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Actualités - REPORTAGE

Le chef de la Commission internationale d’enquête sur l’assassinat de Hariri attendu à Beyrouth Mehlis « prêt à se rendre en Syrie » pour mener à bien sa mission

New York, de notre correspondante aux Nations unies Sylviane ZÉHIL M. Detlev Mehlis, chargé de la Commission internationale d’enquête sur l’assassinat de Hariri, a annoncé lors d’une conférence de presse tenue au Palais de Verre, à New York hier, son « départ mercredi (aujourd’hui) pour Beyrouth à la tête d’une petite équipe pour entamer son travail ». « Nous commencerons par passer en revue les preuves et les informations collectées par notre enquête préliminaire pour déterminer la meilleure manière d’effectuer le travail, a expliqué M. Mehlis. D’autres enquêteurs nous rejoindront très prochainement. La commission est indépendante. Elle travaillera de manière impartiale avec le plus haut niveau de professionnalisme. » M. Mehlis a aussi souligné que le gouvernement libanais a « promis de collaborer » pleinement avec les membres de cette commission. Il bénéficiera aussi de l’aide du peuple libanais. « Nous ferons de notre mieux pour identifier les auteurs, commanditaires, organisateurs et complices de ce terrible crime contre des personnes innocentes », a-t-il assuré. L’équipe sera basée au Liban pour assister les autorités libanaises dans leur enquête. Cette commission, comme l’a stipulé la résolution 1595, « aura trois mois, à partir du début de ses travaux, un délai éventuellement renouvelable, pour aboutir à une conclusion ». M. Mehlis a déclaré à L’Orient-Le Jour qu’il « était prêt à prolonger son séjour de six mois pour parachever sa tâche ». Il s’est dit aussi prêt à se « rendre en Syrie si cela est nécessaire pour établir les faits ». L’arrivée de M. Mehlis dans la région survient au lendemain de la publication du rapport de l’équipe de vérification de l’Onu jugé « satisfaisant » par Kofi Annan et par Terjé Roed-Larsen. M. Mehlis a, tout au long de la conférence de presse, refusé de répondre, « en tant que procureur et juge, à toute question hypothétique », insistant avant tout sur la nécessité de connaître les faits. « Une fois les faits connus, nous développerons ensuite notre stratégie », a-t-il indiqué, précisant que pour l’instant, « je me rends à Beyrouth pour pouvoir être en mesure de démarrer le travail ». À la question posée par L’Orient-Le Jour, de savoir quelles seraient les sanctions en cas de refus de coopérer avec la commission, M. Mehlis, qui parle parfaitement français, a souligné avec assurance que « personne ne refusera de coopérer. Je n’en vois pas la possibilité pour le moment ». Peut-il poser n’importe quelle question à n’importe quel individu ? « C’est ainsi que je l’entends », a-t-il répondu. Serait-il en mesure de faire comparaître des coupables qui se trouveraient en dehors du territoire libanais ? « Il y a des techniques relevant de la police et de la jurisprudence. Je ne voudrais pas entrer dans les détails de notre travail. J’aimerais d’abord me rendre sur place. J’aimerais en fait voir de mes yeux ce qui s’est passé. J’ai suivi jusqu’à présent tous les détails de cette opération. Mais, je ne me suis jamais rendu sur place. Je n’ai pas vu ce qui s’est passé. C’est là la première étape et ensuite nous verrons. Je demande que vous compreniez que je ne peux pas vraiment donner trop de détails pour le moment, mais je serai prêt à parler à la presse une fois au Liban. Je sens que le peuple libanais et la presse libanaise ont le droit de savoir ce que nous faisons. Et cela, bien sûr, dans les limites de notre enquête. Je pense que nous aurons un excellent contact avec la presse. » Prié de savoir combien d’enquêteurs internationaux seront mis en place, M. Mehlis a annoncé « que de nombreux pays, peut-être 30 à 40, y compris l’Allemagne, ont promis d’apporter leur aide ». « Mais nous sommes dans la phase préparatoire, a-t-il poursuivi. Je ne vais pas dévoiler le chiffre maintenant avant d’avoir mis en place la logistique de l’enquête. Il faut d’abord défricher le travail avant de déterminer le nombre de personnes nécessaires à cette opération. » En ce qui concerne le rapport de M. Fitzgerald qu’il a « évidemment lu, nous déterminerons plus tard comment l’inclure dans notre travail », a précisé le procureur Mehlis, notant que « la commission d’enquête est indépendante des autres commissions de l’Onu ». « À la différence de la commission de M. Fitzgerald qui a mené une enquête traditionnelle qui a évalué les faits dans un temps limité, nous allons mener une enquête classique d’investigation criminelle différente de l’enquête d’évaluation qui n’a pas nécessairement été complétée par M. Fitzgerald. » À la question de savoir si l’enquête pouvait aboutir à des résultats alors que des informations de presse avaient fait état d’une manipulation des preuves et de la scène du crime, le procureur Mehlis a voulu donner une opinion objective. « Dans un sens, vous avez certainement raison, mais j’ai en tête deux cas sur lesquels j’ai travaillé. Le premier, l’attentat à la bombe contre le consul français à Berlin, où il a fallu dix ans pour déférer les coupables devant la justice. Le deuxième est l’attentat contre la discothèque où il a également fallu dix ans pour arrêter les coupables. La première phase du travail est la plus importante. Mais nous devons attendre et voir. Je suis prudemment optimiste. J’aimerais être sur place, à Beyrouth, pour rassembler les faits, avoir plus d’informations sur ce que les autorités libanaises ont collecté avant de répondre à toutes ces questions spécifiques. » Concernant la nécessité de faire appel aux services de renseignements d’autres pays, M. Mehlis a précisé qu’il devra « voir si nous avons assez de faits pour mener à bien l’enquête, nous n’aurons peut-être pas besoin de ces services de renseignements ». Prié de savoir sous quelle juridiction la Commission d’enquête travaillera, M. Mehlis a souligné que « le but de l’enquête est de remettre les résultats aux Libanais. Nous suivrons donc le code pénal libanais ».

New York, de notre correspondante
aux Nations unies Sylviane ZÉHIL

M. Detlev Mehlis, chargé de la Commission internationale d’enquête sur l’assassinat de Hariri, a annoncé lors d’une conférence de presse tenue au Palais de Verre, à New York hier, son « départ mercredi (aujourd’hui) pour Beyrouth à la tête d’une petite équipe pour entamer son travail ». « Nous...