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Actualités - OPINION

Le patriarche juge sévèrement les alliances électorales contractées aux dépens de l’unité Bkerké regrette vivement que l’opposition se soit désagrégée

Selon un ancien ministre proche de Bkerké, le patriarche Sfeir aurait souhaité que l’opposition restât unie. Surtout dans les législatives, et après le retour d’exil du général Michel Aoun. Il aurait voulu que l’opposition cristallisât ses positions à travers une échéance électorale cruciale pour le pays en formant des listes communes dans toutes les circonscriptions. Ce qui aurait consolidé, sans nul doute, l’unité nationale illustrée avec éclat par l’immense rassemblement du 14 mars, ainsi que par les multiples manifestations qui se sont déroulées depuis l’assassinat du président martyr, Rafic Hariri. L’opposition, qui a su rester soudée face à d’importants défis, n’aurait pas dû se disloquer pour des causes mineures. Rejointe par le général Aoun, elle aurait pu donner corps, à travers les élections, à une réalité libanaise nouvelle, fondée sur les principes nationaux chantés par les manifestants de la place de la Liberté. L’ancien ministre ajoute que le patriarche juge sévèrement les attitudes politiques enregistrées ces derniers temps au sujet des élections, ainsi que les alliances qui ont été contractées. Il s’étonne de constater que les belles affirmations de préservation de l’unité de l’opposition n’étaient que paroles en l’air. En se demandant où sont passées les promesses d’agir, la main dans la main, pour bâtir le Liban nouveau, après le départ de l’armée syrienne. De son côté, un autre ancien ministre révèle qu’il avait assumé naguère, à la veille du retour du général Aoun, un rôle de trait d’union entre Paris, Baabda et Bkerké. Souplesse Selon cette personnalité, le général Aoun avait alors donné des assurances selon lesquelles il ne manquera pas de suivre la ligne de l’opposition, de coordonner son action avec ses pôles, de s’associer à ses prises de position, d’en suivre la marche. Cela après la participation d’une délégation du Courant patriotique libre à la Rencontre du Bristol. L’ancien ministre indique qu’à l’époque, il avait donc été en mesure de rassurer pleinement le patriarche : contrairement aux bruits propagés par certains, le retour de Aoun ne serait pas un coup porté à l’opposition, ni à la Rencontre de Kornet Chehwane, dont certains piliers pouvaient craindre d’être ciblés. Le témoin cité ajoute qu’il s’est senti récemment embarrassé. Quand, rendant visite à Mgr Sfeir, le prélat lui a demandé ce qu’il était advenu de ses précédentes assurances concernant l’adhésion de Aoun au front opposant national, il précise n’avoir su que répondre. Car, à l’en croire, lui-même ne comprend pas bien pourquoi Aoun a choisi la confrontation avec l’axe Hariri-Joumblatt, avec Kornet Chehwane, avec les Forces libanaises, etc. L’ancien ministre, antérieurement réputé proche de Aoun, s’en démarque désormais. Pour regretter les tensions qui ont pu marquer les relations du général non seulement avec Amine Gemayel, Nassib Lahoud et d’autres pôles de Kornet Chehwane, mais aussi avec des alliés naturels comme Dory Chamoun, Carlos Eddé et Pierre Daccache, ou avec des figures de proue du Kesrouan-Jbeil où il compte se présenter. En fait, le général souhaite manifestement mettre en avant des jeunes, des visages nouveaux. Pour les faire accéder au Parlement, éventuellement aux dépens d’hommes politiques éprouvés ou de dynasties respectées. En tout cas, le tableau des alliances aounistes à Baabda-Aley, au Metn, au Kesrouan-Jbeil, au Nord et dans la Békaa devrait se décanter pendant ce week-end. Car le général Aoun doit en principe proclamer ses listes, ou ses alliances, la semaine prochaine. Engagement Ses proches reconnaissent que la principale raison de ses divergences avec des forces déterminées au Kesrouan-Jbeil comme au Metn reste qu’il exige de tous les candidats potentiels l’engagement de faire partie ensuite du bloc parlementaire qu’il entend former. Sans aller ailleurs. Ce que beaucoup refusent, soit par esprit d’indépendance, soit parce qu’ils ont déjà leurs engagements politiques. Ainsi certains membres de la Rencontre de Kornet Chehwane ont fait savoir qu’il n’est pas question pour eux de quitter ce groupe. Ajoutant que tout ce qu’ils peuvent promettre c’est de coordonner leurs positions, au Parlement, avec les aounistes. Pour le général, il est impératif que ses alliés électoraux soient aussi des alliés politiques, adhérant à son programme et faisant donc partie intégrante de son bloc. Ses proches soulignent qu’à travers une telle attitude, il évite d’être exploité ou happé par d’autres forces politiques. Ils ajoutent qu’on lui fait un faux procès quand on l’accuse de traiter avec des symboles du camp loyaliste. Puisque ceux qui lui font un tel reproche ont souvent été eux-mêmes des vedettes du pouvoir sécuritaire, manipulé par les SR syriens, en leur temps. Ajoutant qu’ils ont largement profité de l’empire établi après Taëf par le tuteur. Alors que le Courant patriotique libre luttait pour la souveraineté et l’indépendance, et en payait cher le prix. Sous l’œil alors indifférent des piliers ex-loyalistes, qui ont rejoint l’opposition, ajoutent les sources aounistes, non pas pour l’indépendance mais parce qu’ils n’avaient pas avalé la prorogation. Les mêmes sympathisants mettent en avant le projet de réforme de leur chef. Son exigence de lutter contre la corruption en demandant des comptes, à travers un audit, pour tout ce qui a été détourné ou gaspillé pendant quinze ans. En exigeant un audit que mènerait une commission internationale d’enquête. Revendication approuvée par nombre de piliers de l’opposition. Ces sources aounistes soulignent que les élections sont un tournant capital en direction du changement, qui ne peut être opéré, à leur avis, par les forces qui ont occupé la scène politique et le pouvoir depuis Taëf. Il reste que certains professionnels soulignent des contradictions dans la ligne suivie par Aoun. Il proclame d’une part qu’il livre bataille dans toutes les régions, mais appelle, d’autre part, au boycottage à Beyrouth comme à Jezzine. Philippe ABI-AKL

Selon un ancien ministre proche de Bkerké, le patriarche Sfeir aurait souhaité que l’opposition restât unie. Surtout dans les législatives, et après le retour d’exil du général Michel Aoun. Il aurait voulu que l’opposition cristallisât ses positions à travers une échéance électorale cruciale pour le pays en formant des listes communes dans toutes les circonscriptions. Ce qui...