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Actualités

Avant qu’il ne soit trop tard

Samedi 14 mai 2005, il pleut à Paris. Fixant pensivement ma tasse de café turc dans mon petit appartement du 15e arrondissement, je réalise la double date anniversaire que représente ce jour. Du 14 février en passant par le 14 mars, que d’événements n’ont-ils pas secoué le Liban! Je prends donc ma plume pour remercier – je pense au nom de tous les expatriés – les personnes qui ont manifesté le 14 mars. En effet, merci. Un très grand merci à chacun du million de citoyens libanais qui s’est déplacé à la place des Martyrs pour montrer le vrai visage de la nation libanaise, loin des non-dits, des formules de politesse vides de sens et des grands discours de salon. Par votre spontanéité et sans le concours des politiciens, vous avez balayé toutes les phobies, vous avez secoué une opposition endormie et renvoyé chez eux les pêcheurs en eau trouble. Depuis le 14 mars 2005, l’unité nationale a cessé d’être un slogan pour devenir une image, et la plus belle qui soit. Aujourd’hui, deux mois après cette journée historique, je désire aussi envoyer un remerciement particulier à l’opposition. Merci, messieurs, d’avoir bloqué et presque brisé par vos dissensions internes un mouvement national qui promettait d’initier de vrais changements dans le pays. Je suis outré de voir une opposition parlementaire qui, pendant les quatre dernières années, a eu le mérite d’introduire dans l’hémicycle le débat sur la présence syrienne se déchirer et imploser à cause des intérêts électoraux de chacun. Merci d’offrir sur un plateau d’argent aux dirigeants arabes – Assad et Moubarak en tête – l’occasion d’affirmer haut et fort, et non sans une nette autosatisfaction, que les Libanais ne sont pas capables de se gouverner. La rue ne vous avait pas demandé votre soutien le 14 mars, mais vous aviez adopté son combat en son nom en faisant le serment – rappelez-vous – de tenir cet engagement jusqu’à la victoire. Messieurs, ce que le peuple avait réclamé en cette journée historique, au-delà du retrait syrien et de la vérité autour de la mort du président martyr, c’était l’établissement d’un système politique démocratique, transparent et durable. Existe-t-il aujourd’hui des mots pour décrire le sentiment des citoyens face à une opposition libanaise, touchée soudainement – elle que l’on croyait immunisée – par le syndrome de la politique de coulisses, si fréquent en période préélectorale ? Existe-t-il des mots pour qualifier l’étonnement des citoyens libanais qui assistent au retournement de veste des tombeurs du régime d’hier, devenus protecteurs du peuple aujourd’hui, profitant de la brèche qui leur a été ouverte par les divisions de l’opposition plurielle – peut-être trop plurielle? Il pleut toujours à Paris, et mon café s’est refroidi, mais le constat est glaçant. Les institutions libanaises ne sont pas en mesure de représenter la volonté du peuple et le seront encore moins sur la base de la loi inique de l’an 2000. Messieurs de l’opposition, hier vous aviez fait une promesse au peuple. De grâce, tenez-la aujourd’hui même, car au train où vont les choses, demain sera sans doute trop tard. Issam SARKIS Paris

Samedi 14 mai 2005, il pleut à Paris. Fixant pensivement ma tasse de café turc dans mon petit appartement du 15e arrondissement, je réalise la double date anniversaire que représente ce jour. Du 14 février en passant par le 14 mars, que d’événements n’ont-ils pas secoué le Liban!
Je prends donc ma plume pour remercier – je pense au nom de tous les expatriés – les personnes...