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Le montage des alliances, une opération complexe et délicate

Maintenant que les ponts sont rompus avec les joumblattistes et les haririens, Michel Aoun et ses assistants s’attellent à monter des alliances dans diverses régions. Une opération qui n’est pas de tout repos. Car il faut prendre en compte plusieurs paramètres, parfois contradictoires, en gardant en vue la nécessité de ne pas muer en conflit politique durable les clivages électoraux. On sait en effet que nombre d’instances locales, mais aussi de diplomates, ont vivement conseillé l’entente électorale générale entre les parties prenantes du 14 mars. Cela n’a pas été possible. Mais ces sources souhaitent qu’il y ait des retrouvailles après les élections. Pour qu’encore une fois tout le monde ne brandisse, en définitive, que le drapeau libanais, comme au 14 mars. C’est-à-dire pour que tout le monde travaille la main dans la main au changement. Pour les aounistes, une première difficulté : tenir compte du plus large éventail politique possible. Ils soutiennent en effet, c’est un de leurs slogans de l’heure, qu’ils ne veulent pas faire aux autres ce qu’ils refusent qu’on leur fasse à eux-mêmes. Et que, dès lors, chacun doit avoir sa part dans les listes communes tissées sans les joumblattistes et les haririens. Le général, indiquent ses proches, est prêt à faire preuve de modestie, à réduire son propre volume, pour favoriser des alliances à caractère bien plus politique longue durée que ponctuelle. Mais les aounistes se hâtent de préciser que nul ne devrait songer à exploiter leur propension à donner pour rafler une part plus grosse qu’il ne mérite. En effet, certaines parties tentent de mettre à profit la situation de Aoun et le capital de son courant. Il s’agit notamment d’éléments qui se sont démarqués de Kornet Chehwane, des joumblattistes, des haririens et de l’axe quadripartite. Pour tenter d’agrandir leur part électorale en présentant des candidats dans toutes les régions. Mais les aounistes soutiennent que ces pôles se montrent trop ambitieux et veulent se donner une dimension nationale qu’objectivement ils n’ont pas. Le général et certains cadres du Courant ont dès lors appelé les leaderships concernés à aborder le tableau électoral avec réalisme, en base des données réelles qui prévalent sur le terrain. Soulignant qu’autrement, les intéressés risquent de se casser le nez, en tombant de haut. Le fond Aoun tient surtout à des ententes sur base de constantes politiques. Qui se résument comme suit : – Un programme d’avenir. Les parties abordées durant les précédentes négociations ont approuvé à ce propos les vues du général. Mais seulement verbalement. – Le respect des principes démocratiques même, et surtout, dans la bataille électorale. Ce qui signifie que nul ne doit saisir l’occasion pour marginaliser ou exclure autrui. Nul ne doit chercher à imposer une quelconque hégémonie, un quelconque monopole de fait. Reproche qui s’adresse directement, et ouvertement, au tandem Joumblatt-Hariri. – Dans le même esprit général, la bataille électorale doit garder un caractère national expurgé de pulsions confessionnelles ou personnelles. Ce qui doit se traduire à travers la sélection même des candidats. – La répartition des strapontins doit s’effectuer autour d’une table ronde axée sur une vision politique commune. Tout le monde doit participer à la composition des listes unifiées. Personne ne doit les composer tout seul, en se contentant de laisser des sièges à telle ou telle autre partie, sans la consulter sur l’ensemble. Selon les aounistes, c’est notamment parce que ce principe de partenariat général effectif n’a pas été respecté que les pourparlers avec les joumblattistes ont achoppé. Les aounistes ajoutent que leurs vis-à-vis ont inversé l’ordre de marche, en commençant par la répartition des sièges, plutôt que par les principes de base, dans un marchandage à caractère régional et confessionnel plutôt que politique. – À partir de cette expérience, les aounistes veulent que les tractations engagées maintenant pour les alliances électorales sous-tendent un accord politique à long terme. Talal Arslane s’est engagé pour sa part dans cette voie. Si d’autres suivent, Aoun pourra disposer d’un bloc parlementaire compact, formé de ses propres militants comme d’alliés sûrs. En pratique, ce souci de cohésion autour d’un programme politique général rend difficile l’entente avec la Rencontre de Kornet Chehwane au Metn et dans le Kesrouan-Jbeil. Car l’approche aouniste signifie qu’on ne peut s’accorder dans une région et rivaliser dans une autre. Or des membres de la Rencontre se sont déjà rangés aux côtés du couple Joumblatt-Hariri dans des circonscriptions déterminées, contre les aounistes. Ainsi, le général, disent ses proches, ne trouve pas logique de s’accorder, par exemple, avec le président Gemayel, avec Nassib Lahoud, avec Mansour el-Bone, avec Farès Souhaid au Metn comme au Kesrouan-Jbeil, pour avoir face à lui des candidats de ces pôles dans d’autres zones. Toujours en pratique, on risque d’avoir un nombre de trois listes au Mont-Liban, avec, dans chacune, des sièges laissés vacants, pour négocier éventuellement sous la table. – À signaler enfin qu’à Bint-Jbeil, mercredi, sayyed Hassan Nasrallah a cité son alliance avec Amal et avec les haririens, sans évoquer les joumblattistes. Alors qu’au même meeting, Joumblatt a parlé de son alliance avec le Hezb. Philippe ABI-AKL
Maintenant que les ponts sont rompus avec les joumblattistes et les haririens, Michel Aoun et ses assistants s’attellent à monter des alliances dans diverses régions. Une opération qui n’est pas de tout repos. Car il faut prendre en compte plusieurs paramètres, parfois contradictoires, en gardant en vue la nécessité de ne pas muer en conflit politique durable les clivages électoraux....