maîtrise en peinture et gravure de l’Institut Pratt, il revient à Beyrouth où il enseigne l’histoire de l’art et de l’architecture à la LAU et la peinture à l’Université libanaise. «Je fais de l’expérimentation informatique depuis 1991, mais sans jamais avoir pensé jusque-là l’utiliser à des fins artistiques, explique-t-il. À mon retour dans la capitale libanaise, j’ai commencé à prendre des photos d’immeubles et de complexes architecturaux. Un cliché pris au café de Raouda, dans lequel un triangle de béton se découpait, m’a amusé. J’ai joué avec sur Photoshop, mais sans aucun changement de couleurs ou de contrastes. Ma seule intervention a été de retourner la photo, de la copier puis de la coller à côté de la première version.» Pendant ses promenades dans la ville, Abdallah Kahil constate que la «rénovation n’est qu’une copie de l’ancien Beyrouth». La fonction, sur Photoshop, qui consiste à tourner une photo dans l’autre sens, est née sous l’impulsion d’un «trajet qui se veut avant tout impersonnel». Copie, photocopie : un procédé de « dépersonnalisation » qui lui a été également inspiré par ses séjours dans des appartements meublés, «où rien ne vous appartient et tout est déjà sur place». Abdallah Kahil, à travers le projet réussi de « This is not Beirut », met face à face les concepts d’«avant» et d’«arrière», de «composition» et de «décoration» et, plus loin, d’«être» et de «non-être». «L’art islamique, bien avant l’existence de Photoshop, appliquait ce phénomène de copie d’un motif à l’infini», précise-t-il. «This is not Beirut» convainc l’observateur à «ne pas limiter le sujet à ce qu’il est», par un effet étrange de photo qui ne se termine pas là où elle commence, bien au contraire, accentuant une sensation de vertige de l’image. Un beau travail. Collectif anonyme dans la ville Dans «le laboratoire» de l’Espace SD, le collectif anonyme Heartland présente «Heartland Reprints», également jusqu’au 26 juin. Le ou les artistes masqués a ou ont pour objectif d’«intervenir dans différents contextes, lieux publics ou individuels», en ajoutant que «tout en gardant l’anonymat, ce travail se concentre sur une implication neutre dans la vie quotidienne à Beyrouth». Un travail qui se décline sous trois formes à l’Espace SD: «Sarraf», «al-Murashah» et «Propaganda». Le premier, réalisé entre le 12 août et le 12 novembre 2003, a consisté à tamponner des mots évoquant les préoccupations libanaises sur les billets de monnaie nationale, comme «Range Rover», «Festivals» ou «Batata». Le deuxième, exécuté en mai 2004, pendant le mois de campagne des législatives, s’est présenté sous la forme d’une affichette collée à côté de celles dévouées à l’autopromotion des candidats en lice. Sous un visage méconnaissable en noir et blanc, un e-mail. Le troisième, enfin, réalisé spécialement pour l’exposition à l’Espace SD et qui, selon Heartland, «investit un lieu avec les procédés de propagande», en reprend les formats usuels: 7,5 x 7,5 cm, disposé en pile à l’intérieur du laboratoire, et 21 x 29,7 cm, disséminé dans la galerie, histoire de pousser le public à intervenir selon son envie. Heartland, qui montre ici, pour les besoins de l’Espace SD, des «reproductions» d’actions réalisées antérieurement en plein Beyrouth, se fait (re)connaître intra muros. La formule, si elle est loin d’être nouvelle, est en tout cas une première en galerie, et Heartland est joignable via le courrier électronique : today@thisiscyberia.com Beyrouth au cœur : une belle thématique qui clôture la saison 2004-2005 de l’Espace SD. Diala GEMAYEL
Pour son dernier accrochage de la saison 2004-2005, l’Espace SD propose deux expositions articulées autour de Beyrouth: «This is not Beirut», de Abdallah Kahil, et «Heartland Reprints», par le collectif Heartland.
Comme René Magritte a peint une pipe en appelant l’œuvre Ceci n’est pas une pipe, Abdallah Kahil présente une vingtaine de photos couleurs réunies sous le...