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Actualités - CHRONOLOGIE

Élections - Gebrane Bassil affirme qu’il lui était interdit de toucher aux candidats druzes Le message du Courant aouniste à l’opposition : une alliance à Baabda-Aley ou la confrontation partout

Gebrane Bassil est partout. Cet ingénieur de 34 ans fait du service pratiquement 24h sur 24, passant d’une chaîne télé à l’autre, alternant les rencontres avec les journalistes et les entretiens avec les partisans, sans oublier les rendez-vous politiques. Et à chaque fois, il réussit à s’exprimer clairement, sachant parfaitement ce qu’il veut. D’ailleurs, au domicile du général Michel Aoun, où il passe beaucoup de temps ces derniers jours, l’atmosphère est au soulagement. Le flot des visiteurs est toujours ininterrompu, mais il n’y a plus le stress de prendre la moindre initiative qui pourrait compromettre l’issue des négociations. Désormais, la situation s’est clarifiée et le sentiment général chez les partisans de Michel Aoun, c’est que même si la bataille s’annonce dure depuis l’échec des négociations avec Walid Joumblatt, le Courant aura au moins gagné en crédibilité ce qu’il perdra peut-être en sièges parlementaires. Les sympathisants semblent comme soulagés d’un grand poids et à Rabieh, les listes se font et se défont en permanence. Les jeunes qui se pressent dans le jardin de la villa sont remontés à bloc, prêts à se dévouer pour faire avancer leurs idées, heureux de dire que grâce au général, les élections seront plus démocratiques. Selon Gebrane Bassil, qui a participé de bout en bout aux négociations, il y avait pourtant chez les autres une volonté réelle d’aboutir à un accord « qui aurait montré toutefois le véritable poids du Courant aouniste et son identité confessionnelle ». De leur côté, les aounistes voulaient croire à la volonté d’aboutir à un accord politique d’abord pour assurer la stabilité au Liban et ensuite par fidélité à l’esprit du 14 mars. Mais au fond d’eux-mêmes, ils n’avaient pas grande confiance dans l’issue des négociations, « surtout, affirme Bassil, après les expériences peu encourageantes que nous avons eues avec ces mêmes courants, qui ont toujours refusé de s’engager dans un programme de réformes. Finalement, ils ont brandi des titres, sans jamais vouloir préciser un mécanisme d’action ». « La liste est déjà prête, qui pouvons-nous enlever ? »… Au fur et à mesure que les discussions se multipliaient, la partie aouniste commençait à être convaincue que les autres ne voulaient pas vraiment aboutir à un accord, cherchant surtout à gagner du temps pour mettre le général en difficulté. « Ils donnaient leur accord sur un point puis changeaient d’avis le lendemain, précise Gebrane Bassil. En fait, toute la démarche était mal partie. Dès le départ, ils nous faisaient comprendre qu’ils avaient leur liste déjà prête, se demandant qui ils pourraient enlever pour nous donner des places. Mais le pire, c’était lorsque nous avons voulu participer au choix des candidats druzes. L’un des négociateurs nous a déclaré : “Nous sommes prêts à mener une nouvelle guerre civile, mais nous n’accepterons pas que l’on touche aux candidats druzes”. Le principe même était rejeté, nous n’avons même pas eu la possibilité d’entrer dans les détails des noms. » Bassil reconnaît que le général n’a certes pas une culture du compromis, mais précise que tout ce qu’on était en train de lui proposer, c’était de rester cantonné à la représentativité maronite. « Ce qui a fait échouer les négociations, c’est en fait la multiplicité des visas d’entrée exigés d’emblée. Il fallait d’abord un visa confessionnel, puis celui du leader traditionnel, et ensuite ceux des partis existants, bref on n’en finissait plus. Nous autres, nous avions proposé de faire des sondages et que les meilleurs soient pris sur les listes. » Mais selon Bassil, « les autres » ont sans doute eu peur, car la présence du général mettait en danger certains de leurs candidats. Bassil affirme qu’avant même le retour du général à Beyrouth, les tentatives de l’encercler pour l’étouffer avaient commencé. L’opposition a ainsi refusé de participer à l’accueil qui lui a été réservé place des Martyrs. « Nous