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Observation Les gardiennes de la flamme

Aragon, qui était lui-même un peu entre les deux, disait que la femme est l’avenir de l’homme. Mort. Politiquement mort. En politique, d’ailleurs, le fonds de commerce de la femme orientale, c’est un proche, disparu. De la scène. Un père, un frère, un mari, un parrain. Mort de mort naturelle, assassiné, ostracisé, emprisonné. Ou, horresco referens, pendu comme Zulfikar Ali Bhutto. Sauf peut-être la Birmane (dont le patronyme est si difficile à lire qu’on vous en dispense), toutes les femmes orientales qui se sont fait un nom (façon de dire) en politique sont des relais. Des repreneuses de flambeau. En vrac on peut citer Indira Gandhi l’Indienne, fille du Pandit Nehru ; sa bru Sonia, veuve de Rajiv ; Benazir Bhutto, la Pakistanaise ; Megawati Sokarno, fille du libérateur de l’Indonésie ; Corazon Aquino, veuve de l’opposant philippin Benigno abattu à l’aéroport, lors de son retour des States ; et puis la Sri-Lankaise Sirimavo Bandaranaike, veuve d’un Premier ministre, Salomon, lui aussi assassiné… On dira : ce n’est pas beaucoup, beaucoup, finalement. Mais la liste n’est pas exhaustive. On en oublie sans doute, et des meilleures. Puis, elle est certainement extensive. Car il y a de plus en plus en plus de femmes qui veulent absolument se mêler des droits de l’homme. Et les lui prendre. Ce qui, dans l’Orient machiste, patriarcal, n’est jamais un mince exploit. Au Liban, la femme n’a encore jamais décroché, en politique, son bâton de maréchal. C’est tout récemment que deux femmes (d’un seul coup !) ont été ministres. Dans un cabinet Karamé qui a passé en coup de vent. C’est surtout à la Chambre qu’on note des progrès. Mais qui s’inscrivent toujours dans une ligne dynastique stricte. Dans les années soixante, Myrna Boustani, fille du grand Émile (CAT) Boustani, avait été le tout premier député libanais en jupons. Après de longues années de sécheresse dues sans doute à la guerre, il y a eu trois représentantes parlementarisées. Maintenant, c’est une cohorte. Deux veuves de présidents de la République assassinés, Solange Béchir Gemayel et Nayla René Moawad ; la sœur d’un président du Conseil assassiné, Bahia Hariri ; la pupille politique adoptive du même, Ghenwa Jalloul ; l’épouse d’un leader emprisonné, Sethrida Samir Geagea ; une émira de Baabda-Aley dont la lignée a été écartée par la branche cadette (et par les tuteurs aidés de Joumblatt qui l’a sans doute regretté), Hayat Fayçal Arslane ; la fille d’un ancien ténor disparu de la Békaa-Ouest, Norma Adib Ferzli, dont l’héritage politique a également été capté par une branche cadette. Bref, toutes ces dames ont des références, glorieuses, bien familiales et masculines. La plupart d’entre elles restent d’ailleurs enferrées, par obligation morale élémentaire, dans la phraséologie, les slogans des grands disparus. Il est certes bon qu’elles tiennent toujours la flamme éclaireuse. Il est également bon qu’elles manifestent plus de compassion humaine, en général, que leurs pairs et qu’elles s’occupent plus volontiers de l’humanitaire comme du social. Mais il ne serait pas mauvais, surtout dans un pays où l’amateurisme est roi, qu’elles inoculent à leurs collègues ce sens inné, pédagogique, du sérieux, de la responsabilité. Qu’ont toutes les mamans. J. I.
Aragon, qui était lui-même un peu entre les deux, disait que la femme est l’avenir de l’homme. Mort. Politiquement mort.
En politique, d’ailleurs, le fonds de commerce de la femme orientale, c’est un proche, disparu. De la scène. Un père, un frère, un mari, un parrain. Mort de mort naturelle, assassiné, ostracisé, emprisonné. Ou, horresco referens, pendu comme Zulfikar Ali...