Rechercher
Rechercher

Actualités

Taux de participation dépassant légèrement les 15 % à Achrafieh et à Saïfi À Beyrouth I, la rencontre entre le CPL et les FL(photos)

L’atmosphère électorale dans la première circonscription de Beyrouth était hier des plus froides, avec un taux de participation de près de 30 % dans l’ensemble des secteurs, contre 40 % lors des législatives de 2000. Mis à part Mazraa, où une certaine agitation a été observée dans les rues, le calme qui régnait à Achrafieh et à Saïfi ne laissait percevoir en aucune façon que le coup d’envoi du scrutin 2005 avait été donné. «Monsieur, il fait beau, vous pouvez accompagner votre famille à la plage et profiter du soleil. » Vêtue d’un T-shirt couleur orange, une jeune fille du Courant patriotique libre (CPL) incite les passants à « boycotter les nominations » à Achrafieh, comme le précisent si bien les tracts qu’elle distribue, ainsi que les affiches collées sur les murs de la ville aux côtés des portraits des candidats. Et ce n’était pas peine perdue, puisque le taux de participation dans ce secteur, ainsi qu’à Saïfi, dépassait à peine les 15 %, à une heure de la fermeture des bureaux de vote, alors que dans les bureaux de vote sunnites, le taux de participation a atteint les 45 %. L’appel au boycott a d’ailleurs caractérisé le scrutin à Beyrouth I, où trois députés ont été élus d’office dans la première circonscription : Bassem Chab (évangélique), Solange Gemayel (maronite) et Michel Pharaon (grec-catholique). La bataille s’est donc limitée à deux sièges sunnites, que se disputaient Saad Hariri et Ammar el-Houri contre Jihad Dana, Fayez Makkouk et Ahmed Dabbagh. Pour le siège grec-orthodoxe c’est Gébrane Tuéni (liste Hariri) qui était opposé à Khalil Broummana. Un calme plat régnait donc à Saïfi et à Achrafieh… sauf à Sassine, où des membres du CPL et des FL avaient chacun investi un coin de la place. Les premiers appelaient les habitants de la ville à boycotter les élections, diffusant à tue-tête les chansons du Courant. Les seconds, au contraire, poussaient les citoyens à exercer leur « devoir électoral », réclamant, par la même occasion, « la libération de Samir Geagea ». Et c’est dans une ambiance bon enfant que chacun des deux groupes menait sa campagne dans le cadre de ce premier scrutin, pour se rencontrer finalement au cœur de la place et réclamer ensemble que justice soit faite concernant le dossier du « hakim ». « C’est un festival folklorique », commente Antoine Klimos, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Beyrouth, rencontré dans un resto de la place. « L’ambiance générale à Achrafieh appelle au boycott suivant la logique de la marginalisation des chrétiens et de la région, poursuit-il. J’aurais souhaité que le discours soit apolitique. Mais les personnes qui se plaignaient de la marginalisation des chrétiens se sont incrustées dans la liste. Tout le monde avait cru que l’ultimatum donné par Mme Solange Gemayel avait pour but de rectifier la loi, pour que les Libanais ne soient plus lésés. On a découvert par la suite qu’il s’agissait d’une question de place au sein de la liste principale. » « Il s’agit de nominations et non d’élections, insiste Massoud Achkar, ancien compagnon de Béchir Gemayel. Achrafieh a le droit de choisir ses représentants et de leur demander des comptes. Ce qu’elle n’a jamais pu faire depuis l’accord de Taëf. Cette loi électorale a été instaurée par Ghazi Kanaan. Et nous la refusons. D’ailleurs, les mêmes figures reviendront. » L’appel au boycott a également été lancé par le président de l’opposition Kataëb, Élie Karamé, qui a estimé que « les habitants d’Achrafieh sont contrariés par la légèreté avec laquelle leurs revendications ont été considérées, alors que tous les Libanais des différentes communautés et partis avaient participé à l’intifida de l’indépendance ». Une liste qui satisfait les électeurs Le député élu d’office, Michel Pharaon, rencontré à Sassine, a préféré parler de « relâchement », plutôt que de « boycottage », parce qu’il « n’y a pas une vraie bataille électorale et que la loi 2000 a baissé l’enthousiasme ». « Nous sommes insatisfaits de la loi, mais nous savions déjà en janvier, d’après les sondages, que cette liste, qui respecte d’ailleurs l’unité de l’opposition et l’unité de Beyrouth, satisfait les électeurs », poursuit M. Pharaon. Comment parler d’unité de l’opposition si la liste avait été formée en janvier ? « Depuis que Rafic Hariri avait fait une alliance pour le changement, on avait commencé à discuter d’une liste à Beyrouth et dans tout le Liban, répond-il. Cette alliance avait été concrétisée le 14 mars. » Déclarant qu’un « vieux rêve se concrétise aujourd’hui (hier), parce que c’est la première fois que les élections se déroulent dans un pays libre et qu’une liste est entièrement composée au Liban et non à Anjar », le candidat Gébrane Tuéni a déploré les appels au boycott. « Les parties qui le font punissent Beyrouth », insiste-t-il. « Solange Gemayel ne représente-t-elle pas les chrétiens ? L’alliance entre Joumblatt et les FL au Chouf n’est-elle pas une traduction de l’unité nationale ? » s’est demandé M. Tuéni, qui ajoute qu’il « aurait aimé que le général Aoun forme des listes à Beyrouth » au lieu de boycotter. Quant à Nadim Gemayel, il a déploré ces appels, se demandant s’il s’agissait « d’appels à une démocratie dessinée à leur propre image ». « Qu’ils ne s’attendent surtout pas à ce que nous les supportons ailleurs », a-t-il affirmé. Conscients que la loi imposée est « injuste » et ne « consacre en aucune façon l’unité nationale » « ni la démocratie », certains électeurs n’ont pas hésité à se diriger vers les bureaux de vote pour « exercer » leur droit ou « pour les beaux yeux de Saad ». « Si nous ne sommes pas contents, nous n’avons qu’à faire nous-mêmes de la politique », souligne l’un des électeurs. « Voter n’est pas une bonne option, note Georges. Mais rester à la maison est pire encore. » « Les élections sont un moyen pour exprimer son opinion, même si cela se traduit par un vote blanc », souligne une électrice, rencontrée au siège des Makassed, à Mazraa. À l’heure où des rumeurs circulaient en ville, selon lesquelles un montant de 150 dollars était versé à des chauffeurs par la machine électorale haririenne, rien que pour accompagner les électeurs vers les bureaux de vote, certains votants exprimaient leur mécontentement vis-à-vis de « certains modes d’influence » qui continuaient à être exercés, tels que les « photos de Rafic Hariri placées à l’entrée des centres de vote et qui auraient dû être enlevées à la veille du scrutin ». Nada MERHI
L’atmosphère électorale dans la première circonscription de Beyrouth était hier des plus froides, avec un taux de participation de près de 30 % dans l’ensemble des secteurs, contre 40 % lors des législatives de 2000. Mis à part Mazraa, où une certaine agitation a été observée dans les rues, le calme qui régnait à Achrafieh et à Saïfi ne laissait percevoir en aucune façon que...