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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Un million de naïfs Il y a quelques années, sur les bancs d’école, nos enseignants nous faisaient miroiter la perspective d’une société où la génération de la fin de guerre aurait un poids décisionnel, une société marquée par le dialogue et le nouveau. Comme nous étions naïfs ! Manquons-nous tellement d’imagination, de courage, de cran ? Je me demande pourquoi nous continuons à faire confiance aux personnes qui nous ont laissé tomber pour une poignée de dollars ou tout simplement par manque de courage ou de diplomatie et qui ont compromis notre avenir souverain à tout jamais. Hier encore un million de citoyens descendaient dans la rue pour réclamer le rétablissement de l’indépendance. Pour la première fois de ma vie je peux dire que j’ai honte d’être libanais. Est-ce vraiment cet avenir que nous voulons pour nos enfants ? Est-ce vraiment le message que Rafic Hariri voulait nous faire parvenir ? Je cite Bertrand Russell, pour nous armer encore plus de courage : « Be isolated, be ignored, be attacked, be in doubt, be frightened, but do not be silenced ! » Bruno Michel DIAB Erreurs à répétition Heureusement, oui heureusement que votre journal est là pour que je puisse m’exprimer en toute liberté. Encore et toujours les mêmes qui se prennent pour des leaders politiques (alors que, généralement, la plupart d’entre eux n’ont aucunement l’étoffe d’hommes d’État). Ils n’ont toujours rien compris (ou plutôt ne veulent rien comprendre) et ils agissent toujours dans le sens de leurs intérêts. Se tromper est humain ; mais quand cela devient « à répétition », c’est très grave. Tous les leaders patriotes, depuis le président Béchir Gemayel en passant par René Moawad, jusqu’à Rafic Hariri, ont été tués. Je suis libanais et fier de l’être ; j’aime beaucoup mon pays, mais je ne veux pas de tous ceux-là qui veulent le gouverner. Libanais, réveillez-vous le 29 mai ! G. SAAD La voix des zaïms J’ai vécu à l’étranger toute ma vie, Libanais et toujours fier de mes origines, moi le fils d’el-Mina (Tripoli). Je suis les nouvelles par votre journal (Internet). Je dois reconnaître que le système électoral au Liban est très différent de ceux qui existent dans les pays occidentaux. L’impression est que les députés sont choisis par voie d’alliance entre les dirigeants (zaïms) et il est désolant de constater l’absence de tout programme politique. Je me demande sur quel base les Libanais votent. Il est intéressant, par ailleurs, de relever la similarité entre le général Aoun et le général de Gaulle. Ce dernier avait lui aussi renoncé à la politique après la Seconde Guerre mondiale pour retourner triomphalement après une dizaine d’années pour sauver la France et lui rendre son prestige d’antan. Nicolas HABIB Australie Nés députés Aux urnes, Beyrouthins affutez vos crayons rendez-vous dimanche matin pour former nos bataillons. Bataillons de députés symboles d’intégrité de courage, de vérité porte-parole de la liberté Mais pourquoi se précipiter ? nos élus sont déjà cités faisons plutôt la grasse matinée puisque la démocratie est piétinée. Nos représentants sont nés députés c’est la loi de l’hérédité alors, trêve de vains mots nos « pré- élus » font de vieux os. Liliane MASRI Des législatives-test Les élections législatives du mois de mai 2005 battent leur plein. Des listes se forment ; des candidats sont élus d’office ; d’autres se retirent de la compétition. L’opposition plurielle, qui avait suscité tant d’espoir et qui avait appelé la population à la manifestation colossale du 14 mars, s’est malheureusement divisée. Malgré tout, des réalisations importantes ont quand même eu lieu qu’il ne faut pas ignorer. Il y a eu ainsi le retrait total, qui vient d’être confirmé par l’Onu, des forces syriennes le 26 avril dernier, et l’effritement du régime sécuritaire qu’elles avaient mis sur pied. De plus, malgré tout ce que le régime actuel a tenté pour faire ajourner ou même annuler les élections législatives, la consultation populaire est bien en cours, quoi qu’elle soit basée sur la loi contestée de l’an 2000. Cette loi vise, notamment, à empêcher de nouvelles figures jeunes, intègres, pragmatiques d’arriver à la place de l’Étoile et de remplacer nombre de figures anciennes dépassées. Une dernière remarque adressée à l’opposition plurielle (ou à ce qui en reste) : ne décevez pas ces jeunes qui, 20 ans durant, ont résisté aux crises politiques, économiques et morales en suscitant de nouvelles divisions. Gaby Jean CHAMI Deux rébellions ne font pas une union Il est malheureusement de plus en plus clair que certaines composantes de l’opposition, en l’occurrence les joumblatto-haririens, s’étaient ralliées à l’opposition chrétienne plus pour leur opposition à la Syrie que pour leur patriotisme libanais. Cent jours après ce ralliement entre les