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Actualités

Billet Casser la voix

Vous pourrez dire ce que vous voudrez, mais vous ne me convaincrez jamais. Je me fiche du retour de celui qui a été accueilli en héros à son retour après une absolution soudaine. Je me fiche de savoir que l’autre va sortir de prison. Je me fiche de savoir si celui-là ou celle-là va être élu(e) ou pas, parce qu’on prend toujours les mêmes et on recommence. Je me suis tellement marrée ce 14 mars quand j’ai vu toute la populace dans la rue, croyant changer quelque chose au statu quo. Unité nationale ? Quelle chimère ! Je suis entourée de gens qui te demandent ton nom et puis tout de suite : « Et d’où tu viens ? » si ton nom n’est pas une indication suffisante de ton appartenance religieuse. Comme si on devait « appartenir » pour exister dans ce pays. Comme si être libanais comme ça, tout seul, ne suffit pas. Mais la politique, moi, je m’en fiche ! Ras-le-bol à la fin ! Je veux juste vivre dans un pays où les dirigeants ne s’occupent que de la terre de leurs ancêtres (qui ne leur appartient pas, mais qu’ils se doivent de bien gérer pour leurs descendants) et non de leurs poches, où la souveraineté, l’indépendance et l’unité nationale sont une réalité et non des slogans à la mode, où l’individu est respecté et ses droits jamais bafoués, où je serais fière d’y faire naître mes enfants. Jamais je n’oublierai la fuite éperdue vers les abris, les devoirs faits à la lueur des bougies, les nuits entières passées dans la salle de bains des voisins, le son effroyable des obus, l’inquiétude dans la voix des parents, la peur qui fait mal tellement elle ronge le ventre. Je n’avais que 11 ans en 1990, et je sursaute toujours au moindre bruit, je déteste les feux d’artifice. Ça me fait de la peine de voir ces jeunes d’aujourd’hui qui n’étaient même pas nés à l’époque descendre dans la rue et manifester pour des choses qu’ils ne sont pas à même de comprendre. C’est pas de leur faute, remarque. Y a personne pour leur expliquer, y a que des âmes « bienveillantes » qui les dirigent. Moi, j’adore mon pays, je trouve qu’il est le plus beau pays au monde. Moi, je n’ai pas attendu le 14 février 2005 pour m’en rendre compte. Moi, je l’aime et je le défends depuis toujours envers et contre tous. Moi, j’espère de tout cœur qu’on va le laisser vivre, ce petit pays qui est « une part du paradis » (dixit Wadih Safi). Et surtout, j’espère que l’histoire ne va jamais, jamais, jamais plus se répéter. Marilyn CHBEIR
Vous pourrez dire ce que vous voudrez, mais vous ne me convaincrez jamais. Je me fiche du retour de celui qui a été accueilli en héros à son retour après une absolution soudaine. Je me fiche de savoir que l’autre va sortir de prison. Je me fiche de savoir si celui-là ou celle-là va être élu(e) ou pas, parce qu’on prend toujours les mêmes et on recommence.
Je me suis tellement...