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Actualités - OPINION

La colombe de la paix

À Rami, l’amoureux de la liberté Je me trouvais justement là, dans ce pays qui occupe la plupart de mon temps. Souvenez-vous comme il faisait beau en ce jour des amoureux. Je me reposais de mes longues missions difficiles, voire impossibles. Je me sentais bien, malgré ma fatigue. Soudain, la folie des hommes me plongea dans l’horreur. Mon regard supportait avec peine les terribles images de souffrance et de peur. Cela ne s’arrêterait donc jamais ? Mon cœur saigne devant tant de désolation, tant de tristesse à venir, tant de mauvaise foi. Je ne pouvais plus quitter cette ville où je me sentais si bien quelques instants auparavant. Je ne pouvais quitter, je ne le pouvais pas et ne le voulais pas. Et la vie, plus forte toujours, m’a donné raison un mois plus tard. Comme des bourgeons sur un arbre fruitier, je voyais pousser de ravissantes fleurs rouges, vertes et blanches. En m’approchant, je distinguai leur nature. À ma surprise, ce que je voyais de haut était en fait des drapeaux libanais. Le cèdre, tel un roi splendide au milieu de sa cour, semblait plus beau, plus grand, plus majestueux. J’avais une nouvelle fois la preuve de ma raison d’être. La haine ne m’abattra jamais. Que de monde, mon Dieu, quelle foule impressionnante ! Quel miracle de voir tant de générations mêlées à tant de croyances. Assis sur un nuage, un jeune homme attira mon attention. Je m’approchai de lui intriguée par les ailes blanches sur son dos. – « Ange, pourquoi pleures-tu ? » Occupé à regarder la marée humaine, il ne m’a pas répondu de suite. Puis lentement, il s’est retourné vers moi, ses joues ruisselaient de larmes. – « Je ne suis pas un ange. Ces ailes, je les portais dans mon esprit depuis ma plus tendre enfance. Elles ont poussé depuis quelques jours, ce sont les ailes de la liberté. » – « Étais-tu emprisonné ? » – « Oui ! Je me suis si souvent heurté aux barreaux de l’injustice et de l’occupation. Mais je n’ai jamais perdu espoir. Je vivais pour voir enfin mon Liban libre. Je suis là à contempler tant de joie. Je ne veux pas sécher mes larmes, je veux qu’elles arrosent les branches flétries du cèdre. Mes proches et mes amis doivent sûrement regretter mon absence, je les ai quittés il y a un peu plus d’un an, mais tu peux leur dire, toi, que je suis plus heureux que jamais. Dis-leur que je ne les ai pas quittés, que j’ai l’impression de ressusciter. Il a fallu la perte d’un grand homme pour réaliser mon rêve. » – « Comment t’appelles-tu ? » – « Mon prénom sonne comme deux notes, je suis Rami. » Depuis cette rencontre, je survole inlassablement ce pays qui respire enfin un vrai air de liberté. Petit rameau d’olivier, mon compagnon de toujours, sens-tu les battements de mon cœur ? Je suis heureuse, heureuse et pleine d’espoir. Je suis l’amie de Rami et de tant d’autres. Je suis... la colombe de la paix. Léna NJEIM

À Rami, l’amoureux de la liberté

Je me trouvais justement là, dans ce pays qui occupe la plupart de mon temps. Souvenez-vous comme il faisait beau en ce jour des amoureux. Je me reposais de mes longues missions difficiles, voire impossibles. Je me sentais bien, malgré ma fatigue.
Soudain, la folie des hommes me plongea dans l’horreur. Mon regard supportait avec peine les terribles...