divers camps de l’opposition, devrait-on prendre l’exemple de Georges Naccache sur l’indépendance de 1943 (« Deux négations ne font pas une nation »), et constater que « deux rébellions ne font pas une union » ? Souhaitons que la présence du général Aoun au Liban à la veille des élections agisse comme catalyseur de l’opposition nationaliste et entraîne dans son tsunami régénérateur toutes les forces qui se considèrent avant tout libanaises. Michael ISKEDJIAN Toronto, Canada Il est grand temps de réagir ll fut un temps, pas très lointain, où vous avez rêvé, Libanais, grandeur nature. Où des milliers ont rêvé en vous et pour vous sur la place de la Liberté. L’avez-vous si vite oublié ? Dans notre pays où rivalisent encore le chêne et le roseau, l’urgence aujourd’hui est en compétition. Pour ceux pour qui, pendant trente ans, les batailles étaient perdues ou gagnées d’avance, il est grand temps de réagir. Pour ceux qui, dans l’arène de la lutte parlementaire, portent humblement vos idéaux, il est grand temps de réagir. Pour ceux qui, comme vous, luttent à l’ombre du cèdre pour gagner leur pain quotidien, il est grand temps de réagir. Pour ceux qui croient dur comme fer que le salut du pays passe par les chemins sinueux de la loyauté, de l’honnêteté, du patriotisme, des grandes valeurs démocratiques et humaines, du respect des droits de l’homme, des droits et devoirs de tout un chacun à l’ombre des institutions et de la Constitution, il est grand temps de réagir. Pour tous ceux qui ont payé pour vous de leur sang, de leurs enfants, de leur bien-être, trente ans durant, il est grand temps de réagir. Pour tous ceux qui sont partis. May SALHA Succession transversale À ce stade des tractations politiques, je voudrais faire part des sentiments qui se dessinent chez beaucoup d’émigrés, qui se sentent de plus en plus frustrés rien qu’en observant les vaudevillesques préparatifs des élections. Pour contrer les effets de la loi 2000, la seule stratégie est l’union. Au lieu de cela, on assiste au spectacle navrant de nos hommes politiques courant désespérément derrière leurs intérêts personnels plutôt que tournés résolument vers l’intérêt collectif. De plus, la passation familiale des sièges parlementaires de père en fils, à laquelle on était habitués pour ne pas dire résignés, s’enrichit d’une succession transversale. Le Libanais – et le chrétien en particulier – est-il vraiment prêt à accepter une démocratie à l’occidentale, loin de toute allégeance clanique ou féodale ? Est-il prêt à édifier un État moderne, où les véritables enjeux sont l’économie, la justice, l’éducation, sans oublier la lutte pour l’éradication de la corruption ? Au vu des derniers développements, on se permettrait d’en douter. En outre, on est de plus en plus convaincus que la communauté chrétienne au Liban est en train d’être définitivement marginalisée, et que nos hommes politiques au lieu de réagir en mettant une sourdine à leurs différends de même qu’à leurs intérêts, restent divisés, provoquant sa faiblesse et notre mise à l’écart. Dommage que Nasrallah Sfeir ne veuille pas faire de la politique, il aurait sans doute pu lui réussir à rassembler les chrétiens derrière un même dénominateur commun. Marc AYOUB Bruxelles Amateurisme politique Contrairement à la plupart de mes compatriotes, ce qui se passe aujourd’hui au niveau des élections ne me dégoûte pas, pour reprendre le terme à la mode. Je ne suis ni étonnée, ni surprise, ni même inquiète de ces surenchères à la limite du marchandage. Ce qui m’étonne par contre, c’est ce nuage de désillusion qui a envahi le ciel libanais. Mais à quoi nous attendions-nous ? La grande foule rouge et blanche du 14 mars nous a-t-elle fait oublier qu’hormis les Syriens « out », on est toujours confronté à l’amateurisme politique. Ce sont les mêmes qui se représentent, ceux-là mêmes qui ont fait la guerre, qui ont pillé les deniers publics et qui ont fait du Liban un sous-produit syrien. Comment, dans ce contexte, les choses peuvent-elles changer ? Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, devenir tout à coup des Libanais patentés, afficher (c’est le cas de le dire) leur bonne volonté, haranguer les foules, jurer fidélité à la patrie, se rencontrer, se disputer, pinailler, s’insulter. Ce ne sont pas eux qui m’intéressent. Mais plutôt vous, vous tous qui avez écrit l’histoire, qui vous êtes tenus par la main et qui allez, dès demain, construire le pays qui a enfin vu le jour le 14 mars. Notre Liban et pas le leur. Tania Hadjithomas MEHANNA
Un million de naïfs

Il y a quelques années, sur les bancs d’école, nos enseignants nous faisaient miroiter la perspective d’une société où la génération de la fin de guerre aurait un poids décisionnel, une société marquée par le dialogue et le nouveau. Comme nous étions naïfs !
Manquons-nous tellement d’imagination, de courage, de cran ? Je me demande pourquoi nous...