avions demandé une réunion du comité de suivi ou même avec les membres de l’opposition, pour discuter d’un programme commun dès le retour du général, rien n’a été fait. Ils n’ont même pas demandé à leurs partisans de participer à l’accueil populaire. Pourtant celui-ci a été gigantesque. Ce qui les a encore plus effrayés. » Gebrane Bassil révèle aujourd’hui qu’il a eu plusieurs discussions épiques avec certains membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, depuis le 14 mars, au sujet de la loi de 2000, que ceux-là jugeaient acceptable, et au sujet du retour du général qu’ils souhaitaient après les élections. Selon lui, des ambassadeurs occidentaux auraient même laissé entendre qu’un accord serait préférable. « Mais ils savent que nous n’avons pas un esprit de bazar, précise Bassil. De toute façon, ces élections ne servent pas le projet démocratique des États-Unis pour la région. » Il comprend certes les appréhensions des Américains qui craignaient qu’un report des élections ne permette à la Syrie de chercher à modifier la donne, mais il ne comprend pas pourquoi l’opposition s’est empressée de se raccrocher à la loi 2000. « La réconciliation, c’est aussi la participation aux décisions » Évoquant la situation dans la circonscription de Baabda-Aley, Gebrane Bassil affirme que la réconciliation dans la Montagne ne peut se consolider qu’à travers la participation de tous à la décision. « Il n’est pas question d’accepter l’hégémonie d’une partie sur les autres. La décision politique doit se faire dans le respect de chacune des forces en présence. À certains moments, je trouvais que les négociations prenaient un tour humiliant, comme si on nous faisait la charité de nous céder un ou deux sièges. On ne peut pas prétendre vouloir entamer une nouvelle page et aspirer au changement en utilisant des méthodes hégémoniques et en exigeant des autres le suivisme total. Or aujourd’hui, les mêmes méthodes qu’avant sont utilisées pour former les listes électorales. » Le Courant aouniste invite aujourd’hui les Forces libanaises, la base Kataëb et Kornet Chehwane à une alliance à Baabda-Aley. « Si ces parties refusent, cela se répercutera sur toutes les autres circonscriptions », affirme Gebrane Bassil qui insiste : « Si le président Amine Gemayel est contre nous à Baabda-Aley, cela signifie qu’il sera contre nous au Metn. » Bassil laisse pourtant entendre que rien n’est encore définitivement joué. Le Courant aouniste n’exclut pas ainsi la possibilité de présenter un candidat au Chouf. Et au Nord, il mènera la bataille jusqu’au bout. Selon lui, au cours des négociations, un bloc de plus de douze députés avait été proposé au Courant aouniste. Mais celui-ci préfère avoir beaucoup moins de députés et rester fidèle à ses principes. « Nous ne ferons pas de compromis sur notre programme de changement, déclare Bassil. Mais le problème avec les autres c’est qu’ils refusent de s’engager dans ce sens. » Le jeune homme ajoute avec philosophie : « Nous étions l’opposition en 1990. Nous le sommes encore en 2005 et nous le serons encore en 2006. Alors que Joumblatt et le courant Hariri seront au pouvoir après les élections. Nous verrons alors comment Joumblatt se comportera lorsqu’on lui demandera d’appliquer la 1559… Nous autres, nous continuerons à nous battre contre la corruption, à demander des comptes sur les 40 milliards de dollars de dette publique, sur la situation de l’EDL, sur le CDR, sur le surplus de fonctionnaires, etc. C’est cela notre vraie bataille. Nous voulons consolider la tendance réformiste et cela ne peut malheureusement se faire qu’à travers une confrontation. Comme lors de la bataille de la libération, cela prendra du temps et nous commencerons d’abord seuls, mais je suis sûr que pour remporter cette bataille, nous n’aurons pas à attendre 15 ans… » Scarlett HADDAD
Gebrane Bassil est partout. Cet ingénieur de 34 ans fait du service pratiquement 24h sur 24, passant d’une chaîne télé à l’autre, alternant les rencontres avec les journalistes et les entretiens avec les partisans, sans oublier les rendez-vous politiques. Et à chaque fois, il réussit à s’exprimer clairement, sachant parfaitement ce qu’il veut. D’ailleurs, au domicile du...